Depuis quand les cerises de Céret
sont-elles les premières de France ?
Marchande de bouquets de cerises à Paris en 1815 |
Bien que le merisier ou cerisier sauvage ait toujours été présent en Europe, il faut attendre les Romains pour que ceux-ci ramènent la cerise que nous connaissons d'Asie mineure et qu'elle se développe en Europe à partir du haut Moyen Âge. Difficile donc de dire de quand date l'apparition de la cerise à Céret. Peut-être la cerise y est-elle cultivée depuis très longtemps, toutefois la production semble être restée limitée à la consommation locale jusqu'au début du vingtième siècle. En 1898, le Bulletin trimestriel du Syndicat d'initiative du Roussillon nous rappelle que la production de Céret est réputée, mais pas pour ses cerises :
Les flancs des montagnes qui avoisinent Céret sont couverts de noisetiers qui produisent des fruits universellement renommés.
Sortons donc un moment du cadre strictement départemental et essayons de savoir d'où venaient les cerises que l'on consommaient jadis à la capitale et comment elles étaient transportées. Voyons les compte-rendus de la presse à travers le temps.
Le Magasin pittoresque, 1854
A mesure que se complète le réseau de chemins de fer aboutissant à la capitale, les départements du centre et du midi se mettent en mesure de profiter des avantages résultant de ces voies de communication. De vastes vergers récemment plantés livreront dans un avenir prochain des quantités importantes de toutes sortes de fruits à la consommation parisienne. Parmi ces fruits, les cerises, guignes, bigarreaux, ne pourront arriver en bon état à leur destination que dans des paniers soigneusement bagués.
Les cerises des départements du Midi se vendent à Paris à des prix fabuleux, à l'époque où le rayon de Paris n'en a pas encore à envoyer au marché ; on en jugera par le calcul suivant. Un kilogramme de cerises est vendu, rendu à Paris, 2 francs, dans la seconde quinzaine de mai. Des revendeurs achètent ces premières cerises pour en garnir des bâtons ornés de feuilles de muguet pliées ; chaque bâton porte six cerises, du poids moyen de 3 grammes et un tiers. On peut donc faire, avec un kilogramme de cerises, cinquante bâtons vendus 10 centimes la pièce. Ainsi, d'un kilogramme de cerises, la revendeuse retire, par la vente des bâtons de cerises, 5 francs dont il faut déduire le prix très-minime des bâtons et des feuilles de muguet.
La Semaine des familles (Paris), 6 juillet 1861
Grâce aux chemins de fer, le rayon d'approvisionnement de Paris s'est singulièrement augmenté, et cependant, par un phénomène que je n'ai vu expliqué nulle part, il n'y a pas une réduction sensible dans les objets de consommation. Les premières cerises nous sont arrivées des départements du Midi, ; les vergers de Paris ont commencé depuis la mi-juin à envoyer leur contingent à la halle. Le Midi, surtout les départements de l'Allier et du Puy-de-Dôme, dont les cerises sont finies, commence en ce moment l'envoi de ses abricots qu'il cueille un peu avant maturité. On les emballe avec soin dans des boîtes plates où ils achèvent de murir avant d'être livrés à la consommation.
La Semaine des familles (Paris), 1er juin 1878
(...) les premières cerises ont fait leur apparition sur les marchés (....)
(...) aller explorer les riantes régions où le joli fruit [la cerise] mûrit sur les côteaux de Montmorency.
L'Agriculture nouvelle, mars 1897
Les toutes premières cerises s'expédient par [24] ou 30 environ dans les caissettes déjà employées pour les premières fraises ; elles sont appuyées chacune sur une feuille de hêtre, en dessus d'un lit de mousse humide.
Le Populaire (Paris), 19 mars 1922
Le temps des cerises
Une branche de douze cerises, provenant des forceries des environs de Paris, a été vendue à la criée du pavillon des fruits aux Halles, 130 francs, soit à raison de 12fr.50 la cerise.
L'an dernier, les premières cerises de même provenance avaient été payées 17fr50 la pièce.
On sait qu'il y a en 1920 dans la région de Céret déjà 20 000 cerisiers, ce qui n'est pas rien. Il est donc nécessaire que la filière s'organise et le premier marché de gros de Céret pour les fruits (cerises, abricots, etc.) a lieu en 1922. Mais toujours aucune mention dans la presse nationale. Il faut attendre 1926 pour que l'on parle de la précocité de la cerise de Céret.
L'Ouest-Éclair (Éd. de Caen), 13 avril 1926
Voici les cerises
Paris, 11 avril .- Déjà les premières cerises ont fait leur apparition aux Halles centrales ; la saison est précoce : l'an dernier le premier arrivage avait eu lieu le 9 mai. Hier on a vendu au cours de 8 à 15 francs la caissette de cerises de Céret de 600 à 900 grammes, soit 16 francs 70 environ le kilo. Pour des primeurs, le prix n'est pas exagéré. Oui, mais le pain augmente toujours.
En 1932, coup d'éclat de l'envoi par avion des premières cerises de Céret au Président de la République.
Par la suite, la production de la cerise se développe, atteignant déjà 1500 tonnes en 1937 rien que pour la région de Céret (on ira jusqu'à 5000 tonnes dans les années 70) et, douze ans plus tard, la réputation de la cerise de Céret semble bien établie.
La Voix du combattant du 7 mai 1938
Les premières cerises ont fait ces jours derniers leur apparition dans la région privilégiée de Céret, où elles murissent traditionnellement avec les fêtes de Pâques, de même que les fraises ornent maintenant de leur rouge vermeil les devantures des fruitiers.
Sources :
* Articles : Gallica (cf. liens)
* Chiffres : Peyrière, Basset et Clave, Cultures fruitières et maraîchères dans les Pyrénées-Orientales, 1938
* Chiffre 1970 : Office de tourime de Céret
Illustration :
Les cris de Paris, par Carle Vernet, 1815 (domaine public, via Gallica)
Sources :
* Articles : Gallica (cf. liens)
* Chiffres : Peyrière, Basset et Clave, Cultures fruitières et maraîchères dans les Pyrénées-Orientales, 1938
* Chiffre 1970 : Office de tourime de Céret
Illustration :
Les cris de Paris, par Carle Vernet, 1815 (domaine public, via Gallica)
Retrouvez ici toutes les histoires en rapport avec Céret.
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Les cerises de Céret Christian CEILLES
RépondreSupprimerplaip@gmx.com
Les cerises de Céret
Ne poussent pas dans le musée
Leurs queues sont bien accrochées
Dans les vergers de la vallée
Elles ravissent les marchés
Les gourmets les couturiers
Qui d’un rouge cerisou
Polissonnent les dessous
Les cerisiers de Kyoto sont plus beaux mais sont bridés
Répétait Yatamoto mon copain japonais
Les cerises de Céret
On en remplit nos paniers
Quand éclate un bigarreau
Ça ressemble à un Miro
Faudrait pas que l’Amérique
En cachette nous les pique
Pour en extraire les gênes
Et en faire des OGM
Les cerisiers de Kyoto sont plus beaux mais sont bridés
Répétait Yatamoto mon copain japonais
Les cerises de Céret
Peuvent aider à soigner
Leur chair est vitaminée
Leurs queues vous feront pisser
Des noyaux dans une chaussette
Bien chauffée c’est une vraie couette
Des noyaux dans l’traversin
C’est le meilleur des coussins
Les cerisiers de Kyoto sont plus beaux mais sont bridés
Répétait Yatamoto mon copain japonais
T’as qu’à boire ton saké moi j’préfère mon guignolet
Susurrait Chowleté la geisha de Céret
Les cerises de Céret
Du Soler de Finestret
Sont les meilleures de France
Honni soit qui mal y pense
On en offre tous les ans
Comme cadeau au président
Et ce plateau délicat
Le met dans tous ses états
Merci pour ce poème !
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