Explosifs à Millas et arrestations à travers les Pyrénées-Orientales
En 1926, Francesc Macia et ses partisans, réfugiés en Vallespir, tentent d'organiser un complot contre la dictature en Espagne de Primo de Rivera. Déjoué par la gendarmerie française, il en tire néanmoins un certain prestige qui lui permet plus tard de proclamer la République de Catalogne et de devenir président de la Generalitat de Catalunya en 1931 après la mort de Primo de Rivera. Voyons le récit des événements tels que relatés dans un quotidien de l'époque.
L'Homme libre, 8 novembre 1926
Les arrestations
des séparatistes catalans
des séparatistes catalans
Perpignan, 7 novembre
De regrettables incidents se sont produits ce matin à la caserne de l'Académie où sont retenus prisonniers les insurgés séparatistes. Certains éléments anarchistes, ou, en tout cas, exaltés, ont grossièrement insulté les agents chargés de leur surveillance. L'autorité administrative a dû intervenir et prendre des mesures coercitives pour réprimer ce mouvement d'insubordaination.
Une nouvelle arrestation
La police mobile a procédé hier, dans la soirée, au cours de recherches domiciliaires, à l'arrestation à Perpignan d'un Catalan séparatiste.
Le service de la Sûreté continue l'interrogatoire de tous les insurgés. Toutefois l'audition de Macia, a été ajournée jusqu'après l'arrivée à Paris de certains documents.
La recherche des armes et des munitions
M. Kling, directeur du laboratoire municipal de Paris, est attendu aujourd'hui. Il doit présider à l'enlèvement des explosifs trouvés à Millas et abandonnés par les séparatistes.
Malgré le refus opposé par le colonel Macia de donner la moindre indication sur l'emplacement des dépôts d'armes et de munitions, les recherches continuent. Elles sont, à cause de ce mutisme, très laborieuses.
Le bruit avait couru que des coups de fusil avaient été échangés près d'Agullano entre des gardes civils et des séparatistes. Cette nouvelle est controuvée.
M. Lerroux, ex-leader républicain espagnol est arrêté
Des informations venues d'Espagne annoncent l'arrestation de l'ancien député aux Cortès Alexandre Lerroux, compromis, dit-on, dans le complot séparatiste catalan. S'il est possible que M. Lerroux ait conspiré contre le régime actuel, qui ne répond évidemment pas à son idéalisme républicain, rien ne permet de croire qu'il soit brusquement. passé de la parole aux actes. Il serait encore plus extraordinaire de supposer que le colonel Mascia eût accepté sa collaboration. Du reste, M. Lerroux a perdu depuis de longues années la direction du parti républicain, dont il fut le chef à l'époque déjà lointaine où les masses ouvrières de Catalogne l'avaient surnommé « le roi du Parallèle ». (Le Parallèle est un quartiter populaire de Barcelone).
L'Homme libre, 9 novembre 1926
Dernière heure
Les insurgés catalans s'étaient procuré des uniformes français
Les insurgés catalans s'étaient procuré des uniformes français
On a annoncé que dans un des dépôts d'armes découverts près de la frontière espagnole on a trouvé une trentaine d'uniformes de soldats français, capotes de fantassins et manteaux d'artilleurs. Un de ces derniers porte l'écusson de la garnison.
Le colonel Macia sera interrogé sur ce fait auquel les enquêteurs attachent une certaine importance.
« Le Casal Catalan », groupement catalaniste de Perpignan, a, par l'intermédiaire de son président, M. Figorola, adressé au ministre de l'intérieur et au préfet des Pyrénées-Orientales, une requête demandant un élargissement rapide des insurgés catalanistes, dont la plupart sont pères de famille et ne demandent qu'à reprendre leur travail. Le même groupement a ouvert une souscription en faveur des conjurés catalans.
La recherche des explosifs
M. Kling, directeur du laboratoire municipal de Paris, et M. Florentin, sous-directeur, arrivés à Perpignan, sont allés retirer deux bombes à la gendarmerie de Millas.
Ils se sont ensuite rendus à Saint-Laurent-de-Cerdans et Prats-de Mollo, pour prendre possession de deux sacs à main contenant une certaine quantité de cheddite et de dynamite.
Les deux fonctionnaires iront demain à Agde, Cette et à La Nouvelle pour retirer les explosifs jetés par les séparatistes catalans sur la voie ferrée.
Les confrontations se poursuivent
Une nouvelle arrestation
Hier après-midi, les confrontations ont continué entre les détenus et M. Francisco Mascia. L'entrevue avec Risoli fut affectueuse. L'Italien embrassa le leader catalan. Croyence Mascia [sic] se défend toujours d'une collusion avec Ricciotti Garibaldi.
Un Espagnol, surveillé depuis quelque temps, à Saint-Laurent-de-Cerdans, a été arrêté et transféré à Perpignan. Plusieurs camions automobiles ont rapporté, cet après-midi, du matériel de campement et vestimentaire, ainsi que des armes et munitions trouvés en Vallespir, qui ont été placés dans la citadelle.
La procédure est poussée rapidement, pour que les dossiers puissent être envoyés à bref délai à Paris, pour décision.
Les catalanistes sympathisants de Perpignan ont été avisés que, les prisonniers étant traités avec les plus grands égards, toute manifestation en leur faveur serait interdite.
Source : L'Homme libre du 8 novembre 1926, via Gallica (cf. lien) [domaine public]
Photos : Fabricio Cardenas [CC-BY-SA]
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Très intéressant ! Je ne connaissais pas... Puis-je utiliser ce texte pour mon blog..? Merci. JPB
RépondreSupprimerBien sûr ! Il suffit de ne pas oublier de citer les sources. ;-)
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