dimanche 23 février 2014

Un doyen des anciens combattants à Ria en 1931

Un rianenc parmi les plus vieux anciens combattants français en 1931

En 1931, le Journal des mutilés et combattants se pose la question de savoir qui est le véritable doyen des anciens combattants en France. Le titre vient d'être attribué par certains journalistes, un  peu rapidement, à un certain M. Victor Brun, âgé de 93 ans. Mais très vite, d'autres candidats se déclarent. Parmi eux, figure un vétéran originaire de Ria (aujourd'hui Ria-Sirach, près de Prades).

Vieux papiers des Pyrénées-Orientales

Le Journal des mutilés et combattants
31 mai 1931

Nos doyens

Nous avions bien raison d'écrire dans un écho récent l'existence probable d'anciens combattants qui sont les aînés de M. Brun, âgé de 95 ans. C'est ainsi que l'on signale M. Baptiste Taurinya, né en 1833 à Ria (Pyrénées-Orientales), ancien combattant de Crimée, blessé à Inkermann, pensionné de guerre et médaillé militaire.
Un de nos camarades nous indique de son côté son grand-oncle, M. Etienne Meynier, à Jallien (Isère), né en 1835, ancien combattant de la campagne d'Italie, médaillé militaire depuis le 1er janvier 1931 seulement.
Heureusement pour lui, M. Meynier a pu attendre.

Durant quelques jours, Baptiste Taurinya devient le nouveau doyen des anciens combattants. Né en 1833, il a donc approximativement 98 ans en 1931. La bataille d'Inkerman a lieu durant la guerre de Crimée le 5 novembre 1854 et oppose une coalition franco-britannique aux armées russes, qui  seront vaincues. Les pertes ce jour-là furent relativement limitées du côté Français, en comparaison avec celles des Russes.  Taurinya n'a alors que 21 ans lors de cette bataille. Venant d'un petit bourg rural (1000 habitants en 1851), il n'est pas garanti qu'il ait su s'exprimer correctement en français avant d'être enrôlé, le catalan ayant sûrement été sa langue maternelle. Ce fut sans doute également le cas des blessés que j'évoquais ailleurs concernant la campagne d'Italie en 1859.

Mais revenons à nos doyens. L'enquête se poursuit et de nouveaux candidats potentiels pour le titre suprême sont découverts. Un mois après l'article figurant ci-dessus, le palmarès semble établi. Deux centenaires viennent détrôner notre vétéran rianenc, qui se retrouve sur la troisième marche du podium.

Le Journal des mutilés et combattants
28 juin 1931


Qui est le doyen ?

Nous le pensions bien. L'attribution par de nombreux journaux du titre de doyen des anciens combattants à M. Victor Brun a fait surgir de nombreuses candidatures. A vrai dire, elles ne sont jamais personnelles, mais présentées par un proche du candidat. Ainsi y trouve-t-on, à côté d'une exceptionnelle et magnifique longévité, le plus joli témoignage d'affection filiale et familiale.
Tous leurs cadets s'associeront donc d'autant plus volontiers à ces témoignages qu'ils vont uniquement à des anciens combattants aux titres les plus certains. Et ils seront sans doute heureux d'en connaître une première liste, car nous ne doutons qu'il y aura d'autres compétiteurs vigoureux, c'est bien le cas de le dire, puisqu'il s'agit là de nonagénaires dont on se plaît à signaler l'excellente santé.
Vieux papiers des Pyrénées-Orientales
Les deux doyens

M. Victor Brun, d'Avranches — à lui l'honneur — est né le 8 mars 1840. Blessé à Solférino le 24 juin 1859, il est amputé d'un bras. Malgré ses 91 ans, c'est presque un bleu.
Le général de Ferron, un ancien de Marignan et de Solférino voyait récemment célébrer ses 93 ans. M. Mathieu Boniface, de Lalindre, Dordogne, est né le 14 août 1837. Il aura bientôt 94 ans. C'est aussi un ancien de la campagne d'Italie avec le 71e R.L. MM. Romain Thorel, de Longueville-sur-Loire (S.-L.) et Etienne Meynier, de Gallien (Isère), deux anciens encore de la campagne d'Italie, sont nés en 1835. Ils prennent avec leurs 96 ans une sérieuse avance.
Mais voici M. Baptiste Taurinya, né à Ria (P.-O.) en 1833. Ancien combattant de Crimée, blessé à Inkermann, pensionné de guerre, 98 ans. Et encore un combattant de Crimée, M. André Castagnet, de Lagarde, près de Château-Salins. Il a 100 ans depuis le 11 juin dernier. Le 11 août 1914, à 82 ans, il se dévouait encore aux blessés des combats livrés devant et dans le village de Lagarde.
Cent ans ! Et vous pensez peut-être que c'est le doyen. Mais il y a encore — nous pensons bien qu'il vit toujours depuis l'article que nous publions l'an dernier à son sujet, il y a donc M. Antoine Bernardi, né à Ortiforio (Corse), le 22 mai 1831, combattant de Sébastopol, où il fut fait prisonnier. Et sans doute est-il aussi le doyen des A.P.G.

Personne jusqu'alors n'a ravi le titre de doyen à Antoine Bernardi.
Et à tous, nous souhaitons de rester le plus longtemps possible sur leurs positions respectives.
Mais nous faisons le voeu aussi que l'on n'oublie pas plus longtemps certains d'entre eux. Croirait-on que l'on vient tout juste d'accorder la médaille militaire à MM. Thorel et Meynier et que les deux doyens véritables, nos deux centenaires : André Castanet et Antoine Bernardi ne l'ont pas encore.
Et nous ne vous garantissons pas qu'ils ont tous la carte de combattant. En attendant, félicitons-les de donner aux jeunes l'exemple de la durée. Cela fera enrager le ministère des Finances.

Les éditions successives de ce périodique ne nous donnent pas de nouvelles sur ce que sont devenus tous ces valeureux vétérans. Peut-être quelqu'un sait-il à quel âge a disparu Baptiste Taurinya, voire même quelles furent la nature de ses blessures lors de la guerre de Crimée ? Peut-être a-t-il fini par obtenir le titre de doyen si ses deux aînés sont morts avant lui. Je n'ai rien retrouvé sur eux non plus.

Sources : Le Journal des mutilés et combattants [domaine public] (via Gallica, cf. liens)
Photos : Fabricio Cardenas


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vendredi 21 février 2014

Laroque-des-Albères, 8 juin 1815

Un maire oublié à Laroque-des-Albères en 1815


Retranscription pour la mairie de  Laroque-des-Albères (orthographe et accentuation fidèles au document).


 La Roque

L'an mil huit cent quinze, et le huitième jour du mois de juin, par devant nous Joseph Pujas maire de la commune de La Roque, d'après l'arrétté de monsieur le préffet du département des Pirenées Orientales en date du 6 juin, expiré, par lequel, il nous prescrit de faire preter en presence du Conseil municipal le serment de fidélité conçu en ces termes, Je jure obeissance aux constitutions de l'Empire et fidelité a l'Empereur, aux sieurs Vilar François maire et Soler Gauderic adjoint, ce qu'ils ont executé, après avoir convoqué notre Conseil municipal d'après les ordres que j'en ai reçu de Monsieur le sous-preffet en date du 8 juin, expiré. Cette opperation terminée j'ai estallé les sieurs Vilar François maire et Soler Gauderic adjoint.
De tout ce que dessus nous avons dressé le present procés verbal que nous avons signé avec le Conseil municipal de notre commune.
Fait a La Roque les jour mois et an que dessus.

[Signatures]
Pujas
Carboneill
Chaubet
Solé
J. Pujas ex maire
F. Vilar
Montariol
Casademont
[Corsano]
Malzach

Vieux papiers des Pyrénées-Orientales
Signature de Joseph Pujas, maire sortant
Commentaires

La population de Laroque-des-Albères en 1906 est de 1167 habitants (2128 en 2011).
La Roque ou Laroque devient Laroque-des-Albères en 1953.

Parmi le noms des élus cités, Casadamont, Carboneill et Solé font encore partie des noms les plus communs à Laroque-des-Albères en 1841.

A l'instar du cas de Bouleternère, nous sommes ici encore en présence d'un maire oublié. Le site MaireGenWeb qui fournit la liste complète des maires de Laroque-des-Albères, tout en se basant sur un tableau affiché en mairie, ne fait aucune mention de François Vilar, devenu maire ce 8 juin 1815. Officiellement, Joseph Pujas est resté maire de 1802 à 1816. On voit qu'il n'en est rien. Il est par contre probable que François Vilar ait été destitué dès la fin des Cent-Jours, ce qui ne lui aurait fait qu'un mandat de deux mois. Mais je n'en ai pas confirmation pour l'instant.

Vieux papiers des Pyrénées-Orientales
Signature de François Vilar, maire entrant

On trouve parmi les conseillers municipaux un Malzach et un Carboneill. Ceux-ci sont peut-être les futurs maires Joseph Malzach (1816-1827) et Hyacinthe Carboneill (1827-1830).

Source : ADPO, 2M37 [domaine public]
Photos : Fabricio Cardenas [cc-by-sa]



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mercredi 19 février 2014

Tournée de propagande socialiste, avril 1908

Gros succès pour une série de conférences socialistes dans les Pyrénées-Orientales en 1908

Vieux papiers des Pyrénées-Orientales
Adéodat Compère-Morel
En 1908, le paysage politique est franchement marqué à gauche au sein des classes populaires des Pyrénées-Orientales, à l'instar de l'ensemble du Midi rouge. N'oublions pas que la récente révolte des vignerons du Midi, qui a eu lieu en 1907, a commencé par un incident à Baixas, et que Perpignan a vu défiler des manifestations de plusieurs centaines de milliers de personnes. La préfecture sera même pillée et incendiée, le préfet devant se réfugier sur le toit.

L'article du journal L'Humanité, daté du 22 avril 1908, montre bien la mentalité des militants de la S.F.I.O. de l'époque (le parti vient alors tout juste d'être créé en 1905). Les révolutions, c'est bien, mais il est sans doute aussi important pour le parti de reprendre le contrôle de sa base, et c'est, je pense, un peu le but de cette tournée de propagande qui a lieu dans le département en avril 1908. On remarque d'ailleurs que les villes choisies sont toutes des communes viticoles de la plaine du Roussillon.

L'intervenant principal de ces conférences est Adéodat Compère-Morel (1872-1941). Originaire de l'Oise, où il fut candidat malheureux par trois fois à la députation, il deviendra par la suite député du Gard en 1909 et ce jusqu'en 1936. Le deuxième intervenant est le député du Nord Pierre Mélin (1863-1929), élu en 1906.

Concernant le public de ces conférences, il faut peut-être tempérer un peu les chiffres donnés par le journaliste tout acquis à la cause des deux conférenciers. Mais tout de même, 1000 à 1300 personnes pour un meeting politique dans des communes de la taille d'Estagel (2620 habitants en 1906) ou de Baixas (2556 habitants en 1906), cela ne peut que laisser rêveur nos politiciens d'aujourd'hui.


DANS LES PYRENEES-ORIENTALES

Tournée de propagande Compère-Morel-Mélin


Le citoyen Compère-Morel, délégué du Conseil National du Parti socialiste (S. F. I. 0.), a donné une série de réunions de propagande dans les Pyrénées-Orientales.

La Fédération socialiste, par sa Commission exécutive, avait dressé l'itinéraire de cette tournée qui a été exécuté d'une façon méthodique.

Mardi 14 avril, c'est à Perpignan que Compère-Morel a fait au Groupe socialiste central, devant une centaine de camarades militants pour la plupart des groupes de la ville une excellente causerie sur les bienfaits de l'organisation politique du prolétariat.

Mercredi 15 avril, Compère-Morel a fait à Alénya, commune qui compte un Groupe et une municipalité socialistes, une conférence devant plus de 300 travailleurs agricoles de la commune et des communes de Corneilla, Saint-Nazaire et Saint-Cyprien, venus pour entendre l'exposé du Socialisme agraire. Le succès du conférencier a été considérable.

Jeudi 16 avril, c'est dans la commune d'Espira-de-l'Agly. que le vaillant propagandiste a fait sa troisième réunion, devant une salle composée de 500 auditeurs. Malgré la présence dé quelques radicaux, Compère-Morel a pu exposer les principes du socialisme et montrer aux travailleurs et petits propriétaires les avantages que leur donnera la transformation de la société capitaliste en une société collective ou le travail sera tout et le capital rien.

Vendredi 17 avril, le Groupe et la municipalité socialistes d'Estagel ont reçu le citoyen Compère-Morel. Une réunion enthousiaste a eu lieu le soir dans la vaste salle Arago où se pressaient environ 1.300 citoyennes et citoyens. Aux applaudissements répétés de l'auditoire, l'orateur socialiste a défini le socialisme agraire et montré chiffres en mains, comment le paysan est spolié tous les jours de son petit lopin de terre.

Samedi 18 avril, c'est à Baixas, centre essentiellement vitlcole, comme Estagel, que Compère-Morel est allé se retremper au milieu des 100 camarades du Groupe et de la belle coopérative de production viticole des “ prolétaires vignerons “ de Baixas. Le soir, une réunion a eu lieu. Devant un millier d'auditeurs, le dévoué propagandiste a fait un long exposé des principes socialistes. Le succès de cette réunion a dépassé toutes les espérances.

Dimanche 19 avril, Compère-Morel et Pierre Mélin, député du Nord, délégué par le Groupe socialiste au parlement, ont présidé le matin, dans la commune républicaine socialiste de Saint-Estève, le 9° Congrès de la Fédération des Pyrénées-Orientales. Un banquet de 200 couverts a eu lieu à midi. Enfin, à 4 heures, une conférence a été faite devant un auditoire attentif et avide de connaître le socialisme. Compère-Morel et Mélin ont été applaudis avec frénésie par les 500 auditeurs de Saint-Estève et des diverses communes du département.

Cette tournée de propagande s'est terminée par la commune de Rivesaltes. où les deux orateurs se sont rendus le soir du même jour. Salle comble et succès enthousiaste.

Excellente besogne socialiste qui portera ses fruits.


Source : Gallica [domaine public]
Photo :  Agence Rol [domaine public] via Wikimedia Commons



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lundi 17 février 2014

Un agent trop zélé, Rivesaltes le 6 octobre 1877

Gendarme monarchiste contre républicains

Vieux papiers des Pyrénées-Orientales
Lazare Escarguel
Brève parue dans Le Temps du 6 octobre 1877 via le relais de L'Indépendant.

Un agent trop zélé est certainement M. Ausseil, commissaire de police à Rivesaltes.
M. Ausseil avait eu cette singulière idée de vouloir empêcher l'affichage des placards du candidat républicain, M. Escarguel, sur les façades des cafés.
Et comme cet affichage était chose faite, il avait ordonné l'enlèvement des placards et s'était même permis de donner l'exemple en lacérant lui-même une de ces affiches dont la vue le blessait particulièrement.

Cet excès de zèle a attiré à M. Ausseil deux désagréments.
M. le maire lui a d'abord dressé procès-verbal.
Ensuite le comité républicain de Rivesaltes est venu chercher à Perpignan un nombre invraisemblable d'affiches.
De sorte que la commune de Rivesaltes est actuellement celle où la candidature de M. Escarguel est aujourd'hui le plus annoncée. On y voit des maisons tapissées de placards de haut en bas.

Commentaires
Les élections législatives d'octobre 1877 furent très agitées dans le département des Pyrénées-Orientales. Les candidats républicains subirent un intense harcèlement de la part des autorités en faveur des candidats monarchistes et il n'était pas rare de voir fermer les cafés favorables aux républicains. Malgré tout, Lazare Escarguel, en lice contre le colonel Falcon, fut largement réélu par 13 235 voix contre 8 276.

En ce qui concerne Rivesaltes, c'est à cette époque une ville farouchement républicaine, prompte à s'agiter et saisir la moindre occasion pour se rebeller contre l'autorité. Que le pauvre commissaire Ausseil n'ait pas été prévenu ou qu'il ait agi en pensant bien faire, il était quasiment certain qu'il obtiendrait le résultat contraire de celui espéré par son action.


Sources :
Jean Capeille, « Escarguel (Lazare-Henri) », dans Dictionnaire de biographies roussillonnaises, Perpignan,‎ 1914
+ Presse de l'époque.

Tous les articles de ce blog sur le thème des élections sont à relire ici.


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dimanche 16 février 2014

Carte et description de Perpignan en 1563

Une vue approximative de Perpignan en 1563


L'auteur de la gravure est inconnu, l'auteur du texte est Guillaume Guéroult (1507? - vers 1560).
Cette carte fait partie d'un recueil : Epitome de la corographie d'Europe, illustré des pourtraictz des villes les plus renommées d'icelle, publié à Lyon par Balthazar Arnoullet en 1563. 
21 cartes sont présentes, parmi lesquelles celle de la ville de Perpignan, que l'auteur semble donc considérer comme importante.

Retranscription du texte en français moderne :
Perpignan ville principale de la Comté de Roussillon, limitrophe des Espagnes et assise en terroir fécond et délicieux, pour la sûreté du pays adjacent. Le Roi des Espagnes la tient toujours munie de bon nombre de soudards, & renforcée de munitions belliques comme clef de son Royaume. Et pour ce que rien pour le présent ne nous est plus amplement témoigné de son être, nous referons sa description en saison plus opportune.


Vieux papiers des Pyrénées-Orientales

Source : Gallica [domaine public]
Photo : Fabricio Cardenas [domaine public]


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samedi 15 février 2014

Blessés de la campagne d'Italie, 1859-1860

La vie des Roussillonnais après la guerre en 1860

La campagne d'Italie qui a lieu d'avril à juillet 1859 voit s'affronter les armées franco-piémontaises contre celles de l'Empire d'Autriche. Cet épisode guerrier participe à la constitution de l'unité italienne et permet à Napoléon III d'annexer Nice et la Savoie au passage.

Les noms de batailles sont restés célèbres : Magenta, Solférino, Melegnano. Mais le rapport dont je retranscris ici quelques extraits montre le côté cru de la guerre : hormis les morts, il y a aussi de nombreux blessés, dont le destin est tout aussi tragique et la vie bouleversée à jamais.

Les personnes citées dans cet inventaire ont toutes subies d'importants traumatismes sur le champ de bataille. J'ai sélectionné un petit échantillon des soldats originaires des Pyrénées-Orientales. Ils sont âgés de 22 à 30 ans au moment de la campagne d'Italie. Les lieux d'origine qui sont indiqués sont souvent de simples villages, parfois des bourgs moyens, tous situés en zone rurale. Quelles ont été les vies de ces hommes une fois rentrés chez eux ? La lecture des descriptions ci-dessous permet de l'imaginer et se passe de commentaire.
Vieux papiers des Pyrénées-Orientales
Charge des hussards à la bataille de Solférino

Statistique médico-chirurgicale de la campagne d'Italie en 1859 et 1860 : Service des ambulances et des hôpitaux militaires et civils. Tome 2 / par le Dr J.-C. Chenu, médecin principal d'armée .- Paris : J. Dumaine, 1869


LAFONTAINE, François-Charles, né le 21 novembre 1829, à Saint-Laurent-de-Cerdans (Pyrénées-Orientales), lieutenant, 100e de ligne. — Coup de feu à la tête, Solférino. — Paralysie de la langue et aphonie. — 5 janvier 1864

BOURNET, Baptiste, né le 31 avril 1832, à Railleu (Pyrénées-Orientales), caporal, 72e de ligne. — Coup de feu au flanc droit, Solférino. Plaie pénétrante de l'abdomen. La plaie a donné issue dans le principe à des matières fécales et à de l'urine. Le projectile perdu dans le ventre, non extrait. Constipation opiniâtre. - 30 mai 1860.

LAFEUILLE, Baptiste-Simon, né le 10 mars 1832, à Forunguères [Formiguères] (Pyrénées-Orientales), 2e zouaves. —Fracture comminutive de la partie supérieure de l'humérus, coup de feu, Magenta.—Entré à l'hôpital de la Casa-Correzione, à Milan. Désarticulation scapulo-humérale le 16 juin. Evacué guéri en France. - Entré le 29 septembre à l'hopital Saint-Mandrier, Toulon ; sorti le 30 septembre 1859. - 4 juin 1860.

PAGES, Jacques, né le 9 décembre 1835, à Ayguatébia (Pyrénées-Orientales), 65e de ligne. — Coup de feu à l'avant-bras droit et à la cuisse gauche, Magenta. — Hôpital Fate bene Fratelli. — Amputation du bras au tiers supérieur le 21 juin. —14 mars 1860

BEYNAGUET, Clément-François-Achille, né le 7 novembre 1837, à la Tour-de-Carol (Pyrénées-Orientales), 1er zouaves. — Fracture du radius droit, coup de feu, Melegnano. — Gène dans les mouvements du membre. — Gratification renouvelable

CATALA, Jean-Barthélemy-Martin, né le 15 février 1834, à Mazane [?] (Pyrénées-Orientales), 15e de ligne.— Fracture comminutive du poignet gauche, coup de feu, Solférino. — Amputation de l'avant-bras. — 18 janvier 1860

SALES, Philippe-Jean-Jacques, né le 13 octobre 1835, à Laroque (Pyrénées-Orientales), zouaves, garde. —Fracture du poignet droit, coup de feu, Magenta. —Amputation de l'avant-bras au tiers supérieur. — 18 janvier 1860

ROIG, Pierre-Jean-Paul, né le 16 mai 1834, à Arles-sur-Tech (Pyrénées-Orientales) 74e de ligne. — Coup de feu à la main gauche, Solférino. — Perte des doigts indicateur et médius et des deux dernières phalanges de l'annulaire ; atrophie et impossibilité des mouvements du reste de la main. - 4 août 1860

MOLES, Louis-Jean-Jacques, né le 30 avril 1837, à Neffiac [Néfiach] (Pyrénées-Orientales), 72° de ligne.— Plaie déchirée au tiers moyen de la face antérieure de la cuisse gauche, coup de feu, Solférino. — Cicatrice adhérente ; engorgement du membre. - Gratification renouvelable.

Source : Gallica [domaine public]
Photo : Auteur inconnu, domaine public, via Wikimedia Commons


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jeudi 13 février 2014

Incendies de forêts en 1881

La Cerdagne et le Roussillon victimes d'incendies en 1881

Vieux papiers des Pyrénées-Orientales


Retranscription d'un extrait des Rapports et délibérations du Conseil général des Pyrénées-Orientales, août 1882.


En 1881 deux incendies considérables se sont produits. L'un dans la forêt communale d'Argelès-sur-Mer a parcouru 145 hectares. Le mal pourra être réparé en partie au moyen d'un recépage. Dans la forêt domaniale de La Calm on a brûlé 267 hectares de plantation de résineux. Ce fait est d'autant plus regrettable que ces plantations âgées de 15 à 18 ans avaient pu être rendues au parcours en partie et que le restant allait être livré en 1882. Maintenant il va falloir recommencer les repeuplements et les remettre en défends pendant plusieurs années. Ces deux incendies sont attribués à la malveillance, mais les enquêtes judiciaires qui ont eu lieu n'ont pas pu amener la découverte des coupables.
Veuillez agréer. Monsieur le Préfet, l'assurance de mon respect.
Le Conservateur des forêts.
CANTAGRIL


Commentaires

La forêt domaniale de La Calme se trouve dans la partie nord de la commune de Font-Romeu-Odeillo-Via, près du chalet-refuge des Bouillouses. Nous ne sommes pas très loin de l'ermitage de Notre-Dame-de-Font-Romeu, puisque c'est justement dans un pacage de La Calme que fut trouvée la fameuse statue de la Vierge et la source qui donnèrent lieu à la fontaine du pélerin, Font-Romeu en catalan.

Concernant Argelès-sur-Mer, le conservateur ne parle que de forêt communale, sans donner plus de précision. Il est cependant probable qu'il désigne des forêts de la partie sud de la commune, située dans le massif des Albères.

Le conservateur des forêts parle ici de forêts âgées de 15 à 18 ans. Il s'agit donc sûrement d'arbres plantés dans la foulée de la loi du 28 juillet 1860 sur le reboisement et le gazonnement des montagnes. Cette loi a eu pour conséquence de voir des centaines de milliers d'arbres plantés à travers tout le département dans les années qui ont suivi, de la montagne au littoral, la loi ne s'étant de fait pas cantonnée à la montagne.


Source : Gallica (cf. lien) [domaine public]
Photo : Fabricio Cardenas [domaine public]



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mercredi 12 février 2014

Perpignan-Marseille à vélo, 22 septembre 1894

Exploit cycliste de Perpignan à Marseille en 1894

Brève parue dans Le Monde illustré du 22 septembre 1894.


Vieux papiers des Pyrénées-Orientales

Autour de la vélocipédie

Dans leur tentative du record Barcelone-Valence, E. de Perrodil et Damour ont été arrêtés par un ouragan d'une violence extrême après Villafranca. Ils se sont rendus à Perpignan pour tenter d'établir le record Perpignan-Marseille. Partis à midi 35 de Perpignan, ils ont mis 23 heures 23 minutes pour parcourir, malgré des routes défoncées par la pluie, les 380 kilomètres qui séparent ces deux villes.


Vieux papiers des Pyrénées-Orientales
Edouard de Perrodil par Jules Beau (vers 1898)

Commentaires

Édouard de Perrodil était déjà connu à l'époque en tant que journaliste mais aussi et surtout pour son record établi en 1893 avec Henri Farman du premier Paris-Madrid à vélo !

Rappelons qu'à l'époque, il y a déjà des pneumatiques, mais pas encore de changement de vitesse possible sur les vélos, ce qui rend ce genre d'exploit encore plus héroïque.

Source : Gallica [domaine public]
Photo : Fabricio Cardenas et Gallica [domaine public]
Portrait : Jules Beau [domaine public]


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lundi 10 février 2014

Salses, le 31 mai 1815

Reconduction du maire de Salses en 1815

Retranscription pour la mairie de Salses-le-Château (orthographe et accentuation fidèles au document).

Vieux papiers des Pyrénées-Orientales

Extrait des registres des délibérations du Conseil Municipal de la commune de Salces Canton de Rivesaltes département des Pyrénées Orientales

Salces

L'an mil huit cent quinze et le trente unieme may dans le lieu ordinaire des sceances de la mairie de la commune de Salçes ; s'est présenté Monsieur Marc Barthe maire de la commune susdite, délégué par Monsieur le Sous Préfét de l'arrondissement de Perpignan par sa lettre du vingt sept du courant à l'effet d'être installé les nouveaux maire et adjoint de la même commune savoir le dit Monsieur Barthes confirmé dans ses fonctions de maire, et Monsieur Antoine Ayrollés en remplacement de Monsieur Jean Vidal Vaquér lesquels ont été nommés à cet effet par l'assemblée primaire de la commune susdite le vingt quatre du courant.
Après avoir fait lecture de l'arrêté de Monsieur le Préfét de ce département en datte du vingt sept courant, avons installé les dits Messieurs Marc Barthe en qualité de maire et Antoine Ayrolles en qualité d'adjoint les quels ici présens ont déclaré accepter les fonctions qui leur sont ci dessus  délégué et ont de suite prété individuellement en présence des membres du conseilici présens extraordinairement assemblés le serment préscrit par l'article 56 du Senatus Consulte du 28 floreal an 12 conçu en ces termes.
"Je jure obeissance aux constitutions de l'Empire et fidelité à l'Empereur."
De tout quoi a été dressé le présent procés verbal qui a été signé des dits messieurs Barthe Maire, Ayrolles adjoint et des autres membres du conseil présens.
Les jour mois et an que dessus, Barthe, Ayrolles, Lanes, J Jordy, Bertrand, Deloupy, Jh Vidal, Castell, Clarét, Pams signés
Pour copie conforme délivrée par nous
Maire de la commune de Salçes, soussigné

[signature]
Barthe

Vieux papiers des Pyrénées-Orientales

Commentaires

La population de Salses est de 749 habitants en 1806 (3155 en 2011).
Parmi le noms des élus cités, Vidal, Lanes, Jordy Bertrand, Claret et Pams font encore partie des noms les plus communs à Salses en 1841.

Le maire Marc Barthe était entré en fonction en 1814. Il est ici reconduit et gardera son échappe de maire jusqu'en 1830.
L'adjoint au maire Jean Vidal est remplacé par Antoine Ayrolles.

L'orthographe Salces est utilisée indifféremment en concurrence avec Salses du 18ème jusqu'au début du 20ème siècle.

Source: ADPO, 2M37
Photos : Fabricio Cardenas [cc-by-sa]



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dimanche 9 février 2014

Bouleternère, le 1er juin 1815

Changement de maire à Bouleternère en 1815

Retranscription pour la mairie de Bouleternère (orthographe et accentuation fidèles au document).

Vieux papiers des Pyrénées-Orientales


Commune de Bouleternere

Extrait du registre  des délibérations de la commune de Bouleternere.

Cejourd'huÿ Premier juin de l'an mil huit cent quinze nous soussigné maire de la commune de Bouleternere, 3e arrondissement du département des Pÿrennées Orientales d'après l'arrêté de Mr le Prefet de ce departement en date du 27 dernier et les ordres de Mr le sous-prefet dans sa lettre du 29 du même mois qui nomme Mrs Jean Marmer Pere et Joseph Coste maire et adjoint de la commune de Bouleternere élus par l'assemblée primaire de la dite commune le 21 mai dernier, se sont presentés devant nous les dits sieurs Marmer Pere et Joseph Coste afin d'être installés dans leur dite place ; lesquels pour satisfaire a l'article 56 du Senatus Consulte du 28 floreal an 12 ont porté le serment suivant "Je jure obeissance aux constitutions de l'empire et fidelité a l'empereur" après le dit serment Mr le maire leur leur a remis l'écharpe et autres objets relatifs a leur place et les a installés dans leur fonctions de tout quoi a été dressé le présent que nous avons signé avec les dits sieurs Jean Marmer maire et Joseph Coste adjoint. Signé Marmer, Jh Coste, Guirÿ maire.

Pour copie conforme

[Signature]
Marmer maire

[Texte barré]
Vü la délibération ci dessus
Le sous-prefet de l'arrondt de Prades
Estime qu'il y a lieu d'approuver la nomination

Vieux papiers des Pyrénées-Orientales


Commentaires

En 1806, Bouleternère compte 730 habitants (859 en 2011).

Le maire, Guiry, est remplacé par Jean Marmer en 1815.
L'acte est une copie, donc nous ne disposons que de la belle signature du nouveau maire, ce qui prouve qu'il sait écrire.
Guiry (ou Guyri) et Coste sont cités parmi les noms les plus communs à Bouleternère en 1841.
La liste des maires fournie par le site MaireGenWeb se révèle, au vu de ce document, comme étant incomplete, bien que la source affichée semble être la mairie de Bouleternère elle-même. Cela nous permet tout de même d'avoir le nom complet du maire sortant, Athanase Guiry, maire de 1799 à 1821 d'après cette source. On ne peut savoir pour l'instant si le mandat de Jean Marmer n'a duré que le temps des Cent-jours. En tout cas cela montre une disgrâce momentanée de Guiry qui s'était peut-être montré trop favorable à la restauration de la monarchie en avril 1814. Il est donc possible que Guiry ait retrouvé sa fonction dès la fin des Cent-Jours, en juillet 1815, auquel cas Marmer ne serait resté maire que deux mois, ce qui peut expliquer l'oubli de ce maire éphémère par la mairie de Bouleternère elle-même dans son récapitulatif.


Source : ADPO, 2M37
Photos : Fabricio Cardenas



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vendredi 7 février 2014

Eloge du Roussillon, 25 mars 1933

Le paradis sur Terre se trouve en Roussillon

Retranscription de l'article paru dans le quotidien L'Écho d'Alger, 25 mars 1933.

Après avoir lu cet article, vous pourrez constater que le doute n'est plus permis : les Pyrénées-Orientales sont le paradis sur Terre.
L'article, quoiqu'un peu long, mérite d'être lu jusqu'au bout pour les envolées lyriques du journaliste, qui n'a malheureusement pas signé.


Vieux papiers des Pyrénées-Orientales


Le Roussillon

Une terre que la nature semble avoir voulu combler de ses dons pour en faire un musée permanent du tourisme, c'est le Roussillon.
Deux voies ferrées internationales l'encadrent en ses faces est et ouest. Des paquebots rapides le mettent à 19 heures d'Alger et à 21 heures d'Oran.
Le Roussillon, terre de vacances ; le Roussillon, terre de santé.

Aimez-vous la mer ? La côte méditerranéenne vous offre tantôt d'immenses plages de sable fin, tantôt d'impressionnantes falaises qui découpent d'intimes petites criques  : Banyuls, Collioure, Argelès, Canet plage, le Barcarès sont des lieux de prédilection des baigneurs.

Préférez-vous la montagne ? Le Canigou, le Carlitte, le Costabonne, le Roc de France, les monts Albères et les Corbières mettent à votre disposition toute une gamme d'excursions depuis la plus simple et facile jusqu'à la rude escalade de sommets situés à près de trois mille mètres d'altitude. Le gibier y abonde : lapins, lièvres, perdreaux, sangliers, isards tentent le fusil du chasseur ; les truites foisonnent dans tous les torrents et dans les lacs des Bouillouses, du Lanoux, de Puyvalador. Le campeur n'a que l'embarras du choix pour établir sa tente en des sites pittoresques où il trouvera ombrage, fraîcheur, eau limpide en abondance. Des stations élégantes sans snobisme : Amélie-les-Bains, Font-Romeu, Prades, Vernet-les-Bains, d'autres plus modestes mais non moins accueillantes, Formiguères, Latour de Carol, Mont-Louis, Prats-de-Mollo, Saint-Laurent-de-Cerdans, Bourg-Madame s'échelonnent à toutes les altitudes.

Perpignan, capitale du Roussillon, est la charnière d'un éventail de routes touristiques que ne manquera pas de parcourir l'automobiliste. Il visitera les Monts Corbières et le Fenouillède où les célèbres gorges de Saint-Antoine de Galamus retiendront particulièrement son attention. La fertile vallée de la Têt le conduira dans le Conflent dominé par le belvédère du Canigou dont il pourra gravir les pentes jusqu'à 2.220 mètres par une route vertigineuse que le guide Michelin proclame la plus pittoresque de toutes les Pyrénées. Il poursuivra dans tous les cas son itinéraire vers le Capcir et les gorges de l'Aude. Puis, vers la Cerdagne qui, royaume du ski pendant l'hiver, devient en été le royaume des fleurs ; puis encore vers la mystérieuse Andorre qu'une excellente route permet désormais de traverser de part en part. Revenant ensuite sur ses pas, l'automobiliste gagnera le riant Vallespir, dont le trèfle touristique formé par un réseau de routes en corniche procurera à son regard d'immenses vue panoramiques sur la mer, les monts et les plaines.

Enfin l'automobiliste serait impardonnable s'il n'accordait une visite spéciale à la côte Vermeille, joie des peintres et des artistes, patrie des vins, le Banyuls qui constituent avec ceux de Rivesaltes et de l'Agly la trilogie la plus savoureuse des crus du Roussillon.

L'archéologue trouvera dans les Pyrénées-Orientales une collection de monuments historiques, d'églises romanes, de vieux cloîtres, d'antiques abbayes, ; citons en passant le Castillet, la Loge, le Palais des Rois de Majorque, la Cathédrale Saint-Jean à Perpignan, le château-fort de Salces, les églises de Prats-de-Mollo, de Collioure, de Coustouges, les cloîtres d'Elne et d'Arles-sur-Tech, l'abbaye de Saint-Martin du Canigou, le monastère de Serrabone, l'ermitage de Font-Romeu, les villes fortifiées de Villefranche-du-Conflent et de Mont-Louis, le vieux pont de Céret et les tours sarrasines. Les légendes abondent, les villages ont conservé leurs danses traditionnelles qu'accompagnent les cobla catalanes. La flore méditerranéenne s'épanouit dans toute sa richesse et sa variété : mimosa, orangers, lauriers-roses, palmiers, eucalyptus, oliviers, chênes-liège. Au printemps, la plaine se couvre comme par enchantement d'une abondante floraison rose et blanche de pêchers, d'abricotiers, de cerisiers et de pommiers.  En automne, les vignes pourpres, les hêtres et les châtaigniers dorés étendent leur manteau aux couleurs catalanes dans les vallons et sur les coteaux.

Si donc, en débutant, nous avons appelé le Roussillon, terre de vacances, nous devons dire aussi terre de beauté et cette beauté d'ailleurs n'est-elle pas une des conditions premières pour des vacances heureuses ?

Nous ajouterons maintenant : terre de santé. Quoi de plus vivifiant en effet, qu'un séjour au grand air, sous un ciel toujours pur où resplendit un soleil radieux dont les ardeurs sont tempérées par la brise de la mer ou de la montagne, des bois et des forêts, des platanes séculaires répandant en maints endroits leur ombre bienfaisante.

"Deus nobis haec otia fecit". 
"Dieu créa pour nous ces repos" a dit le poète latin. Le Roussillon, c'est le calme de l'esprit dans la tranquillité de l'âme, l'oubli des soucis, la détente de tout l'être après l'agitation du labeur annuel. Les anémiés, les fatigués, les surmenés puiseront à Font-Romeu, à Superbolquères, aux Escaldes, de nouvelles forces morales et physiques. Les montagnes catalanes renferment dans leur sein de miraculeuses sources thermales aux propriétés les plus variées.

L'Espagne est là toute proche, Cerbère, Le Perthus, Bourg-Madame, l'Andorre vous en ouvrent les portes ; munissez-vous d'un passeport pour vous et d'un triptyque pour votre voiture ; vos randonnées à travers la Catalogne espagnole, une visite aux îles Baléares ajoureront un charme de plus à vos vacances en Roussillon.

Source : Gallica
Photo : Fabricio Cardenas



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mardi 4 février 2014

Accident à Montbolo en 1886

Trois morts dans une carrière de Montbolo

Drame à Montbolo le 20 mars 1886, paru dans Le XIXe siècle du 21 mars 1886.


Vieux papiers des Pyrénées-Orientales
Vue du village de Montbolo


Un éboulement

Un éboulement s'est produit hier soir à cinq heures, dans une carrière de pierre à plâtre, à Montbolo, près Amélie-les-Bains (Pyrénées-Orientales).
Il y a eu plusieurs victimes ; trois ouvriers ont été écrasés sous les décombres ; on n'a pu retirer leurs cadavres qu'après quinze heures de travail.

Commentaires

En 1886, la population de Montbolo est de 256 habitants (186 en 2011).

Le plâtre étant un produit transformé, il s'agit bien évidemment ici d'un gisement de gypse à ciel ouvert, ainsi qu'il en existe d'autres dans la région (Lesquerde et Amélie-les-Bains notamment). On trouve aussi à Montbolo de la lutite et de la dolomie.

Il y avait peu de terres cultivables à Montbolo, et l'exploitation de la forêt et des carrières représentait la principale activité.

Source :  Le XIXe siècle du 21 mars 1886 [domaine public]
Photo : Fabricio Cardenas [cc-by-sa]


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lundi 3 février 2014

Pluies diluviennes en décembre 1932

Vieux papiers des Pyrénées-OrientalesInondations destructrices en décembre 1932 dans les Pyrénées-Orientales

Actualités du département parues dans Le Figaro du 21 décembre 1932.

Après les pluies diluviennes dans le midi

Un autre danger : la terre qui glisse

Perpignan, 20 décembre

Le glissement du terrain redouté à Thomas-les-Bains s'est produit. Le hameau avait été évacué par les habitants à la demande du sous-préfet. La terre s'est amoncelée entre l'établissement thermal et la petite localité, barrant le cours de la rivière. Si celle-ci rompt sa digue artificielle, le hameau risque d'être entièrement emporté.
Un autre glissement de terrain est signalé près de l'usine électrique de la Cassagne, dans la vallée de la Têt, ainsi qu'à Montbollo, où trois maisons qui menacent ruine sont gardées par les gendarmes pour empêcher les habitants d'y revenir.
A Mont-Ferrer, un éboulis sur une longueur de 500 mètres descend vers le hameau de Canpatère dont les maisons ont été abandonnées.
Le presbytère de Rabouillet s'est écroulé. Le moulin à farine de Conat a été démoli.
Des routes et des ponts ont été détruits à Prats-de-Sournia et à Saint-Laurent de Cerdans.
A Montlouis le grand canal de la Salitte a été démoli. Des perturbations importantes se sont produites dans les communications ferroviaires, téléphoniques et télégraphiques.
A Perpignan, cent cinquante personnes ont du se réfugier dans les écoles où la municipalité assure leur ravitaillement.
Toutefois, la pluie ayant cessé, la situation est moins alarmante.


Commentaires

Quelques précisions concernant les lieux cités.
Le hameau de Saint-Thomas-les-Bains est d'abord intégré au sein de la commune de Prats-Saint-Thomas lors de la création des communes à la Révolution française, puis celle-ci fusionne avec Fontpédrouse en 1822.
La Cassagne ne désigne pas ici la commune de Cassagne qui est située dans la vallée de l'Agly, mais bien plutôt un hameau de la commune de Sauto et situé dans la vallée de la Têt, tel que le précise l'article.

Fontpédrouse, Mont-Louis et Sauto sont en haut-Conflent. Conat est en bas-Conflent.
Montbolo, Montferrer et Saint-Laurent-de-Cerdans sont en Vallespir.
Prats-de-Sournia et Rabouillet sont dans les Fenouillèdes.
Perpignan est dans le Roussillon. 

On peut en conclure que ces inondations ont touché toutes les hauteurs du département. Perpignan n'est pas loin de l'embouchure de la Têt, les inondations y sont fréquentes.

Source : Gallica [domaine public]
Photo : Fabricio Cardenas [domaine public]


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dimanche 2 février 2014

Tempête dans le Haut-Vallespir, 10 janvier 1900

Nombreux dégâts causés par la tempête de janvier 1900 en Haut-Vallespir

Paru dans le quotidien La Croix, 10 janvier 1900.


Vieux papiers des Pyrénées-Orientales


En mer

Violente tempête

Une violente tempête Nord-Ouest s'est abattue sur les cantons d'Arles-sur-Tech, Prats-de-Mollo.
A Amélie-les-Bains, de gros arbres ont été déracinés. Les fils conducteurs de l'éclairage électrique ont été coupés.
Au village de Montbollo, la toiture de l'église récemment construite a été enlevée.
Près de Prats-de-Mollo, la toiture d'une ferme a été emportée par le vent.
Aucun accident de personne.


Vieux papiers des Pyrénées-Orientales
L'église de Montbolo

Commentaire

Météo agitée dans le Haut-Vallespir...

Il n'y a qu'une église romane à Montbolo (avec un seul "l"). C'est donc sans nul doute la toiture qui avait été récemment reconstruite et non l'église elle-même.
Il est étrange que La Croix ait classé ce fait divers dans la rubrique En mer où l'on retrouve notamment une actualité concernant Cherbourg.

Source : Gallica
Photo : Fabricio Cardenas
Photo église : Bertrand Grondin, cc-by-sa


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samedi 1 février 2014

Images d'Amélie-les-Bains-Palalda en 1862

Amélie-les-Bains et Palalda à travers des gravures de 1862

Quelques vieilles images d'Amélie-les-Bains-Palalda parues en 1862 dans un ouvrage du docteur Ernest Génieys, Indicateur médical et topographique d'Amélie-les-Bains (Pyrénées-Orientales). Ce livre mélange curieusement l'étude médicale concernant les avantages de la station thermale d'Amélie-les-Bains et le guide touristique présentant les points d'intêret de la commune et de ses environs.

Vieux papiers des Pyrénées-Orientales
Vue générale d'Amélie-les-Bains et de l'établissement militaire

Vieux papiers des Pyrénées-Orientales
Vue du village de Palalda, depuis la route d'Amélie-les-Bains à Céret

Vieux papiers des Pyrénées-Orientales
Vue générale d'Amélie-les-Bains - Vue prise depuis le pont de Palalda

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Etablissement civil du docteur Pujade


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Piscine du docteur Pujade


Vieux papiers des Pyrénées-Orientales
Cascade dans le jardin de l'établissement du docteur Pujade


Source : Gallica
Photos : Fabricio Cardenas d'après l'ouvrage cité [domaine public]



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