Un rianenc parmi les plus vieux anciens combattants français en 1931
En 1931, le Journal des mutilés et combattants se pose la question de savoir qui est le véritable doyen des anciens combattants en France. Le titre vient d'être attribué par certains journalistes, un peu rapidement, à un certain M. Victor Brun, âgé de 93 ans. Mais très vite, d'autres candidats se déclarent. Parmi eux, figure un vétéran originaire de Ria (aujourd'hui Ria-Sirach, près de Prades).
Le Journal des mutilés et combattants
31 mai 1931
Nos doyens
Nous avions bien raison d'écrire dans un écho récent l'existence probable d'anciens combattants qui sont les aînés de M. Brun, âgé de 95 ans. C'est ainsi que l'on signale M. Baptiste Taurinya, né en 1833 à Ria (Pyrénées-Orientales), ancien combattant de Crimée, blessé à Inkermann, pensionné de guerre et médaillé militaire.
Un de nos camarades nous indique de son côté son grand-oncle, M. Etienne Meynier, à Jallien (Isère), né en 1835, ancien combattant de la campagne d'Italie, médaillé militaire depuis le 1er janvier 1931 seulement.
Heureusement pour lui, M. Meynier a pu attendre.
31 mai 1931
Nos doyens
Nous avions bien raison d'écrire dans un écho récent l'existence probable d'anciens combattants qui sont les aînés de M. Brun, âgé de 95 ans. C'est ainsi que l'on signale M. Baptiste Taurinya, né en 1833 à Ria (Pyrénées-Orientales), ancien combattant de Crimée, blessé à Inkermann, pensionné de guerre et médaillé militaire.
Un de nos camarades nous indique de son côté son grand-oncle, M. Etienne Meynier, à Jallien (Isère), né en 1835, ancien combattant de la campagne d'Italie, médaillé militaire depuis le 1er janvier 1931 seulement.
Heureusement pour lui, M. Meynier a pu attendre.
Durant quelques jours, Baptiste Taurinya devient le nouveau doyen des anciens combattants. Né en 1833, il a donc approximativement 98 ans en 1931. La bataille d'Inkerman a lieu durant la guerre de Crimée le 5 novembre 1854 et oppose une coalition franco-britannique aux armées russes, qui seront vaincues. Les pertes ce jour-là furent relativement limitées du côté Français, en comparaison avec celles des Russes. Taurinya n'a alors que 21 ans lors de cette bataille. Venant d'un petit bourg rural (1000 habitants en 1851), il n'est pas garanti qu'il ait su s'exprimer correctement en français avant d'être enrôlé, le catalan ayant sûrement été sa langue maternelle. Ce fut sans doute également le cas des blessés que j'évoquais ailleurs concernant la campagne d'Italie en 1859.
Mais revenons à nos doyens. L'enquête se poursuit et de nouveaux candidats potentiels pour le titre suprême sont découverts. Un mois après l'article figurant ci-dessus, le palmarès semble établi. Deux centenaires viennent détrôner notre vétéran rianenc, qui se retrouve sur la troisième marche du podium.
Le Journal des mutilés et combattants
28 juin 1931
Qui est le doyen ?
Nous le pensions bien. L'attribution par de nombreux journaux du titre de doyen des anciens combattants à M. Victor Brun a fait surgir de nombreuses candidatures. A vrai dire, elles ne sont jamais personnelles, mais présentées par un proche du candidat. Ainsi y trouve-t-on, à côté d'une exceptionnelle et magnifique longévité, le plus joli témoignage d'affection filiale et familiale.
Tous leurs cadets s'associeront donc d'autant plus volontiers à ces témoignages qu'ils vont uniquement à des anciens combattants aux titres les plus certains. Et ils seront sans doute heureux d'en connaître une première liste, car nous ne doutons qu'il y aura d'autres compétiteurs vigoureux, c'est bien le cas de le dire, puisqu'il s'agit là de nonagénaires dont on se plaît à signaler l'excellente santé.
28 juin 1931
Qui est le doyen ?
Nous le pensions bien. L'attribution par de nombreux journaux du titre de doyen des anciens combattants à M. Victor Brun a fait surgir de nombreuses candidatures. A vrai dire, elles ne sont jamais personnelles, mais présentées par un proche du candidat. Ainsi y trouve-t-on, à côté d'une exceptionnelle et magnifique longévité, le plus joli témoignage d'affection filiale et familiale.
Tous leurs cadets s'associeront donc d'autant plus volontiers à ces témoignages qu'ils vont uniquement à des anciens combattants aux titres les plus certains. Et ils seront sans doute heureux d'en connaître une première liste, car nous ne doutons qu'il y aura d'autres compétiteurs vigoureux, c'est bien le cas de le dire, puisqu'il s'agit là de nonagénaires dont on se plaît à signaler l'excellente santé.
Les deux doyens |
M. Victor Brun, d'Avranches — à lui l'honneur — est né le 8 mars 1840. Blessé à Solférino le 24 juin 1859, il est amputé d'un bras. Malgré ses 91 ans, c'est presque un bleu.
Le général de Ferron, un ancien de Marignan et de Solférino voyait récemment célébrer ses 93 ans. M. Mathieu Boniface, de Lalindre, Dordogne, est né le 14 août 1837. Il aura bientôt 94 ans. C'est aussi un ancien de la campagne d'Italie avec le 71e R.L. MM. Romain Thorel, de Longueville-sur-Loire (S.-L.) et Etienne Meynier, de Gallien (Isère), deux anciens encore de la campagne d'Italie, sont nés en 1835. Ils prennent avec leurs 96 ans une sérieuse avance.
Mais voici M. Baptiste Taurinya, né à Ria (P.-O.) en 1833. Ancien combattant de Crimée, blessé à Inkermann, pensionné de guerre, 98 ans. Et encore un combattant de Crimée, M. André Castagnet, de Lagarde, près de Château-Salins. Il a 100 ans depuis le 11 juin dernier. Le 11 août 1914, à 82 ans, il se dévouait encore aux blessés des combats livrés devant et dans le village de Lagarde.
Cent ans ! Et vous pensez peut-être que c'est le doyen. Mais il y a encore — nous pensons bien qu'il vit toujours depuis l'article que nous publions l'an dernier à son sujet, il y a donc M. Antoine Bernardi, né à Ortiforio (Corse), le 22 mai 1831, combattant de Sébastopol, où il fut fait prisonnier. Et sans doute est-il aussi le doyen des A.P.G.
Personne jusqu'alors n'a ravi le titre de doyen à Antoine Bernardi.
Et à tous, nous souhaitons de rester le plus longtemps possible sur leurs positions respectives.
Mais nous faisons le voeu aussi que l'on n'oublie pas plus longtemps certains d'entre eux. Croirait-on que l'on vient tout juste d'accorder la médaille militaire à MM. Thorel et Meynier et que les deux doyens véritables, nos deux centenaires : André Castanet et Antoine Bernardi ne l'ont pas encore.
Et nous ne vous garantissons pas qu'ils ont tous la carte de combattant. En attendant, félicitons-les de donner aux jeunes l'exemple de la durée. Cela fera enrager le ministère des Finances.
Les éditions successives de ce périodique ne nous donnent pas de nouvelles sur ce que sont devenus tous ces valeureux vétérans. Peut-être quelqu'un sait-il à quel âge a disparu Baptiste Taurinya, voire même quelles furent la nature de ses blessures lors de la guerre de Crimée ? Peut-être a-t-il fini par obtenir le titre de doyen si ses deux aînés sont morts avant lui. Je n'ai rien retrouvé sur eux non plus.
Sources : Le Journal des mutilés et combattants [domaine public] (via Gallica, cf. liens)
Photos : Fabricio Cardenas
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