vendredi 30 mai 2014

Interdiction de danser à Trouillas en 1908

Les danseurs se rebellent et la situation dégénère

Vieux papiers des Pyrénées-Orientales
On devait sûrement faire autre chose que danser la sardane à Trouillas.
La danse semble avoir toujours tenu une place très importante dans la vie sociale des habitants des Pyrénées-Orientales, certains auteurs du XIXème siècle émettant même l'hypothèse que ceux-ci apprendraient à danser avant de savoir marcher. En effet, les observateurs de cette époque furent frappés de constater à quel point le moindre événement était l'occasion d'organiser des danses sans fin. On se demande donc ce qui a bien pu pousser le maire de Trouillas a prendre l'arrêté municipal décrit ci-dessous dans La Croix des 6 octobre et 7 octobre 1908.

La Croix, 6 octobre 1908

Pyrénées-Orientales.- Danse. Rixes. Coup de revolver.
A Trouillas, arrondissement de Perpignan, le maire, à la suite d'incidents, avait interdit les danses publiques.
En dépit de cet arrêté, une partie de la jeunesse du pays voulut danser. Les gendarmes, menaçant de dresser procès-verbal, des bousculades se produisirent, au cours desquelles un coup de revolver fut tiré par un gendarme, à ce qu'on croit. La balle atteignit un spectateur, un nommé Pierre Guitard, dont l'état serait assez grave.

La Croix, 7 octobre 1908

Pyrénées-Orientales.- Les bagarres de Trouillas.
Au cours des bagarres qui se sont produites à Trouillas, un second manifestant a été blessé, ainsi qu'un gendarme.
Le chiffre des victimes est donc porté à trois.

Source : Gallica
Photo : Par Alan Mayers (Flickr: Barcelona - Sardana 001) [CC-BY-SA-2.0 (http://creativecommons.org/licenses/by-sa/2.0)], via Wikimedia Commons



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jeudi 22 mai 2014

Accident malheureux du curé de Théza en 1900

Des dangers de la canne-fusil

C'est un curieux fait divers que l'on peut lire dans La Lanterne du 7 février 1900. On pourrait presque croire à un canular de par le nom de son principal protagoniste, l'abbé Cot, qui rappelle les noms parodiques de l'abbé Quille, de la mère Cédés ou du père Iscope, et de par la nature de l'accident qui est narré.

Théza est en 1900 une petite commune de 427 habitants (elle en compte plus du triple aujourd'hui), située au sud-est de la ville de Perpignan avec laquelle elle est limitrophe par un quadripoint, également partagé par Villeneuve-de-la-Raho et Saleilles (à l'époque Cabestany puisque Saleilles ne reprend son indépendance qu'en 1923). Elle possède une église dédiée à Saint-Pierre et construite au 19ème siècle.

Vieux papiers des Pyrénées-Orientales
L'église Saint-Pierre à Théza
LE DOIGT DE DIEU

Perpignan, 5 février. — Ça continue ! Le père Eternel devient de plus en plus aveugle, c'est une véritable plaie qui s'abat sur ses ministres et fidèles serviteurs.
L'abbé Cot, curé à Théza, près de Perpignan, âgé de 40 ans, s'est blessé grièvement dans des conditions particulièrement curieuses :
Portant à la main une canne-fusil, il causait avec son maçon, lorsqu'il s'arrêta pour compléter sa démonstration par des figures géométriques qu'il traça sur le sol avec la dite canne-fusil chargée de plomb. Brusquement, la tige servant d'arrêt s'étant dégagée à la suite du frottement, le coup partit et la charge atteignit l'abbé Cot en plein ventre.
Le blessé fut conduit chez lui. Le côlon était perforé. Une péritonite ne tarda pas à se déclarer ; l'état de l'abbé Cot est absolument désespéré.

On retrouve la même information dans l'Ouest-Éclair du 5 février 1900, avec une petite variante de nom, on nous parle de l'abbé Cote, et l'on apprend en plus que le blessé eut le courage d'arriver jusque chez lui en arrêtant avec sa main une abondante hémorragie. Le pronostic est le même.

Je n'ai pas su retrouver pour l'instant ce qu'il advint de ce malheureux curé. Peut-être quelqu'un le sait-il ? Quoi qu'il en soit, on se rend compte en passant en revue la presse du 19ème siècle que les accidents dus à des cannes-fusils sont légion. C'est également avec une arme de cette nature que Louis Alibaud tenta d'assassiner le roi Louis-Philippe en 1836, tout en le manquant alors qu'il était tout près. De nos jours les cannes ont disparu, et les cannes-fusils et les cannes-épées avec...

Modèle de canne-fusil en 1891

Sources : Gallica + info sourcées de Wikipédia (cf. liens)
Photos : Fabricio Cardenas (église) [CC-BY-SA] et Gallica (canne-fusil) [Domaine public].


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mercredi 7 mai 2014

Une taxe sur les chiens à Perpignan, 1876

De un à cinq francs par chien à Perpignan

En temps de crise, toutes les sources de revenus sont utiles. Pourquoi ne pas remettre une taxe sur les chiens telle que l'avait votée la municipalité de Perpignan et applicable à partir de 1876 ? Il n'est pas dit qu'il soit des plus facile de contrôler le nombre réel de chiens, malgré tout, ni que cette mesure soit très populaire.

Il vous en coutera 5 francs le toutou
CHIENS, TAXE MUNICIPALE, PERPIGNAN.
DÉCRET qui fixe la Taxe municipale à percevoir sur les Chiens dans la ville de Perpignan — (Bull, off. 283, n. 4864).
(13 octobre 1875).

LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE,—
Sur le rapport du vice-président du Conseil, ministre de l'intérieur ; —Vu la loi du 2 mai 4855 (3);  — Vu la délibération du conseil municipal de Perpignan (Pyrénées-Orientales), en date du 13 nov. 1874 ; — Vu l'avis du conseil général et celui du préfet; — Le Conseil d'Etat entendu,— Décrète :

ART. 1er. La taxe municipale à percevoir sur les chiens, à partir du 1er janvier 1876, dans la ville de Perpignan (Pyrénées-Orientales) est fixée ainsi qu'il suit:
A cinq francs pour les chiens d'agrément ou servant à la chasse,
A un franc pour les chiens de.garde.
2. Le ministre de l'intérieur, etc.

Note : Le maire de Perpignan au moment du vote en 1874 est Joseph Tournal, que tout le monde semble avoir un peu oublié de nos jours.

Source : Recueil général des lois et des arrêts : en matière civile, criminelle, commerciale et de droit public, 1876, via Gallica
Photo : Par Heike Andres (Travail personnel) [CC-BY-SA-3.0-de (http://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/de/deed.en)], via Wikimedia Commons


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dimanche 4 mai 2014

Perpignan-Bruxelles par pigeon-express

Des pigeons pour remplacer le télégraphe

Vieux papiers des Pyrénées-Orientales
Pigeon voyageur équipé (1908)
Après la chute de l'Empire face aux Prussiens le 4 septembre 1870, Napoléon III est fait prisonnier. Se constitue alors à Paris un Gouvernement de défense nationale, où l'on retrouve notamment Emmanuel Arago, fils du célèbre François Arago, en tant que ministre de la justice. La guerre continue et dès le 18 septembre commence le siège de Paris, tandis que le lendemain est coupée la dernière ligne télégraphique reliant la capitale au reste du monde. Comment faire circuler l'information ?

La Lettre-journal de Paris du 21 décembre 1870 nous donne un exemple de solution rapide et discrète pour communiquer entre Perpignan et Bruxelles en à peine dix heures.

Samedi, 17 décembre.
Les Pigeons-voyageurs. 
M. Fumal-Deligny, ancien secrétaire de la Société colombophile des Unionistes à Bruxelles, vient d'adresser au journal Le Temps une lettre qui contient de très curieux détails sur nos messagers ailés, la rapidité de leur vol est prodigieuse : lâchés le matin à Perpignan, à six heures précises, les premiers arrivent à Bruxelles, entre quatre et cinq heures du soir. Les obstacles qui les arrêtent le plus sont la pluie, le vent contraire, l'oiseau de, proie, mais surtout et avant tout le brouillard : c'est ce qui explique pourquoi il ne nous en était pas arrivé ces jours derniers. Les pigeons-voyageurs, étant des oiseaux du nord, suivent difficilement la direction du midi. Il est donc à désirer que l'endroit d'où seront lâchés les pigeons de la Délégation soit en même temps le plus proche possible de Paris, et au sud de la capitale.

Les pigeons voyageurs ont joué un rôle important durant la guerre de 1870, d'autant que c'est à cette occasion que fut inventé le microfilm, permettant alors à un pigeon de transporter jusqu'à 15000 messages en un seul voyage vers Paris.

Sans rapport avec Perpignan, une brève du même journal m'a tout de même parue intéressante afin d'illustrer les dures conditions de vie à Paris durant le conflit. La famine commence à s'installer et le gouverneur de Paris vient de réquisitionner les chevaux pour les manger depuis le 16 décembre. Cinq jours plus tard, on signale une température de -14°C.

Dimanche, 18 décembre.

Les Boucheries en décembre 1870.
Nos absents sont partis de Paris avec la conviction qu'une boucherie était un endroit où l'on vendait du boeuf, du veau et du mouton. Il y a trois mois encore nous partagions avec eux cette opinion ; mais depuis lors nous avons changé cela. Une boucherie est actuellement une boutique, surmontée d'une enseigne en toile portant pompeusement ces mots : BOUCHERIE MUNICIPALE, où l'on débite de tout (morue, harengs, riz, pois chiches, noix sèches), et parfois-de la viande.... de cheval, et où l'on fait queue très longtemps pour en rapporter très-peu de chose.
[...]

Source : Gallica
Photo : Auteur inconnu. Homing pigeon belonging to Bernhard Flöring, Barmen, Germany.Hans Adler, 1908 (Wikimedia Commons, Public Domain)




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