dimanche 4 mai 2014

Perpignan-Bruxelles par pigeon-express

Des pigeons pour remplacer le télégraphe

Vieux papiers des Pyrénées-Orientales
Pigeon voyageur équipé (1908)
Après la chute de l'Empire face aux Prussiens le 4 septembre 1870, Napoléon III est fait prisonnier. Se constitue alors à Paris un Gouvernement de défense nationale, où l'on retrouve notamment Emmanuel Arago, fils du célèbre François Arago, en tant que ministre de la justice. La guerre continue et dès le 18 septembre commence le siège de Paris, tandis que le lendemain est coupée la dernière ligne télégraphique reliant la capitale au reste du monde. Comment faire circuler l'information ?

La Lettre-journal de Paris du 21 décembre 1870 nous donne un exemple de solution rapide et discrète pour communiquer entre Perpignan et Bruxelles en à peine dix heures.

Samedi, 17 décembre.
Les Pigeons-voyageurs. 
M. Fumal-Deligny, ancien secrétaire de la Société colombophile des Unionistes à Bruxelles, vient d'adresser au journal Le Temps une lettre qui contient de très curieux détails sur nos messagers ailés, la rapidité de leur vol est prodigieuse : lâchés le matin à Perpignan, à six heures précises, les premiers arrivent à Bruxelles, entre quatre et cinq heures du soir. Les obstacles qui les arrêtent le plus sont la pluie, le vent contraire, l'oiseau de, proie, mais surtout et avant tout le brouillard : c'est ce qui explique pourquoi il ne nous en était pas arrivé ces jours derniers. Les pigeons-voyageurs, étant des oiseaux du nord, suivent difficilement la direction du midi. Il est donc à désirer que l'endroit d'où seront lâchés les pigeons de la Délégation soit en même temps le plus proche possible de Paris, et au sud de la capitale.

Les pigeons voyageurs ont joué un rôle important durant la guerre de 1870, d'autant que c'est à cette occasion que fut inventé le microfilm, permettant alors à un pigeon de transporter jusqu'à 15000 messages en un seul voyage vers Paris.

Sans rapport avec Perpignan, une brève du même journal m'a tout de même parue intéressante afin d'illustrer les dures conditions de vie à Paris durant le conflit. La famine commence à s'installer et le gouverneur de Paris vient de réquisitionner les chevaux pour les manger depuis le 16 décembre. Cinq jours plus tard, on signale une température de -14°C.

Dimanche, 18 décembre.

Les Boucheries en décembre 1870.
Nos absents sont partis de Paris avec la conviction qu'une boucherie était un endroit où l'on vendait du boeuf, du veau et du mouton. Il y a trois mois encore nous partagions avec eux cette opinion ; mais depuis lors nous avons changé cela. Une boucherie est actuellement une boutique, surmontée d'une enseigne en toile portant pompeusement ces mots : BOUCHERIE MUNICIPALE, où l'on débite de tout (morue, harengs, riz, pois chiches, noix sèches), et parfois-de la viande.... de cheval, et où l'on fait queue très longtemps pour en rapporter très-peu de chose.
[...]

Source : Gallica
Photo : Auteur inconnu. Homing pigeon belonging to Bernhard Flöring, Barmen, Germany.Hans Adler, 1908 (Wikimedia Commons, Public Domain)




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