vendredi 28 mars 2014

Plan de Prats-de-Mollo en 1744

Détail de Prats-de-Mollo et du fort Lagarde en 1744

Admirons un plan détaillé de Prats-de-Mollo réalisé en 1744 par l'ingénieur Pierre-Louis du Haultemps des Bordes de La Maunerie. On peut y voir le fort Lagarde à gauche et Prats-de-Mollo à droite, bordée par le Tech. La légende du plan indique Plan de Prats de Moüillou.

[cliquer sur le plan pour l'agrandir]

Vieux papiers des Pyrénées-Orientales
Plan de Prats de Moüillou

Les différents bâtiments indiqués concernant Prats-de-Mollo intra-muros sont les suivants :
A : Grande église
B : Magasin à poudre contre l'église
C : Maison des ingénieurs
D : Chapelle de Ste Juste
E : Hopital des trouppes & du Roy
F : Moulin de la ville
(à l'extérieur des murs, près de la Porte d'Espagne)

Note : Pierre-Louis du Haultemps des Bordes de La Maunerie (1689-1766) est un ingénieur militaire qui participa notamment à plusieurs campagnes d'Italie, menées sous Louis XIV et Louis XV. D'abord affecté en 1715 à Briançon, il est nommé ingénieur en chef de Prats-de-Mollo en 1736, puis pour Collioure et Port-Vendres en 1756 et enfin à Perpignan en 1757.


Sources :
* Plan : Gallica
* Biographie : data.bnf.fr

Note : Article du 28 mars 2014, augmenté le 5 juillet 2016.




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jeudi 27 mars 2014

Arrestation d'un général espagnol à Laroque-des-Albères, 3 juin 1829

Des rebelles espagnols se cachaient dans les Albères


Vieux papiers des Pyrénées-Orientales
Francisco Milans del Bosch
Le journal L'Ami de la religion et du Roi, paru à Paris à des fréquences diverses de 1814 à 1862, a le mérite d'avoir un titre explicite. On y discute donc beaucoup de religion et de toutes les monarchies régnantes en Europe. En 1829, le titre paraît deux fois par semaine. On y trouve la petite brève suivante.

L'Ami de la religion et du Roi,  17 juin 1829

Des Espagnols ont été surpris et arrêtés, le 3 de ce mois, dans une grange située au pied de la montagne des Albères, près de la commune de Laroque, la plus voisine de l'Espagne. Ils étoient au nombre de sept, armés de fusils et de pistolets. Parmi eux se trouvoit le général Milans, que l'on croyoit toujours à Montpellier. On savoit que quelques mouvemens d'insurrection s'étoient manifestés sur les frontières de la Catalogne, et les autorités françaises avoient pris toutes leurs mesures mais l'arrestation du général Milans est une mesure qui révolte tous les journaux du parti.

Le général arrêté à Laroque-des-Albères est Francisco Milans del Bosch (1769-1834). Libéral et franc-maçon, il dut s'exiler à plusieurs reprises en France après diverses tentatives ratées de soulèvement contre le règne absolutiste du roi d'Espagne Ferdinand VII.

On trouve dans le même numéro, une page plus loin,  une autre information qui démontre que la vie ne devait pas être amusante tous les jours sous Ferdinand VII :

Tous les théâtres sont fermés pour trois mois, en Espagne, à cause de la mort de la Reine.

Concernant le général Milans, le contretemps de Laroque-des-Albères ne l'empêche pas de revenir l'année suivante en Empordà pour participer à une nouvelle insurrection, également avortée. Il meurt en 1834 dans sa ville natale de Sant Vicenç de Montalt, près de Barcelone.

Source : Gallica
Illustration : Anonyme, XIXe s. [domaine public]


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dimanche 23 mars 2014

Annulation des élections de 1858 du canton de Céret

Des élections contestées en raison d'événements agités dans le canton de Céret

Vieux papiers des Pyrénées-Orientales

Les élections cantonales semblent avoir été agitées dans le canton de Céret en 1858. Le maire de Céret est destitué, des bulletins sont brûlés pour vote avant l'heure à Las Illas, on condamne des gens un peu partout, et la sous-préfecture soutient son candidat officiel. L'élection est contestée et finalement annulée l'année suivante ainsi que l'explique l'arrêt du Conseil d'État daté du 24 mai 1859. Toutes les circonstances y sont expliquées, faisant ainsi que ce texte à première vue un peu aride mérite d'être lu jusqu'au bout.

Note : Jean Fortagut devient président du Conseil municipal (pas de maire à ce moment là précis) en 1850 puis maire en 1851. Révoqué en 1856, il semble avoir retrouvé sa place puisque c'est lui qui préside les élections à Céret en 1858. Il est remplacé en 1860 par Henri Latouche.

Recueil des arrêts du Conseil d'État, 24 mai 1859

ÉLECTIONS DÉPARTEMENTALES. — CONSEIL GÉNÉRAL. — MAIRE PRÉSIDENT DE
COLLÈGE ÉLECTORAL.— ARRÊTÉ DE SUSPENSION. — LIBERTÉ DES VOTES.
La liberté des votes n'ayant pas été suffisamment garantie, les opérations
électorales sont annulées (1).
(29,755. - 24 mai. El. de Céret. - MM. David, rap.;.Leviez, c. du g.; de Saint-Malo, av.)

Vu LA REQUÊTE présentée par le sieur Fortagut, ancien maire de Céret,... tendant à ce qu'il nous plaise annuler—un arrêté du 28 juin 1858, par lequel le cons. de préf. des Pyrénées-Orientales a rejeté la protestation qu'il avait faite contre les opérations électorales qui ont eu lieu les 12 et 13 juin précédents, dans le canton de Céret, pour la nomination d'un membre du conseil général; — Ce faisant, annuler lesdites opérations, attendu que le sieur Fortagut, qui se présentait comme candidat pour le conseil général et qui avait présidé le 12 juin, en sa qualité de maire de Céret, l'assemblée électorale de cette ville, aurait été suspendu dans la soirée de ses fonctions de maire par un arrêté du préfet fondé uniquement sur la conduite tenue par le sieur Fortagut comme président de l'assemblée électorale, et que cet arrêté porté, dans la matinée du lendemain, à la connaissance des différentes communes du canton, par l'administration qui était jusque-là restée neutre entre les deux candidats, aurait eu pour effet de reporter sur le sieur Vilar, concurrent du sieur Fortagut, un grand nombre de voix précédemment acquises à ce dernier, et de changer ainsi le résultat de l'élection ;
Vu la protestation présentée, le 18 juin 1858, par le sieur Fortagut et par 5 autres électeurs du canton de Céret contre l'élection du sieur Vilar (Courret-Jacques) comme membre du conseil général;
Vu... (défense du candidat élu) ;
Vu les observ. de notre Min. de l'int.;...
Vu l'arrêté du 12 juin 1858, par lequel le préfet des Pyrénées-Orientales a suspendu le sieur Fortagut de ses fonctions de maire de Céret à raison de la conduite qu'il avait tenue comme président de l'assemblée électorale de cette ville ;...
Vu le certificat du 20 juin 1858, par lequel le maire de la com. de Boulou fait connaître que, le 15 juin 1858, avant l'ouverture des opérations électorales, il a fait afficher en quatre exemplaires et à des lieux apparents la dépêche qu'il avait reçue de la sous-préfecture et qui leur annonçait la suspension du sieur Fortagut de ses fonctions de maire de Céret ;
Vu le certificat du 22 juin 1858, par lequel les membres du bureau de l'assemblée électorale de Las-Illes font connaître que, le 15 juin 1858, peu de temps après l'ouverture du scrutin, les sieurs Joseph Comes et Jean Justafré, de Céret, sont venus remettre au maire une lettre du sous-préfet qui lui annonçait que le sieur Vilar était le candidat de l'administration, et lui ont fait remarquer qu'il avait fait commencer les opérations électorales avant l'heure fixée pour l'ouverture du scrutin ; que, sur cette observation, le maire de Las-Illes a retiré de l'urne les 15 bulletins qui y avaient été déposés, les a brûlés sans les ouvrir et a fait recommencer les opérations électorales ;
Vu le jugement du 10 juillet 1854, par lequel le tribunal de police correctionnelle de l'arrond. de Céret a condamné à huit jours d'emprisonnement et à 100 fr. d'amende le sieur Antoine Fite, membre du bureau de l'assemblée électorale de la com. de Saint-Jean-Pla-de-Cors, pour avoir, le 15 juin 1854, par voies de fait et violences, influencé les votes ; — Vu l'arrêt du 25 août 1858,
par lequel la Cour impériale de Montpellier a annulé le jugement susvisé du tribunal de Céret et a relaxé Antoine Fite de la plainte portée contre lui ;
Vu le jugement du 13 nov. 1858, par lequel le tribunal de police correctionnelle de l'arrond. de Perpignan a relaxé les sieurs Fortagut, Potau, Delmas et de Sirieix des poursuites dirigées contre eux comme ayant, le 12 juin 1858, dansla ville de Céret, soit à l'intérieur, soit à l'extérieur de la salle, où il était procédé à l'élection d'un membre du conseil général, par des clameurs ou des démonstrations menaçantes, troublé les opérations électorales et porté atteinte à l'exercice du droit électoral et à la liberté du vote; — Vu l'arrêt du 14 déc. 1858, par lequel la Cour impériale de Montpellier a confirmé le jugement susvisé du tribunal de Perpignan ;
Vu la loi du 22 juin 1833, art. 36 et 37 ; le décret du 2 fév. 1852, art. 11 et 13; la loi du 7 juillet 1852, art. 5, et la loi du 5 mai 1855, art. 2 et 50 ;
CONSIDÉRANT qu'il résulte de l'instruction que, dans les circonstances où il a été procédé à l'élection d'un membre du conseil général pour le canton de Céret, la liberté des votes n'a pas été suffisamment garantie ; que, dès lors, il y a lieu de déclarer nulles les opérations des 12 et 15 juin 1858 ;

Art. 1er. L'arrêté du cons. de préf. des Pyrénées-Orientales, du 28 juin 1858, est annulé.— Art. 2. Les opérations électorales qui ont eu lieu les 12 et 13 juin 1858, dans le canton de Céret, pour la nomination d'un membre du conseil général, sont annulées.


(1) M. le commissaire du gouvernement a déclaré que les griefs articulés lui paraissaient graves. Le préfet avait le droit de suspendre le maire et même de publier l'arrêté de suspension. Mais ce qui est regrettable, c'est l'intervention du préfet ou du sous-préfet dans le collège électoral pour y donner des ordres. La liberté du président doit toujours être respectée. Or, il n'est pas douteux que ce principe a été méconnu ici par les représentants de l'autorité supérieure. —
M. le commissaire du gouvernement conclut à l'annulation.


Source : Gallica
Photo : Fabricio Cardenas [CC-CY-SA]

Suivez les liens pour retrouver toutes les histoires en rapport avec Céret et le Vallespir.
Tous les articles de ce blog sur le thème des élections sont à relire ici.



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jeudi 20 mars 2014

La prison du Castillet, 1892

Un monument historique d'où les prisonniers s'évadent

Vieux papiers des Pyrénées-Orientales
Le Castillet (date incertaine), avec les remparts sur le pont
Classé monument historique en 1889, le Castillet de Perpignan continuait pourtant à servir de prison. Cherchant à démolir l'ensemble des remparts qui emprisonnent la ville, la mairie souhaite depuis longtemps les racheter à l'Etat. En 1892, la population s'impatiente et on pense que les négociations vont aboutir, ainsi que le relate l'article qui suit daté de 1892. Mais il faut attendre 1904 pour que la vente se concrétise.


Article paru dans le Bulletin monumental de la Société française pour la conservation et la description des monuments historiques, 1892 (via Le Temps).

Le Castillet à Perpignan -- Le ministère de la guerre va, dit-on, désaffecter la grande prison militaire du Castillet de Perpignan.
Le Castillet, classé comme monument historique, est une grande forteresse en briques rouges, du style mauresque, construite au quinzième siècle par les rois de Majorque. Ce château-fort servait depuis très longtemps de prison militaire et de dépôt pour les soldats condamnés par les conseils de guerre et se rendant ou venant d'Algérie par Port-Vendres. Depuis quelques années, de nombreuses évasions s'étaient produites au Castillet, très mal aménagé intérieurement pour servir de prison. Il y a quelques mois, six prisonniers s'évadèrent ensemble, la même nuit, à la barbe des sentinelles.
Désormais les prisonniers militaires, envoyés en Algérie ou qui en reviendront par Port-Vendres, seront internés dans la citadelle de Collioure, située à très peu de distance de Port-Vendres. Le département des Pyrénées-Orientales et la ville de Perpignan seraient, parait-il, disposés à acquérir le Castillet pour installer les archives départementales et un musée régional.

(Le Temps, 28 octobre 1892).


Source : Gallica (cf. lien)
Photo : Eugène Trutat (1840-1910) via Rosalis
Note : cette photo est issue d'une plaque de verre, reproduite telle quelle, donc à l'envers.


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lundi 10 mars 2014

Bolquère, le 24 juin 1815

Changement de maire à Bolquère en 1815

Vieux papiers des Pyrénées-Orientales

Retranscription pour la mairie de Bolquère (orthographe et accentuation fidèles au document).

Mairie de Bolquera

L'an mille huit cents quinze et le vinquatriéme jour du mois de juin, dans la Maison Commune de Bolquera, en conformitté de l'arreté de Monsieur le Prefet du Depmt des Pirénées Orientales, en date du 17 juin dernier, à l'effet de l'installation des Mrs le maire et adjoint de la ditte commune de Bolquera, conformement a la loi.
Nous Patau Pierre, maire de la sus ditte Comne de Bolquera avons convoqué le Conseil general et municipal de la commune de Bolquera, et en présence desquels avons procédé a la installation, a la sermentation, de Mrs le maire et adjoint, les sieurs Inbern Jean dit Ramonet, maire, et Nohet Pierre dit Paulet adjoint, lesquels ont preté le serment, comme suit, je jure obeissance aux constitutions de l'empire et fidelité à l'empereur, d ou les dits Inbern et Nohet excercerons les fonctions, et reconnus par les individus de Bolquera, en sa dite qualité de maire et adjoint, de la commune de Bolquera, et ont signé.
Fait a la Maison commune de Bolquera, le jour mois et an que dessus.

Vieux papiers des Pyrénées-Orientales

[signatures]
Inbern mere
Nuet [adjuem]

Commentaires

De 1806 à 1821, la commune de Bolquère passe de 288  à 318 habitants.

Bolquera est le nom catalan et c'est bien celui-ci qui est employé constamment par le maire sortant, Pierre Patau.

Le style d'écriture et l'orthographe parfois approximative, ainsi que les signatures, laborieuses, montrent que le maire sortant, le nouveau maire et son adjoint, sont tous un peu hésitants avec l'écriture.

Les surnoms sont précisés pour les nouveaux élus. Ceux-ci sont encore très courants dans les campagnes à cette époque et souvent même plus utilisés que le nom de baptême. Il est donc important de préciser que l'on a affaire à Ramonet et Paulet, nés respectivement Jean Inbern et Pierre Nohet.

Concernant les signatures du nouveau maire et de son adjoint : je pense qu'on peut lire mere à droite du nom d'Inbern. C'est un gallicisme courant, jadis utilisé en remplacement du catalan battle. Je ne suis pas tout à fait sûr par contre de lire adjuem, qui ressemble à une retranscription intuitive de la part de l'adjoint à propos d'un mot qu'il ne sait peut-être pas écrire en français. On remarque également qu'il écrit son propre nom Nuet, orthographié Nohet par le maire sortant. Les deux sont équivalents.

Source : ADPO, 2M37
Photos : Fabricio Cardenas (CC-BY-SA)



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vendredi 7 mars 2014

Un maire de Perpignan en cure et son adjoint à l'asile, 1904

La presse de Perpignan se moque de ses élus

Vieux papiers des Pyrénées-Orientales

Rions un peu avec le journal perpignanais La Cravache, Organe républicain, anti-clérical et socialiste. Cet hebdomadaire satirique, paru en 1904, avait pour habitude de se moquer de la vie politique locale, tous bords confondus, mais aussi de la presse (à commencer par L'Indépendant) et de tous les travers des habitants du département pour une raison ou une autre. Ses pages mériteraient d'être retranscrites en intégralité comme témoin de la vie du département à l'époque. Nous y reviendrons.

Le maire de Perpignan mentionné ici est Eugène Sauvy, républicain progressiste, en fonction du 1er mai 1904 au 25 octobre 1907, date à laquelle il démissionne.

La Cravache, n°7, 24 juillet 1904.

Déplacements et Villégiatures

De nos correspondants particuliers :

« De Vichy. — Nous relevons parmi les personnages de marque (?) qui sont arrivés ici, le nom de M. Eugène Sauvy, maire de Perpignan.
« M. Sauvy vient à Vichy, soigner la bile que lui ont fait faire les Perpignanais lors de la Fête nationale. »
Pauvres Perpignanais ! Si les eaux de Vichy ne réussissent pas à calmer les accès de bile de Gégène, je ne vous vois pas blancs ; ni lui non plus d'ailleurs !

«De Limoux. — M. le baron Hippolyte Desprès, adjoint au Maire de Perpignan, a visité hier l'asile d'aliénés de notre ville.
« Il vient retenir deux ou trois cabanons pour y enfermer quelques conseillers municipaux de Perpignan qui présentent des signes manifeste de folie furieuse et d'aliénation mentale.
« Un incident s'est même produit : M. Desprès ayant quitté un instant son cicérone, s'égara dans les couloirs ; un gardien l'ayant interpellé el ayant jugé ses réponses incohérentes, l'enferma avec les autres fous ; il fallut l'intervention du directeur de l'asile pour faire remettre M. Després en liberté.


Source : Gallica
Photo : Fabricio Cardenas (CC-BY-SA)


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jeudi 6 mars 2014

Incendie de la mairie de Vingrau en 1935

Un mort et la mairie de Vingrau détruite

En 1935, Vingrau est un village de 722 habitants (629 en 2011). Le fait divers narré ci-dessous provoque la destruction de la mairie, des archives municipales et la mort d'une personne.
La nouvelle mairie et la place du village

Le Populaire, 3 septembre 1935

Le feu détruit une mairie des Pyrénées-Orientales

Un cantonnier est carbonisé

Perpignan, 2 septembre. - A Vingrau, M. Charles Béringuier, 62 ans, cantonnier, allait chercher des fusées paragrêle, dans les caves de la mairie, quand, pour une cause impossible à définir, une explosion se produisit, provoquant l'incendie de l'immeuble municipal.
Les bâtiments ont été détruits ainsi que les archives et toutes les pièces du secrétariat. Dans les décombres, on releva le corps de l'infortuné cantonnier, entièrement carbonisé. Il laisse une veuve et cinq enfants.

Source : Le Populaire du  3 septembre 1935 [domaine public], via Gallica
Photo : Site de la mairie de Vingrau



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mercredi 5 mars 2014

Sauvetage au col de Puymorens en décembre 1847

Piégé par la neige sur la route de l'Andorre

Vieux papiers des Pyrénées-Orientales
Le col de Puymorens sous la neige
Le col de Puymorens, situé à 1920 mètres d'altitude sur la commune de Porté-Puymorens, est bien connu de ceux qui se rendent en Andorre.  Il permet également de se rendre en Ariège à L'Hospitalet-près-l'Andorre. Aujourd'hui on peut le contourner par le tunnel du Puymorens,  mais jadis, c'était à pied qu'on le franchissait, été comme hiver. Et ce n'était pas une mince affaire comme le prouve le fait divers qui suit, daté de 1847.

Le Journal des débats politiques et littéraires, 31 décembre 1847, via Le Roussillonais

Il vient de se passer près du village de Porté (Pyrénées-Orientales), dans la Cerdagne française, un fait qui prouve tout le dévouement qu'on est en droit d'attendre des agens [sic] de l'administration des douanes.
On écrit de Bourg-Madame que le 7 de ce mois, en se rendant de l'Hospitalet à sa résidence, le sieur Audal Cary, muletier à Fontpédrouse, fut assailli, vers le col de Puymorens, par une tourmente telle qu'il n'eût pu faire un pas de plus sans s'exposer à une mort certaine. Le jour était prêt de finir, et la neige, que le vent chassait avec un redoublement de violence, avait fait disparaître toute trace de communication et commençait déjà à envelopper le sieur Cary lui-même. Dans l'impossibilité d'appeler du secours et sans autre abri que les deux mules qu'il conduisait, ce malheureux resta ainsi pendant quarante heures livré aux plus cruelles angoisses.
Informé le 9 au matin que Cary était parti le 7 de l'Hospitalet, et présumant qu'il avait été arrêté par les neiges, le brigadier Pons, du poste des douanes de Porté, réunit tous ses hommes : chacun se met à l'oeuvre ; tous s'excitent avec une noble ardeur bravant les dangers que présente un sol très accidenté et couvert d'une neige épaisse, avec une persistance digne des plus grands éloges, ces braves employés arrivent enfin, après de longues recherches, jusqu'au malheureux Cary qu'ils trouvent donnant encore signe de vie et couché près de ses mules dont l'une était morte de froid. Transporté à l'Hospitalet où des soins lui furent immédiatement prodigués Cary est, parait-il, hors de danger, mais les souffrances physiques qu'il a éprouvées dans cette circonstance font craindre qu'il ne soit estropié pour le reste de ses jours. (Le Roussillonais)

Source : Gallica
Photo : Par Titiloulou [GFDL (http://www.gnu.org/copyleft/fdl.html) ou CC-BY-SA-3.0-2.5-2.0-1.0 (http://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0)], via Wikimedia Commons


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lundi 3 mars 2014

Un maire en curé à Dorres, mars 1892

Les costumes osés des élus de Dorres pour le carnaval

Vieux papiers des Pyrénées-Orientales
L'école et la mairie à Dorres
Dorres est un village de Cerdagne, peuplé de 313 habitants en 1892. Un effectif amplement suffisant pour que s'y rencontrent des tensions manifestes entre le maire et le curé. Le fait divers narré ci-dessous nous laisse penser qu'on ne devait pas s'embêter tous les jours à Dorres à l'époque.

Note : Le journal se trompe lorsqu'il précise Dorres (Aude). Une simple vérification du nom du maire montre qu'il s'agit bien de Dorres dans les Pyrénées-Orientales.

La Croix, 29 mars 1892

Pratiques carnavalesques

Le mardi-gras, à Dorres (Aude), raconte La Croix du Sud, Dominique Cassu, conseiller municipal, et Dominique Clerc, maire, se sont présentés le soir au bal, le premier habillé en prêtre, le second en servante de curé. Ils ont après des gestes et des poses obscènes simulé la cérémonie des cendres. Dominique Cassu se permit, il y a deux ans, d'interrompre à l'église la cérémonie d'un enterrement. Le souvenir de son cousin-germain, tué par la foudre, le ferait peut-être réfléchir s'il ne s'adonnait pas temps [sic] au culte de la dive bouteille. Quant à Dominique Clerc, nous rappellerons que ce sont ses trois oncles prêtres, qui, à force d'économies lui ont laissé ce qu'il possède aujourd'hui.


Source : Gallica
Photo : Par Jack ma (Travail personnel) [GFDL (http://www.gnu.org/copyleft/fdl.html) ou CC-BY-SA-3.0-2.5-2.0-1.0 (http://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0)], via Wikimedia Commons


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dimanche 2 mars 2014

Inondations en novembre 1892

De nombreux dégâts suite aux inondations de la Têt et de l'Agly

Le département des Pyrénées-Orientales, de par sa configuration, est propice aux crues catastrophiques ; on a parfois tendance à l'oublier. L'événement de l'Aiguat de 1940 est resté dans toutes les mémoires et les crues récentes de 1992 et 1999 sont venues nous rappeler que l'on est jamais à l'abri de ce genre de risque.
Avec au moins trois bassins versants, l'Agly, la Têt et le Tech, de la montagne vers la mer sur le seul territoire du département, les crues et inondations diverses continueront toujours à rythmer la vie de notre région.

J'ai choisi de publier aujourd'hui pour mémoire un bref compte-rendu d'un épisode moins connu, mais néanmoins dévastateur, celui des inondations de 1892. La Têt et l'Agly sont concernés, avec un niveau de 4 mètres 20 à Millas pour la Têt.



Vieux papiers des Pyréénes-Orientales
Crue de la Têt en novembre 2011 (Perpignan)


Le Figaro, 10 novembre 1892

Les inondations

Perpignan. - La Tet, l'Agly et tous les cours d'eau qui descendent des montagnes ont débordé à la suite des pluies torrentielles tombées cette nuit. Ce matin, toute la plaine de la Salanque était inondée, le train de Perpignan à Prades restait en panne et les riverains affolés abandonnaient leurs maisons, emportant leurs meubles et fuyant l'eau qui montait avec une effrayante rapidité. Bientôt, tout le faubourg de Notre-Dame est submergé; la garnison s'emploie avec un dévouement admirable au sauvetage des habitants de la banlieue qui se servent des fourgons d'artillerie pour déménager. Les communications télégraphiques sont interrompues avec douze bureaux du département. Le préfet, M. Bonhoure, accompagné de M. Varenne, chef de division à la préfecture, parcourt les points menacés et s'enquiert des secours à accorder aux inondés.
Un jeune homme, Jean Cadéne, habitant Castel-Roussillon, près de Perpignan, ayant voulu retourner à son domicile cerné par les eaux, afin de prendre de l'argent qu'il y avait oublié, a été emporté par le courant. Son cadavre a été retrouvé, à six heures, sur la plage du Canet. Détail horrible : la famille Cadène assistait impuissante à la noyade du jeune Cadéne.
Au collège de Perpignan, la toiture de l'infirmerie, minée par les pluies, s'est affaissée subitement. Trois élèves malades ont eu à peine le temps, dès qu'ils ont entendu de sinistres craquements, de sauter du lit et de se sauver en chemise au premier étage. La ligne de Perpignan à Prades est coupée. Ce soir, un pont prés de Boulternère a été emporté. Le soir, la Tet décroît considérablement à Perpignan, mais une dépêche de Millas, 4 h. du soir, porte que l'eau atteint au pont de Millas 4 mètres 20. La culée Nord est menacée. On mande de Prades que les eaux viennent d'emporter le canal faisant fonctionner l'usine d'éclairage électrique d'Estagel à 4 h. 50 du soir. De mémoire d'homme, on n'a jamais vu pareille inondation de l'Agly. Les dégâts sont immenses.


Le Figaro, 11 novembre 1892

Les inondations

Perpignan. Les eaux de la Têt et de l'Agly commencent à baisser, mais l'inondation a été terrible. Hier soir, à Saint-Laurent-la-Salanque, deux jeunes gens de dix-neuf ans prenaient du bois au pont de Saint-Laurent lorsqu'ils sont tombés dans l'Agly. Ils se sont accrochés à un arbre et ont été entraînés jusqu'à la mer où ils ont disparu. Les ponts de Claira, canton de Rivesaltes et de Caramany, canton de Latour-de-France, viennent de s'écrouler.

A Perpignan, au quartier de la route de Bompas, il y a 39 maisons écroulées. Plus de soixante familles sont sans abri. La municipalité fait distribuer des secours.

Sources :
Articles du Figaro [domaine public] via Gallica (cf. liens)
bassintet.fr
Photo : Fabricio Cardenas (CC-BY-SA)