jeudi 31 juillet 2014

Vent violent de Fitou à Millas en février 1892

Un train soufflé par le vent

En février 1892, le vent violent provoque des accidents en série dans le département, allant jusqu'à renverser un train au bord de l'étang de Salses-Leucate et une charrette à Millas. Ces faits sont relayés dans la presse nationale.

Vieux papiers des Pyrénées-Orientales
L'étang de Salses-Leucate

Dépêche parue dans le Figaro du 14 février 1892.

- PERPIGNAN, 13 février. - La violence du vent qui souffle depuis quelques jours a redoublé ce matin. Sur plusieurs points des poteaux télégraphiques ont été renversés, des arbres déracinés, des cheminées abattues.

De nombreux accidents se sont certainement produits sur tous les points du département; on n'en signale encore que deux. A dix heures, sur la ligne de Perpignan à Narbonne, un train de marchandises a été culbuté près de Fitou ; la locomotive est restée debout, mais les wagons ont été précipités dans la tranchée qui borde la voie ; quelques-uns ont même roulé jusque dans l'étang de Leucate. Le mécanicien et le chauffeur n'eurent aucun mal, mais le serre-frein placé dans le dernier wagon a été fortement contusionné. La voie reste interceptée et la circulation est interrompue entre Narbonne et Perpignan et l'Espagne. Une machine de secours, emportant le matériel nécessaire au déblaiement, a quitté Perpignan à midi, emmenant une escouade sous la conduite de M. l'ingénieur Dupuy. La Compagnie du Midi espère que la circulation sera rétablie vers sept heures du soir, si la violence de la tempête ne contrarie pas trop les efforts des employés.

A Millas, un autre accident s'est produit. Deux charrettes, appartenant à M. Camille Gouzy, propriétaire, passaient sur le pont de la Têt, avec un chargement de fourrage, lorsqu'elles furent précipitées dans la rivière, d'une hauteur de 10 mètres. Les chevaux furent tués dans la chute. Les conducteurs, qui marchaient à côté de ces charrettes, n'eurent aucun mal.

Les numéros de la semaine suivante du Figaro ne mentionnent pas d'autres incidents.

Source : Gallica (cf. lien)
Photo : Fabricio Cardenas (CC-BY-SA)



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lundi 28 juillet 2014

Séances d'hypnose à Céret en 1892

Un garçon coiffeur de Céret très étonnant


Le philosophe et médium Émile Boirac (1851-1917) publie dans L'avenir des sciences psychiques (éditions Alcan) en 1917 le témoignage de Jean B., instituteur à Perpignan et qui se rappelle l'époque où il était en poste à Céret. Il semble que l'un des garçons coiffeurs de l'époque ait eu des dons extraordinaires de vue extra-lucide. Peut-être certains de mes lecteurs arriveront-ils à identifier précisément les lieux et les personnes cités ? Les prénoms et les initiales véritables ont été conservés, d'après l'auteur, et le salon de coiffure était situé rue Saint-Ferréol.

Vieux papiers des Pyrénées-Orientales
Émile Boirac
Le texte est un peu long mais mérite d'être lu en entier car les expériences sont étonnantes et semblent démontrer les talents  de voyance de ce jeune cérétan.

Note : J'ai remonté les notes de bas-de-page pour une meilleure compréhension du texte.

» Au mois d'août 1892, j'étais alors instituteur à Céret, un hypnotiseur de passage donna une séance d'hypnotisme dans un café de cette ville. Un jeune homme de 18 ans, Raymond S. employé chez M. Antoine R. coiffeur, de qui j'étais le client, fut pris comme sujet par l'expérimentateur.
» Quelques jours après, étant allé me faire raser, la conversation roula sur les expériences auxquelles S. s'était prêté. Il me proposa de l'endormir. Nous étions seuls, son patron accomplissait en ce moment une période militaire de treize jours à Perpignan. Je me prêtai donc à son désir et j'eus la satisfaction de réussir, satisfaction d'autant plus vive que c'était la première fois que je me livrais à cet essai. Le jeune S. était d'ailleurs un sujet merveilleux, d'une sensibilité et d'une suggestibilité extrêmes. Je n'eus pas de peine à répéter avec lui toutes les expériences que j'avais vu faire à l'hypnotiseur de profession.

» Je vins alors, très souvent, au salon de coiffure de M. R. car je me passionnai pour ces expériences. L'idée d'essayer la seconde vue, dont j'avais lu des relations qui m'avaient laissé fort sceptique, me vint un jour. C'était un jeudi, vers 5 heures du soir. M R. n'avait pas encore terminé sa période de treize jours il en était à sa première semaine et se trouvait donc encore à Perpignan. Je dis à S. ce que j'attendais de lui, il s'y prêta aussitôt, curieux comme moi de connaître le résultat de ces expériences. Je l'endormis et lui ordonnai de chercher son patron. Il devait être alors 5 h. 1/4,. Après quelques instants de silence, le sujet me dit « Je le vois. » - Où ? lui demandai-je. « II est au café. » - Lequel ? « Au café de la Mairie.» - Que fait-il? « Il prend l'absinthe. » - Est-il tout seul ? « Non, il est avec deux autres camarades. » - Les connaissez-vous ceux-là ? « Non, je ne les connais pas. » Puis, se ravisant : « Ah il y en a un que j'ai vu ici pour la Saint-Ferréol » (on désigne ainsi la fête patronale de Céret). Ne trouvant rien plus à demander concernant M R. je l'envoyai chez lui - il était du Soler et il me dit voir sa mère vaquant aux soins du ménage, son frère assis dans la cuisine, etc., bref, des banalités ; aussi n'insistai-je pas, car je ne voyais pas le moyen d'en contrôler l'exactitude. Je le réveillai là-dessus et lui racontai tout ce qu'il m'avait dit. Il en était tout étonné, car il ne se souvenait de rien.

» Quelques instants après je l'endormis de nouveau et l'envoyai encore à la recherche de son patron. A ma question : « Voyez-vous encore votre patron? » II me répondit « II n'est plus au café. » - Où est-il donc ? « Il marche. » - Est-il encore avec ses camarades ? « Il y en a un qui est parti. » - Lequel ? « Celui qui était ici pour la Saint-Ferréol. » - Puisqu'ils marchent, suivez-les, où vont-ils? « Je ne sais pas. » - Eh bien, vous me le direz quand vous le saurez. Ici un silence d'une minute environ, puis, tout à coup « Ils vont souper » - Comment le savez-vous? « Ils entrent à la Boule d'Or. »
» Je n'insistai pas davantage et je réveillai mon sujet qui d'ailleurs paraissait fatigué.
» Restait maintenant à contrôler l'exactitude des faits qu'il m'avait dévoilés.


Vieux papiers des Pyrénées-Orientales
Publicité de 1912 pour La Boule d'Or


» Je savais que M. R. devait venir le samedi suivant en permission de vingt-quatre heures. Je me proposai d'aller l'attendre à la gare et de l'interroger aussi habilement que je le pourrais sur l'emploi de son temps, le jeudi soir entre 5 heures et 6 heures. C'est ce que je fis. En chemin, je lui dis : « Jeudi dernier, vers 5 h. 1/4, je vous ai vu à Perpignan. Vous étiez au café de la Mairie (note : Actuellement hôtel-restaurant Gadel, à côté du café de la Loge.), vous preniez l'absinthe avec deux de vos camarades. » M. R...., me regardant, me dit simplement « Pourquoi n'êtes-vous pas venu me dire bonjour? Vous auriez fait comme nous. » – Je n'ai pas osé, craignant d'être indiscret lui répondis-je ; d'ailleurs j'étais pressé, je n'en avais pas le temps. « Tant pis, vous m'auriez fait tout de même plaisir de me dire un mot. » - A propos, lui demandai-je, quels étaient vos deux camarades ? L'un d'eux n'a-t-il pas été ici à Céret? « Mes camarades s'appellent l'un F. qui est d'ailleurs d'ici, mais qui n'y habite plus, et l'autre, Charles M. pâtissier à Perpignan. » - Lequel des deux était ici, pour la Sain-Férréol ? « Eh bien, c'est mon ami Charles que j'avais invité pour la fête. » - Alors c'est lui qui vous a quitté quand vous êtes allé souper avec F. à la Boule d'0r ?
» A cette interrogation, M. R. me regarde stupéfait et s'écrie: « Comment le savez-vous ? Vous m'avez donc suivi ? Que me racontiez-vous donc tout à l'heure que vous étiez si pressé ! » Je ne pus m'empêcher de rire et fus obligé de lui dire comment j'avais obtenu ces renseignements.
» M. R. n'avait sans doute aucune idée des phénomènes hypnotiques, car il n'ajouta aucune créance à mon dire et il s'écria : « Vous êtes un farceur ! Vous vous gaussez de moi ! » Et j'eus beau essayer de le convaincre que je n'avais pas employé d'autres moyens pour connaitre l'emploi de son temps, je ne pus y réussir.
» Enfin, lui dis-je, l'essentiel pour moi c'est que vous reconnaissiez que tout ce que je vous ai dit est exact. Pour le reste, puisque vous êtes si incrédule, je vous le ferai voir un de ces jours. J'espère, alors que vous serez convaincu. « Oh ! Si je le vois, je le croirai. » Nous nous quittâmes sur ces mots.


» Le samedi suivant, M. R. était rentré définitivement à Céret, sa période de treize jours terminée. Etant allé me faire servir ce jour-là, il me rappela lui-même ma promesse et nous nous donnâmes rendez-vous pour le lundi soir après 8 heures afin d'être tout à fait libres. Le lundi est, en effet, jour de repos pour les coiffeurs. Je n'eus garde de manquer au rendez-vous. A 8 heures, je me rendis au salon de coiffure où se trouvaient déjà, outre M. R et son employé, la soeur de celui-ci, demoiselle d'une quarantaine d'années, un M. S..., ancien boucher et une autre personne que je ne connaissais pas. J'endormis S... et lui fis exécuter diverses suggestions, à l'étonnement dès assistants qui n'en avaient jamais été témoins ; puis je le réveillai. Sur ces entrefaites, Mme R. paraît sur le seuil de la porte du salon de coiffure. (Ce salon qui est situé dans la rue Saint-Ferréol, laquelle est perpendiculaire au boulevard Saint-Roch et à trente pas de ce boulevard, n'a qu'une entrée donnant sur la rue ; Mme R. a son habitation dans l'intérieur de la ville.) Mme R. se montre donc sur le seuil, parait un moment interdite et, s'adressant à son mari, sans finir d'entrer, lui dit: « Antoine, je vais où tu sais. » Et, sans d'autres mots, elle s'en va.

» Alors, une inspiration me vint. Je demandai à M. R. : « Est-ce que votre employé sait où va votre femme et ce qu'elle va faire ? » (note : Je posai cette question au préalable, car je savais que l'employé était nourri et logé chez son patron. ) - « Cela non, il l'ignore totalement, car c'est une affaire entre ma femme et moi. » - Eh bien, lui dis-je alors, si votre employé nous dit où va votre femme et ce qu'elle va faire, croirez-vous qu'il ait pu me dire ce que vous faisiez, vous, à Perpignan ? « Oh alors, je ne douterai plus. » - Bien, nous allons voir.
» J'endormis aussitôt le sujet et le fis asseoir dans un fauteuil : Suivez Mme R. lui ordonnai-je ; la voyez-vous ? « Je la vois, elle descend la rue Saint-Ferréol. » (note : La rue Saint-Ferréol est très longue et descend en pente, orientée de l'est à l'ouest.). - Bon, suivez-là, vous me direz ce qu'elle fait. Au bout d'un instant de silence, il dit  : « Elle est arrêtée. » - Où cela ? « Au fond de la rue. » - Que fait-elle? « Elle parle. » - Avec qui ? « Avec une femme. » - La connaissez-vous cette femme ? « Non,je ne la connais pas. » - Vous ne savez donc pas quelles sont ses occupations? « Si, elle vend du vin. » - Et où demeure-t-elle ? « A main gauche en descendant. » Alors l'idée me vint, puisqu'il voyait les deux femmes causer, de lui faire entendre ce qu'elles disaient. Eh bien, puisqu'elles causent, écoutez ce qu'elles disent et répétez-le moi. « Je n'entends pas », me répondit-il. - Ecoutez, insistai-je, vous entendrez. Il me répéta, cette fois en élevant la voix et avec une certaine irritation « Je n'entends pas. » - Je veux que vous entendiez ordonnai- je.
» Aussitôt, le visage du sujet changea d'expression ; on voyait qu'un violent effort crispait sa volonté, les veines de son front se gonflèrent, puis, tout à coup, tout son être tendu, d'une voix saccadée, étrange, il proféra ces deux mots : « Argent... Espagne ! » et il se laissa aller dans le fauteuil comme épuisé. Je le réveillai aussitôt, un peu effrayé, et comme il demeurait comme prostré, je dus lui mouiller les tempes avec une serviette, ce à quoi je n'avais jamais eus recours encore.
» Sur ces entrefaites, Mme R. rentre dans le salon de coiffure. Je m'avance aussitôt vers elle, et, avant que personne lui adresse la parole, je lui dis : « Madame, est-ce vrai que vous venez du fond de la rue Saint-Férréol de trouver une marchande de vin avec laquelle vous avez causé, je ne sais à propos de quoi, d'argent..., d'Espagne...» Mme R. me regarde en riant et m'explique aussitôt (note: En catalan dans le texte mais nous donnons ici la traduction en français faite par M. Jean B. lui-même.) : « Oui, je viens de chez la femme T. ; comme je sais que son mari doit aller en Espagne cette semaine, je viens de lui demander s'il pourra me prendre les sous espagnols (la monnaie de billon espagnole) que j'ai à la maison. » A ce moment-là, en effet, il y avait quelque temps que la circulation de la monnaie de billon espagnole avait été prohibée dans le département des Pyrénées-Orientales qui en était littéralement inondé.

Source : Gallica (cf. lien)
Photo portrait : Auteur anonyme, portrait d'Émile Boirac vers 1917 (via Wikimedia Commons, domaine public).
Photo publicité : Le Rappel Catalan, 1912 (domaine public)


Retrouvez ici toutes les histoires en rapport avec Céret. 


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samedi 26 juillet 2014

Un curé SDF à Las Illas en 1907

L'église devient logement


En 1907, nous sommes en pleine période de laïcisation des institutions suite à la loi de séparation des Églises et de l'État, votée en 1905, et les tensions restent vives dans les campagnes entre les maires et les instituteurs d'un côté et les curés de l'autre. Nous en avons un exemple à travers cette petite dépêche publiée dans L'Ouest Eclair du 11 mars 1907 et relatant un fait divers survenu à Las Illas.

Note : En 1907, Las Illas est encore une commune frontalière du Vallespir peuplée de 209 habitants et qui finira par être rattachée, contre son gré, à Maureillas en 1972.
Vieux papiers des Pyrénées-Orientales
Notre-Dame du Remède

Une église-presbytère

Las Illas, 10 mars.- Le maire l'ayant mis en demeure de quitter le presbytère, le curé a transporté son mobilier à l'église, y a dressé son lit, et a décidé d'y loger et d'y coucher.
Le maire a résolu de porter l'affaire en référé devant le tribunal de Céret.

L'église Notre-Dame du Remède, qui a du servir de logement au curé, est tout de même relativement isolée (quasiment au milieu de rien dans la montagne), à mi chemin entre la Las Illas et La Selve (ancienne commune absorbée par Las Illas en 1823). Sans doute le presbytère était-il situé au village même et d'un confort moins précaire.

Note : Un aimable lecteur m'a signalé dans un commentaire ci-dessous que le presbytère se trouvait à l'époque des faits directement contre l'église ; il a depuis été démoli. Notre curé nomade nomade n'a donc pas eu à déménager bien loin !

Source : Gallica (cf. lien)
Photo : Fabricio Cardenas (CC-BY-SA)


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samedi 19 juillet 2014

De Quillan à Caudiès-de-Fenouillèdes à vélo en 1889

Un trajet pénible mais pittoresque

Le Véloce-sport : organe de la vélocipédie française nous donne dans son édition du 8 août 1889 quelques précieuses indications pour faire du vélo à travers les Fenouillèdes et dans la vallée de l'Agly. Les passages sont jugés en fonction de leur difficulté ou de l'état de la route, on sait où faire réparer son vélo et quels sont les monuments à visiter. Voyons ce qu'il en est.

Commençons, en venant de l'Aude, par faire le chemin de Quillan à Caudiès-de-Fenouillèdes. La commune s'appelle encore à l'époque tout simplement Caudiès, mais on utilise alors couramment Caudiès-de-Saint-Paul ou Caudiès-de-Fenouillèdes pour la distinguer du Caudiès situé en Conflent. Caudiès devient officiellement Caudiès-de-Fenouillèdes à partir de 1898.
Vieux papiers des Pyrénées-Orientales
Vélo de 1886, avec un frein à l'avant

Remarques : 
1. Gardons à l'esprit que le confort du vélo de 1889 n'a rien à voir avec celui d'aujourd'hui et que, notamment, il n'y avait pas encore de changement de vitesses possible, ce qui est un handicap certain lorsque l'on voit la difficulté des trajets décrits ci-dessous.
2. J'ai laissé l'orthographe et les abréviations telles que dans le texte d'origine. Les astérisques indiquent les lieux dignes d'intérêt.

Quillan à Caudiés

Route toute en montées ou descentes très pénibles.
Sol assez bon sauf pendant 2km où il est très mauvais.
Paysage très curieux.

Quillan * **
Trav. l'Aude.
Montée tr. dures.

Bif. du Pont-Charla ** :  tour. à dr.     2
On remonte pendant 13km5 le vallon de St-Bertrand : 3,200 m. doux ou un peu durs, 4,400 m. assez durs avec passages durs, 3,900 m. tr. durs et 2 km à pied.
Paysage monotone, versants boisés.
Immense et superbe forêt des Fanges.
Aucune aub. dans tout le trajet.

Col de St-Louis (687) * : 13,5
Limite de l'Aude et des Pyrénées-Orientales.
Desc. de 5,200 m. à pied.
Dans les 3,500 premiers m., sol passable, très belles gorges pittoresques ; la desc. s'en ferait aisément.
Tr. curieux passage de l'escargot.
Après l'escargot, palier de 150 m., puis la desc. continue pendant 150m. mais le ch. devient étroit et le sol tr. mauvais.
Ces 1,900 m. ne peuvent à peu près pas se desc. en selle.
Gorge tr. pittoresque : rochers presques nus.
Peu ondulé pendant 1,400 m.
Montée de 150 m. tr. dure dans le bourg.

Caudiés-de-Saint-Paul  * (330)  6,5

[Total]     22


La route empruntée n'est bien sûr pas la route principale le long de l'Aude (D117), mais la D109, plus au nord, et qui suit le Rau de Saint-Bertrand puis le Rau de Saint-Louis en passant par le Col de Saint-Louis.

Trajet par la D109 de Quillan à Caudiès-de-Fenouillèdes
Voyons enfin ce que nous dit le guide sur ces deux communes :


QUILLAN * ** (280)  (H. des Pyrénées)
(Ruines de chât.)
Mécanicien : B. Doumergue
Rampe douce.
Bon sol.

Caudiès-de-Saint-Paul * (330)
Bon sol.
Pente continue, moitié douce et moitié un peu dure, sauf 3 desc. tr. raides de 100 m. et 3 montées assez raides de 150 m. à 300 m.
Trav. la Boulzane, puis l'Agly.

On voit qu'il vaut mieux profiter du passage à Quillan pour se reposer à l'hôtel des Pyrénées et faire réviser son vélo, puisqu'en plus il est précisé qu'on ne trouvera aucune auberge sur la route et que certains passages sont tellement difficiles qu'il est nécessaire de les faire à pied !

Nous verrons dans un prochain article ce qu'il en est des communes situées à proximité dans les Fenouillèdes.

Pour rappel, nous avons déjà vu qu'en 1894 sera établi le record du premier Perpignan-Marseille à vélo.

Source : Gallica (article) + Wikipédia (toponymie) [cf. liens]
Carte : OpenStreetMap (CC-BY-SA)
Photo : Par ...some guy (1886 Swift Safety Bicycle)  via WC (CC-BY-SA)


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vendredi 18 juillet 2014

Médaille de bronze des postes et télégraphes en 1901

Des postiers récompensés

Rappelons à notre bon souvenir le nom de deux valeureux postiers du début du XXème siècle.
Vieux papiers des Pyrénées-Orientales
Saillagouse vers 1910

Journal officiel de la République française, 18 juillet 1901.

Par arrêté du ministre du commerce, de l'industrie, des postes et des télégraphes, en date du 10 juillet 1901, et sur la proposition du sous-secrétaire d'Etat des postes et télégraphes :

2° La médaille de bronze des postes et des télégraphes a été décernée à :

[ne figurent que les nominés des Pyrénées-Orientales]

M. Laporte (Michel-Martin-Gaudérique), facteur local à Prades (Pyrénées-Orientales) ; 25 ans de services administratifs ; 14 ans de services militaires. [lien]

M. Puig (Sauveur-Hiacinthe), facteur rural à Saillagouse (Pyrénées-Orientales) ; 33 ans de services administratifs. [lien]

Félicitations à Michel Laporte et Sauveur Puig pour leur nombreuses années passées à distribuer le courrier en Conflent et en Cerdagne. Je pense surtout à M. Puig qui devait avoir de bons mollets, car distribuer le courrier en montagne à l'époque demandait une bonne condition physique ! Concernant Michel Laporte, on peut déduire qu'il a été militaire jusqu'en 1876 avant de devenir facteur, corps d'emploi souvent utilisé pour recaser les anciens militaires en ce temps-là.

Source : Gallica
Photo : Carte postale, auteur inconnu, vers 1910 [Domaine public], via WC.


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vendredi 11 juillet 2014

Première corrida avec mise à mort à Céret en 1894

Vieux papiers des Pyrénées-Orientales
Le monument aux toréadors du monde à Céret
La Féria de Céret a lieu cette année du 11 au 14 juillet et attire comme à son habitude de nombreux aficionados venus du monde entier pour assister aux célèbres corridas ayant lieu dans les arènes de la ville. Parallèlement, on peut voir depuis plusieurs semaines dans les rues de Céret et sur le marché les groupes d'opposants à la corrida venant faire valoir leurs arguments sur la cruauté envers les animaux. Entre art, tradition et vues divergentes sur le bien-être des animaux, la polémique sur la corrida ne date pas d'hier, ainsi que le montre l'article retranscrit ci-dessous et paru en 1894. Il y a 120 ans exactement avait lieu la première corrida de Céret avec mise à mort.

Le Gaulois, 8 octobre 1894

LES COURSES DE TAUREAUX

Le juge de paix de Céret vient de condamner à un franc d'amende M. Agremont André, directeur des arènes de Céret, qui, lors des courses de taureaux données à l'occasion de la fête locale de cette ville, fit mettre à mort des taureaux par des toréadors espagnols.

Les Nîmois ont donc grand tort de protester si bruyamment contre l'arrêté préfectoral
qui a interdit la mise à mort du taureau. Ils n'ont qu'à le considérer comme non avenu, puisque ça ne coûtera à la direction des arènes qu'un franc par corrida !

***

Encore faudra-t-il que le juge de paix de Nimes se montre aussi sévère que celui de Céret.
A Bayonne, les juges sont encore plus indulgents. C'est ainsi que le tribunal civil a acquitté, hier, sur les conclusions du ministère public, l'administrateur des arènes bayonnaises, poursuivi comme civilement responsable d'une infraction à la loi Grammont, à la suite de la mise à mort de cinq taureaux et de dix chevaux.
Le jugement est longuement motivé ; les considérants portent que les arènes ne peuvent pas être considérées comme lieu public ; que la loi Grammont n'est pas applicable aux courses espagnoles, postérieures à la promulgation de la loi ; les chevaux sont considérés comme propriété privée.
C'est le quatrième acquittement prononcé par les juges de ce même tribunal. Le prononcé du jugement a été applaudi.

Maitre Z.

Quelques commentaires, tout d'abord sur la Loi Grammont et ensuite sur la corrida à Céret en 1894.

La Loi Grammont du 2 juillet 1850
« Seront punis d'une amende de cinq à quinze francs, et pourront l'être d'un à cinq jours de prison, ceux qui auront exercé publiquement et abusivement des mauvais traitements envers les animaux domestiques. »

Le député Jacques Delmas de Grammont  (1796-1862), auteur de la loi, ne semble pas lui-même se soucier des courses de taureaux avec cette loi puisqu'il préside les arènes de Bayonne lors des premières corridas de 1853, tenues en présence de l'impératrice Eugénie, d'origine espagnole. Toutefois, en 1884, le ministre de l'intérieur Pierre Waldeck-Rousseau étend l'application de la loi aux corridas sans que cela soit clairement dit dans les textes. Il faut attendre un arrêt de la cour de cassation du 16 février 1895, soit à peine quelques mois après les événements narrés ci-dessus, pour que le taureau soit considéré comme un animal domestique et entre donc officiellement sous la protection de la loi Grammont. Par la suite, la corrida est souvent tolérée et la nouvelle loi de 1951 qui sanctionne la cruauté envers les animaux domestiques précise qu'elle n'est pas applicable aux courses de taureaux lorsqu'une tradition ininterrompue peut être évoquée. Plusieurs communes du département des Pyrénées-Orientales ont une tradition de corrida reconnue mais seules deux la pratiquent encore, Céret et Millas.

La corrida à Céret en 1894
La tradition des courses de taureaux est connue à Céret depuis le Moyen Âge. Des arènes ont existé au XIXème siècle en différents endroits de la ville : place du château, place du Barri, près de la Fontaine d'Amour, et en 1894 au croisement de l'avenue Clémenceau et de la rue Jean Amade. A cette date, l'adjudication des courses de taureaux, souvent organisées pour la Saint-Ferréol (mi-septembre), est attribuée à deux associés, André Agremon [sans t], marchand de bois à Céret, et Jean Bousquet. Ils sont les premiers à introduire à Céret les courses de taureaux à l'espagnole, avec mise à mort pour deux taureaux cette année-là, et des toréadors espagnols sont invités pour l'occasion. Malgré l'interdiction des mises à mort par arrêté du préfet le 28 septembre, il semble que le spectacle ait eut lieu puisque l'article du Gaulois confirme la condamnation d'Agremon à une amende d'un franc, ce qui est loin d'être dissuasif. Il n'y aura toutefois pas de mises à mort l'année suivante, mais celles-ci reprendront dès 1896.

Retrouvez ici toutes les histoires en rapport avec Céret.

Sources :
* Gallica
* Pierre Cantaloube, Céret et les ponts du Tech, Saint-Estève (Pyrénées-Orientales), Les Presses Littéraires, coll. « Le Tech et ses franchissements »,‎ 2004, 2e éd., ISBN 2-35073-009-3
* Wikipédia (infos diverses)


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jeudi 3 juillet 2014

Folie furieuse à l'église de Maureillas en 1907

C'est un étrange fait divers qui paraît dans le quotidien Gil Blas du 23 avril 1907. Un incident a lieu à Maureillas, commune située à l'est de Céret, impliquant un curé. De manière assez surprenante, cet épisode est remonté jusque dans la presse nationale.

Vieux papiers des Pyrénées-Orientales
L'église Saint-Etienne de Maureillas

Perpignan, 22 avril .- A Maureillas, arrondissement de Céret, un individu, dans un accès de folie furieuse, a pénétré, armé d'une fourche, dans l'église, au moment où on célébrait la grand'messe.
Une panique s'est produite. Le dément a blessé, à coup de fourche, le curé qui officiait. On n'a pu qu'à grand'peine se rendre maîtres du dément.

Le forcené en voulait-il personnellement au curé ? La profession semble comporter des risques indéniables, en tout cas. Pour rappel : l'accident survenu au curé de Théza en 1900.


Source : Gil Blas du 23 avril 1907 [domaine public] (via Gallica)
Photo : Fabricio Cardenas [CC-BY-SA]



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