mercredi 19 août 2015

Naissance du premier journal des Pyrénées-Orientales en 1815

Vieux papiers des Pyrénées-OrientalesIl y a exactement 200 ans, le 19 août 1815, paraissait le premier numéro du Mémorial administratif
des Pyrénées-Orientales. Jusqu'à cette date, le département n'avait alors aucun journal, tout comme une dizaine d'autres départements en France. Ce vide est comblé par la préfecture des Pyrénées-Orientales elle-même qui en assure alors la publication et la vente par abonnement. Le titre est modifié plusieurs fois et devient en 1831 le Journal des Pyrénées-Orientales. Le contenu présente bien évidemment le point de vue du pouvoir en place, ce qui motivera la création de L'Indépendant des Pyrénées-Orientales en 1846 afin de contrer la propagande officielle et de permettre l'élection d'Arago comme député. Le Journal des Pyrénées-Orientales cesse de paraître en 1876, après plus de soixante ans d'existence.

Voyons à présent le contenu des huit pages de ce premier numéro.

En pages un et deux, on trouve le détail de l'arrêté préfectoral concernant la parution du journal  tous les samedis. L'article 2 de l'arrêté en définit l'objectif :
Ce Mémorial administratif sera destiné à comprendre les ordonnances du Roi, les actes du Gouvernement, les ordres ministériels, les arrêtés, circulaires et instructions de la préfecture, les avis essentiels et les nouvelles officielles qu'il convient de porter avec promptitude à la connaissance des administrés du département.
L'article 5 précise que l'abonnement, de un franc par mois, est obligatoire pour tous les maires des communes du département.

Vieux papiers des Pyrénées-Orientales

L'arrêté est signé par Paul Étienne de Villiers du Terrage (1774-1858), premier préfet des Pyrénées-Orientales depuis la Seconde Restauration et en poste depuis le 8 juillet. Il conserve cette fonction jusqu'en juillet 1818.

Vieux papiers des Pyrénées-Orientales
Le duc d'Angoulême
En pages deux et trois, on peut lire un hommage au duc d'Angoulême, Louis-Antoine d'Artois, neveu de Louis XVIII et fils du futur Charles X. Le texte rappelle l'épisode des Cent-Jours durant lequel le duc d'Angoulême leva une petite armée dans le Midi de la France afin de résister à Napoléon. On trouve donc logiquement en pages quatre et cinq la proclamation officielle du duc d'Angoulême concernant la cessation de ses fonctions militaires, l'ordre étant revenu. Il y remercie la plupart des anciennes provinces du sud de la France, parmi lesquelles le Roussillon, pour leur fidélité et leur dévouement envers le Roi durant cette période.

Enfin, les pages cinq à huit nous donnent le détail concernant le Concours pour l'admission des élèves à l'École Royale Polytechnique en 1815, dont les examens régionaux se déroulent alors à Montpellier et Toulouse à la mi-septembre. Le programme des connaissances exigées comprend de l'arithmétique, de l'algèbre, de la géométrie, de la statistique, du français et du latin ainsi qu'une épreuve de dessin : 
[Les candidats] seront enfin tenus de copier une tête d'après l'un des dessins qui leur seront présentés par l'Examinateur.
Il faut être âgé de seize à vingt ans, mais une dérogation est possible jusqu'à vingt-six ans (et même trente ans pour les sous-officiers) pour tout français qui aura fait deux campagnes de guerre ou un service militaire pendant trois ans. Il faut également un certificat de bonne conduite, délivré par la mairie de son domicile.

Source :
Numéro 1 du Mémorial administratif des Pyrénées-Orientales : fonds numérisé de la Médiathèque de Perpignan (domaine public). Illustrations :
Bandeau journal et article 7 de la page 2 : Fabricio Cardenas [CC-BY-SA]
Portrait du duc d'Angoulême : Artiste inconnu (XIXème siècle) [domaine public]

Pour rappel, les articles de ce blog en rapport avec l'année 1815 sont à relire ici.



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dimanche 9 août 2015

Un maire oublié à Catllar en 1815

Changement de maire à Catllar en 1815

En-tête du document
C'est avec la commune de Catllar [prononcer : "Cailla"] en Conflent que je poursuis mes retranscriptions concernant la période des Cent Jours dans le département des Pyrénées-Orientales. On a pu voir avec la vingtaine de communes déjà traitées que pour un tiers d'entre elles le maire reste en place suite au retour de Napoléon Ier, tandis que dans les deux-tiers restants, soit la majorité, le maire laisse son siège à un nouveau venu plus en grâce au yeux du nouveau pouvoir en place. Nous allons voir ce qu'il en est pour Catllar.

Pour commencer, quel est le maire en place ? Le site MairesGenWeb nous donne un relevé complet de la liste des maires supposée affichée en mairie. On y trouve un certain Jean Pallarès, qui aurait siégé de 1805 à 1816, soit durant presque tout le Premier Empire, la Première Restauration, les Cent-Jours (mars-juillet 1815) et le début de la Seconde Restauration. Résister à tous les changements de régime de cette époque peut-être vu comme un exploit, mais cela n'est pas banal dans les petites communes où les gens capables d'assurer la fonction de maire n'étaient pas forcément très nombreux, quoi qu'à l'époque Catllar compte tout de même plus de 500 habitants (un peu plus de 700 de nos jours), ce qui n'est pas si petit. Mais Jean Pallarès est-il vraiment resté en place durant les Cent-Jours ? La délibération du 4 juin 1815 nous révèle une autre situation à Catllar.

Note : la retranscription suit l'orthographe et les lignes du document.

Commune de Catllar
Canton de Prades
Departement des Pyrenées Orientales

Extrait du registre des délibérations de la commune de Catllar


L'an mil huit cent quinze le quatrième du mois de juin
dans la commune de Catllar, nous Jean Pallarés maire
de ladite commune aurions appelés les sieurs Joseph
Pallarés, et Joseph Delseny Massia, pour installer les susdits
a la place de maire et adjoint ainsi qu'il ma été
ordonné par monsieur le prefet d'aprés le procés verbal
des operations de l'assemblée primaire de ladite commune
en datte du vingt un mai dernier duquel il resulte
que le sieur Joseph Pallarés a été elu maire, et le sieur
Joseph Delseny Massia adjoint, de ladite commune de Catllar.
Monsieur le prefet considerant que les elections ont été
faites dans les formes vouluës par le decret impérial
du trente avril dernier, et qu'il ne sait élevé contre elles
aucune reclamations, arrête que les dits individus aprés
avoir prété le serment prescrit par l'article cinquante
six du senatus consulte du vingt huit floréal an douze
sont installés en leur ditte qualité, dont le teneur du
serment suit, je jure obeissance aux constitutions de l'Empire
et fidélité a l'Empereur. De quoi nous avons dressé le présent
procés verbal les jours, mois et an susdits, J. Pallarés maire
Pallarés Joseph, Delsenny Massia, ainsi signés.



Certifié veritable par nous
[signature]
Pallarés maire

On comprend d'après ce document que le 4 juin 1815, le maire en place Jean Pallarés laisse sa place à un certain Joseph Pallarés (peut-être un parent ?) et à son adjoint Joseph Delseny Massia. Il semble que le document soit signé par l'ancien maire, Jean, et non Joseph Pallarés. Combien de temps Joseph Pallarés est-il resté en place ? On ne le sait pas pour l'instant mais Jean Pallarés a probablement récupéré son siège après l'épisode des Cent-Jours, soit à peine un mois ou deux plus tard, ce qui pourrait expliquer qu'il soit noté comme maire jusqu'en 1816.

En tout cas, Joseph Pallarés est un nouveau exemple de maire oublié, après ceux déjà vu de Bouleternère ou de Laroque-des-Albères dans le même contexte.

Sources : 
Texte : ADPO, 2M37
Liste des maires de Catllar : MairesGenWeb (cf. lien)
Photos : Fabricio Cardenas, CC-BY-SA

Pour rappel, les autres articles de ce blog en rapport avec le Conflent sont ici.


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