Augustin Challamel (1818-1894) est un historien et conservateur de bibliothèque qui publia nombre d'ouvrages de vulgarisation à propos de l'histoire de France et, notamment, une Histoire de la mode en France (1873). Trois ans plus tard, on peut lire dans la revue La Mosaïque : revue pittoresque illustrée de tous les temps et de tous les pays un petit article de cet auteur concernant les costumes du Roussillon. Challamel semble bel et bien avoir arpenté les Pyrénées-Orientales dont il vante à la fois le charme rustique et les traditions préservées, tout en se lamentant sur l'uniformisation des mœurs (déjà !). L'illustration figurant ci-dessous est extraite de l'article.
Costumes du Roussillon
Un des rares coins de France où l'on trouve encore la simplicité poétique des temps passés, c'est le Roussillon. Mais l'esprit prosaïque de notre époque se répand déjà dans les plaines ; il monte de mamelons en mamelons, et arrivera bientôt au sommet des montagnes.
Les coutumes des Roussillonnais eux-mêmes ne tarderont pas à disparaître comme tant d'autres.
Les habitants des campagnes qui environnent Perpignan, Céret, Prades, Collioures [sic] et Port-Vendres ont une physionomie particulière qui se rattache au type espagnol. Leur langage est rapide, sonore et accentué comme celui de nos voisins d'outre-Pyrénées. Leur costume a gardé son originalité primitive, surtout parmi les gens de la montagne, moins visités que ceux des villes. Bonnet de laine, longue veste et pardessus, caleçon court, jambes nues, espadrilles, tel est le costume des gens de toutes les classes, à quelques exceptions près. Pour les femmes, la mode des robes à longues jupes, de couleurs éclatantes, avec des manches courtes laissant voir la moitié du bras, est complétée par un tablier. Sur la tête, une capeline rouge retombant par derrière, jusqu'au reins. Pour bijou presque unique, après l'alliance obligée ou la bague de pèlerinage, les Roussillonnaises ont la croix d'or.
Ne cherchez pas à établir de comparaison entre les Roussillonnais et les habitants des autres provinces de la France. Leurs usages, même les plus anciens, ont résisté au choc des invasions et des révolutions. On est étonné, quand on les visite, du parfum antique existant dans leurs jeux, leurs chants et leurs danses. Leur corpulence robuste, leur taille bien prise, leur agilité sans pareille et leur résolution énergique éclatent, commandent la sympathie. Malgré l'abondance du vin, en Roussillon, les hommes possèdent une sobriété à toute épreuve, et il est bien rare qu'on rencontre parmi eux des hommes ivres. Ils ne boivent guère leur délicieux vin de Rivesaltes, ce muscat si capiteux ! Ils préfèrent s'enrichir en le vendant sur tous les points du globe, avec des laines, du blé, des huiles d'olive en grande quantité.
L"industrie est à peu près nulle dans le Roussillon. La ville de Perpignan, seule, renferme quelques tanneries, quelques fabriques de bouchons, de draps et de couvertures. Autrefois, ce pays était essentiellement militaire, Vauban en construisit les fortifications.
Les coutumes des Roussillonnais eux-mêmes ne tarderont pas à disparaître comme tant d'autres.
Les habitants des campagnes qui environnent Perpignan, Céret, Prades, Collioures [sic] et Port-Vendres ont une physionomie particulière qui se rattache au type espagnol. Leur langage est rapide, sonore et accentué comme celui de nos voisins d'outre-Pyrénées. Leur costume a gardé son originalité primitive, surtout parmi les gens de la montagne, moins visités que ceux des villes. Bonnet de laine, longue veste et pardessus, caleçon court, jambes nues, espadrilles, tel est le costume des gens de toutes les classes, à quelques exceptions près. Pour les femmes, la mode des robes à longues jupes, de couleurs éclatantes, avec des manches courtes laissant voir la moitié du bras, est complétée par un tablier. Sur la tête, une capeline rouge retombant par derrière, jusqu'au reins. Pour bijou presque unique, après l'alliance obligée ou la bague de pèlerinage, les Roussillonnaises ont la croix d'or.
Ne cherchez pas à établir de comparaison entre les Roussillonnais et les habitants des autres provinces de la France. Leurs usages, même les plus anciens, ont résisté au choc des invasions et des révolutions. On est étonné, quand on les visite, du parfum antique existant dans leurs jeux, leurs chants et leurs danses. Leur corpulence robuste, leur taille bien prise, leur agilité sans pareille et leur résolution énergique éclatent, commandent la sympathie. Malgré l'abondance du vin, en Roussillon, les hommes possèdent une sobriété à toute épreuve, et il est bien rare qu'on rencontre parmi eux des hommes ivres. Ils ne boivent guère leur délicieux vin de Rivesaltes, ce muscat si capiteux ! Ils préfèrent s'enrichir en le vendant sur tous les points du globe, avec des laines, du blé, des huiles d'olive en grande quantité.
L"industrie est à peu près nulle dans le Roussillon. La ville de Perpignan, seule, renferme quelques tanneries, quelques fabriques de bouchons, de draps et de couvertures. Autrefois, ce pays était essentiellement militaire, Vauban en construisit les fortifications.
Aug. Challamel
Source : Gallica (cf. lien), texte du domaine public.
Illustration de l'article : sans doute extraite telle quelle de Voyage de Laborde (1792), domaine public.
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