dimanche 29 juin 2014

Le portail de l'église Saint-Pierre de Céret vers 1884

La ville de Céret commémorait ce 29 juin 2014, jour de la Saint-Pierre et Saint-Paul, la fin des travaux de restauration de l'église Saint-Pierre, édifice paroissial de la commune. C'est aussi exactement il y a 1200 ans qu'est mentionnée pour la première fois cette église puisque l'on apprend en 814 que celle-ci existe déjà depuis quelques années. Elle a depuis été rebâtie maintes fois puisque le clocher, élément le plus ancien, date des 11e et 12e siècles, le portail du 14e et la nef des 17e et 18e.

Je profite de l'occasion pour partager une photo du portail de l'église Saint-Pierre et prise par Jean-Auguste Brutails, archiviste des Pyrénées-Orientales de 1884 à 1889, période durant laquelle il photographie nombre de monuments à travers le département.

Vieux papiers des Pyrénées-Orientales


Se distinguant donc par son ancienneté et par sa facture, le portail gothique en marbre blanc de l'église est lui-seul classé au titre des monuments historiques dès 1927, tandis que le reste de l'édifice ne bénéficie de la même protection qu'à partir de 1998.

Une petite plaque sur le pilier droit indique la date de construction du portail en 1398 : «  L'any de nostre Senyor MCCCLXXXXVIII fo feyta aquesta portalera ».

Vieux papiers des Pyrénées-Orientales
La plaque indiquant la date de 1398

Le reste de l'église est entièrement rebâti entre le 17e et le 18e siècle. C'est durant cette campagne de travaux que le portail est surmonté d'un décor baroque comprenant une niche à fronton, entourée de pyramidions de chaque côté.

Photo : Jean-Auguste Brutails [domaine public], via le site 1886 (Université de Bordeaux 3)
Photo de la plaque : Fabricio Cardenas [cc-by-sa]

Retrouvez ici toutes les histoires en rapport avec Céret.



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vendredi 27 juin 2014

Menace de guillotine à Ansignan en 1877

Gare à ceux qui voteront contre le candidat choisi par la police !

Vieux papiers des Pyrénées-Orientales

Les élections législatives de 1877 furent très agitées dans le département et les incidents nombreux, souvent le fait des autorités exerçant diverses pressions pour défendre les candidats conservateurs, ainsi qu'on l'a déjà vu pour Rivesaltes cette même année. La tension est palpable puisque l'on peut voir ci-dessous qu'on envoie l'armée à Pézilla-la-Rivière alors qu'il ne s'y passe rien, tandis que les forces de police d'Ansignan prennent ouvertement position pour les conservateurs.

Le Rappel du 21 octobre 1877
On signale à l'Indépendant des Pyrénées-Orientales les faits les plus graves de pression, d'intimidation et d'irrégularités dans les opérations électorales :
Hier, dit notre confrère, le bruit a couru à Perpignan que des troubles avaient éclaté à Pezilla-la-Rivière. En effet, une compagnie de chasseurs à pied en tenue de campagne et avec fourgons d'ambulances a été envoyée vers quatre heures du soir dans cette commune. Mais quand la force armée est arrivée avec le juge d'instruction, la commune se trouvait dans l'état le plus calme, malgré toutes les provocations dont les électeurs républicains avaient été l'objet. C'était une fausse alerte.

Le même journal publie la lettre suivante :
Un fait inqualifiable de pression et d'intimidation administrative a été commis en la commune d'Ansignan, canton de Saint-Paul. Le commissaire de police du canton, ceint de son écharpe en sautoir, a, dans un rassemblement sur la place publique de ladite commune, prononcé les paroles suivantes : «Si vous ne votez pas demain pour le candidat du maréchal, vous aurez après-demain la guillotine sur la place, et gare à ceux qui voteront contre! »
Nous devons à la vérité de dire que certains témoins n'ont pu s'empêcher de manifester leur dégoût et leur indignation. C'est le sous-comité républicain de Saint-Paul qui porte ces faits à la connaissance du comité central.

Note : Le sous-comité cité est celui de la commune de Saint-Paul-de-Fenouillet, située à proximité d'Ansignan.


Source : Gallica (DP)
Photo : Fabricio Cardenas, CC-BY-SA

Tous les articles de ce blog sur le thème des élections sont à relire ici.

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lundi 23 juin 2014

Reconduction du maire de Fosse, 24 juin 1815

Le maire et son adjoint sont reconduits

Je reprends mes retranscriptions concernant la période des Cent Jours dans le département des Pyrénées-Orientales, après avoir déjà traité 19 communes, parmi lesquelles figurent deux communes disparues : Aytua, traité sur ce blog, et Palol dont la retranscription figure sur le blog qui lui est consacré.

Retranscription pour la mairie de Fosse (orthographe et accentuation fidèles au document).

Vieux papiers des Pyrénées-Orientales
Mairie de Fosse

Copie du procès verbal de l'installation du maire et de l'adjoint de la commune de Fosse.

Le conseil municipal de la commune de Fosse assemblé aujourd'hui 24 juin 1815, à l'effet de reinstaller le maire et l'adjoint de la dite commune.
En consequence on a fait lecture de l'arrêté de Monsieur le Préfet en date du 9 du courant qui ordonne que d'après l'assemblée primaire de cette commune du 21 mai dernier convoquée par le decret imperial du 30 avril dernier ; les sieurs Germain Pellissier soit installé maire, et Jean François Pellissier adjoint, et après cette lecture, les sus-dits maire et adjoint ont réitéré en présence du conseil municipal de serment d'obeissence aux constitutions de l'Empire, et de fidélité à la personne de l'Empereur, et de suite on les a proclamés être réélus dans leurs fonctions, et réinstallés de nouveau dans leurs qualités de maire, et d'adjoint. De tout ce avons dressé le présent procès verbal que Baptiste Doutre, Jean Marsal, Baptiste Pellissier, Jean Cayre, Martin Pellissier, Benoît Pellissier, Jean Guillaume Rapidel, et Nicolas Pellissier ont signé, et non Louis Matthieu illitéré, tout présents à la séance, et membres du conseil municipal.
Signés au registre
Doutre, Pellissier, Marsal, Pellissier, Rapidel, Pellissier, Pellissier et Pellissier maire, et Pellissier adjoint.

Pour copie conforme le maire de la commune
Pellissier

Vieux papiers des Pyrénées-Orientales
La signature du maire
Commentaires

La commune de Fosse compte 134 habitants en 1806 et 135 en 1821. La population de l'époque, même si elle reste faible, est stable et la commune ne commencera vraiment à se dépeupler qu'au début du XXème siècle. Il y a officiellement en 2011 seulement 39 habitants.

Il est amusant de constater la sur-représentation de la famille Pellissier qui, maire et adjoint inclus, occupe tout de même les deux tiers du conseil municipal. Le nom est déjà courant à Fosse au XVIIIème siècle et l'on sait par un bulletin municipal de Fosse que le maire de Fosse vers 1803 était un nommé Jean-Pierre Pellissier. Cela correspond sans doute à la représentation réelle de ce nom dans le village, que l'on peut encore constater, selon le site de Jean Tosti, en 1841 et même en 1937 ou le maire et adjoint sont encore un A. Pélissier et un F. Pélissier. Il semble qu'entre 1815 et la fin du XIXème siècle, les Pellissier ait perdu un l à leur nom. Erreur de retranscription de Jean Tosti ou processus classique de simplification des noms (on trouve aujourd'hui plus couramment des Pélissier que des Pellissier). On trouve toutefois encore un Pellissier de Fosse décoré de la légion d'honneur et né en 1869. Mais une recherche sur les pages blanches aujourd'hui ne montre plus aucune personne portant ce nom à Fosse, bien qu'il y ait encore deux Pellissier à Saint-Paul-de-Fenouillet (à 6 km) ainsi qu'une poignée de Pélissier.

Source : ADPO, 2M37
Photos : Fabricio Cardenas, CC-BY-SA




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vendredi 13 juin 2014

Un spectacle électrique à Perpignan en 1889

Le courant passe dans la salle

C'est un curieux fait divers que l'on peut lire dans L'Est Républicain du 30 juillet 1889.

Un accident s'est produit, l'autre soir, à l'Alcazar de Perpignan. Pendant la pantomime, un des fils conducteurs de l'électricité s'est rompu et la salle a été plongée dans une profonde obscurité. Pendant ce temps, des trépidations se produisaient, des décharges électriques se communiquaient aux spectateurs, les assistants poussaient des cris affreux. Tout a été renversé, des tables, chaises, verres ont été réduits en morceaux. Quelques spectateurs tombaient foudroyés par l'électricité. Beaucoup ne sont revenus à eux que longtemps après. Plusieurs ont été assez grièvement contusionnés.

Vieux papiers des Pyrénées-Orientales
Le mime Séverin en 1896
La salle de l'Alcazar, créée en 1874, se trouvait à Perpignan dans le quartier de la Basse (en dehors des remparts). C'était un endroit où l'on pouvait s'encanailler et qui proposait des animations en tous genres : café-théâtre, salle de jeux, restaurant, salons très particuliers, etc. On construisit même à côté des arènes et un vélodrome. Le bâtiment principal changea plusieurs fois de fonction, après être devenu un cinéma dès 1911, et fut démoli dans les années 70.

Sources : 
Le kiosque lorrain (Bibliothèque médiathèque de Nancy) pour la presse
Histoire de l'Alcazar :
Jean-Louis Roure, Perpignan à la Belle-époque 1880-1914, éds. Trabucaire, 2006.

Photo : Anonyme, vers 1896, via Wikimedia Commons (domaine public).


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dimanche 1 juin 2014

Des cerises de Céret pour le président de la République en 1932

Premier envoi par avion pour la célèbre spécialité cérétane

Vieux papiers des Pyrénées-Orientales
Albert Lebrun reçoit des cerises de Céret en 1932.
Il semble que 1932 soit l'année d'une grande première, relayée par toute la presse : l'envoi par avion des premières cerises de Céret pour le président de la République Albert Lebrun en 1932. Je ne saurai dire si le président recevait déjà les années précédentes des cerises par le train, je n'en ai trouvé en tout cas aucune trace. La production de cerises dans la région de Céret est à ce moment-là en pleine expansion, on cherche à en assurer la promotion, certain transporteur veut faire de même. L'idée était toute trouvée telle que nous l'apprend le journal hebdomadaire Le Courrier d'Éthiopie (publié à Addis-Abeba depuis 1916) dans son édition du 10 juin 1932 avec près d'un mois de retard. Mais c'est bien la preuve que l'opération publicitaire a été un succès puisque la nouvelle parvient jusqu'en Afrique.

Le Comte de Sibour se fait propagandiste des transports de primeurs par avion

Un essai de transports de primeurs par avion a été fait de Perpignan à Paris. Le comte de Sibour a emporté sur son appareil les premières cerises récoltées à Céret, destinées aux halles de Paris. Un cageot a été remis au président de la République par le président de la Chambre de commerce de Perpignan.

Le comte de Sibour est un aviateur, aventurier et habitué des coups d'éclat puisqu'il venait notamment l'année passée de faire Paris-Pékin en dix jours en passant par la Sibérie.

Voyons à présent le compte-rendu paru dans Eglise de Rouen et du Havre, publication périodique publiée par l'Archevêché de Rouen, le 4 juin 1932. A l'instar de tous les autres comptes-rendus parus simultanément ailleurs dans la presse, le journaliste semble confondre Cerdagne et Vallespir, mais c'est bien de Céret qu'il s'agit ici. On retrouve également dans ces différents articles la description du rite religieux lié à la fête de Pâques et aux premières cerises.

Les Cerises de Céret

Le 18 mai, un avion a porté au Président de la République les premières cerises de Cerdagne. A cette occasion, on rappelle une fête religieuse qui se déroule, à Céret, de la façon suivante:
Le jour de Pâques, prêtres et fidèles sortent de l'église, portant et entourant le Christ ressuscité. La procession gagne la campagne. On s'arrête sous quelque beau cerisier ; on y cueille les premières cerises mûres, puis l'on revient en ville et l'on rentre dans l'église, où des mains pieuses nouent à la ceinture de la Vierge, sur son autel, les fruits nouveaux.
Les fraîches escarboucles du bouquet vivant remplacent le bouquet mort des précédentes Pâques, pour devenir doucement, à leur tour, une touffe de noyaux secs et de feuilles convulsées.

On trouve une précision dans le Figaro du 18 mai 1932 sur le calendrier des cerises françaises (avec la même confusion entre Cerdagne et Vallespir).

 Aujourd'hui, si les vents l'ont voulu, un avion est parti de Cerdagne pour Paris. Sa charge est entièrement et uniquement faite de cerises. Les premières cerises de l'année lesquelles, entre Perpignan et Céret, sont mûres avant toutes les autres cerises françaises.

Notons qu'en 2014, les premières cerises ont été envoyées au président de la République le 2 mai, soit une quinzaine de jours avant celles de 1932. Toutefois, en réalité, dans les années 30, ces cerises expédiées ne sont pas tout à fait les premières, puisqu'on trouve encore à Céret à cette époque plusieurs variétés anciennes arrivant à maturité dès la mi-avril mais supportant très mal l'expédition. Le lot présidentiel de 1932 est sans doute constitué de cerises soit de la variété Hâtif de Bâle, arrivant en ce temps-là à maturité vers le 1er mai, soit de la variété Bigarreau Jaboulay arrivant à maturité vers le 8 mai, et toutes deux plus aptes au transport.

Retrouvez ici toutes les histoires en rapport avec Céret.
Sources :
* Gallica pour les articles de 1932 (cf. liens)
* L'Indépendant, Céret : Les premières cerises au déjeuner du président Hollande, 2 mai 2014
* Peyrière, Basset et Clave, Cultures fruitières et maraîchères dans les Pyrénées-Orientales, 1938
Photo : Agence de presse Meurisse, 1932 (Domaine public) [BnF via Wikimedia Commons]

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