lundi 6 juillet 2015

Explosion à Paulilles en 1885

Cinq morts et deux blessés graves

Vieux papiers des Pyrénées-Orientales
La première pierre de la dynamiterie de Paulilles, sur la commune de Port-Vendres,  est posée le  4 septembre 1870, « le plus loin possible de la frontière allemande », selon le souhait de Gambetta. Depuis cette date, et ce jusqu'à la cessation de fabrication de dynamite en 1984, l'histoire du site sera ponctuée de nombreuses explosions accidentelles et souvent meurtrières pour les employés, de la première en 1877, jusqu'à la dernière, en 1958. On trouve une liste de ces drames dans l'ouvrage collectif Paulilles ou la mémoire ouvrière paru en 2005. Toutefois cette liste omet l'explosion dont il est fait mention dans L'Avenir de Port-Vendres, Collioure, Banyuls et de la région du 12 avril 1885 sur la catastrophe survenue à la dynamiterie de Paulilles le mercredi 8 avril 1885.

Catastrophe de Paulilles

Mercredi dernier, vers 10 h du matin,  nous avons ressenti à Port-Vendres une vive commotion.
On s'est tout de suite douté qu'un malheur venait d'arriver à l'usine de dynamite de Paulilles. Toute la population s'est vivement empressée d'accourir sur le lieu du sinistre.
L'émotion était grande ! car chacun redoutait d'avoir à déplorer la mort d'un des siens.
Aussitôt l'on a appris que l'explosion s'était produite dans le baraquement où se trouvait l'appareil à filtrer les acides.
On ignore complètement ce qui a pu déterminer ce malheur, attendu que les témoins qui pourraient fournir des renseignements précis ont été foudroyés.
Les uns, supposent que l'ouvrier chargé de surveiller le degré de pression, aura perdu, un instant, son sang-froid ; d'autres, prétendent que les tuyaux étaient engorgés ; enfin, l'on se perd en conjectures.
On compte cinq morts, dont quatre de Banyuls et un de Cosprons, tous pères de famille.
Parmi les blessés, il y en a deux qui le sont grièvement.
Ils étaient, parait-il, chargés de transporter les matériaux, sur un chariot, et au moment de l'explosion, ils se sont malheureusement trouvés à proximité.
Une pauvre femme, âgée d'une cinquantaine d'années et habitant Port-Vendres, qui ramassait du bois dans ces parages, a été renversée par le choc de l'explosion, et dans sa chute, elles s'est fracturé un bras.
Jeudi, à quatre heures du soir, a eu lieu l'enterrement des quatre victimes de Banyuls.
Beaucoup de gens de Perpignan, d'Elne, d'Argelès, de Collioure, de Port-Vendres, de Cerbère, etc., etc., ont eu à cœur d'assister aux funérailles de ces infortunés travailleurs.
Une foule compacte et recueillie suivait le cortège. C'était un spectacle à vous fendre l'âme ; on voyait de tous côtés des hommes, femmes, enfants, pleurer à chaudes larmes, à la vue de ces quatre cercueils, ne laissant après eux que le deuil et le triste souvenir d'une cruelle catastrophe quia fatalement enlevé l'existence à des êtres si chers à leur famille.
Nous adressons ici à ces veuves et orphelins inconsolables, nos meilleurs sentiments de condoléances.

La liste présente dans l'ouvrage cite notamment une explosion ayant eu lieu le 27 janvier 1882 avec un bilan de 20 morts et une autre en février 1886 ayant fait un mort et un blessé grave. Celle-ci s'intercale donc entre les deux, avec un bilan de cinq morts et deux blessés graves.

Ajout du 10/07/2015 : Le site Les amis de Paulilles cite l'explosion du 8 avril 1885, tout ayant trouvé peu de matière à ce sujet, mais donne par contre la liste des cinq victimes, après recherches aux ADPO.

Sources :  
Article : L'Avenir de Port-Vendres, Collioure, Banyuls et de la région du 12 avril 1885 (via Bib. numérique de Perpignan, domaine public)
Autres infos : L'AMIC (Association Médiatrice d'Intérêt Collectif), Paulilles, la mémoire ouvrière, Saint-Estève, Les Presses littéraires,‎ 2005
Illustration : Carte postale, éditions MTIL, vers 1920.

Pour rappel, cet article à relire sur Port-Vendres ici.



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mercredi 24 juin 2015

Ode aux environs d'Amélie-les-Bains en 1912

Des babas à Montalba !
Nous avons pu lire précédemment dans l'Amélie journal du 11 janvier 1912 à propos du Tech les vers de Marc Anfossi , écrivain parisien alors en cure à Amélie-les-Bains. Dix jours plus tard, celui-ci récidive, dans le numéro du 21 janvier 1912, mais cette fois-ci à propos des environs d'Amélie. En effet, le principal souci des curistes est bien entendu de se trouver des distractions et Montbolo, Palalda ou Montalba-d'Amélie sont à l'époque des sujets d'excursions tout trouvés et accessibles. Il en résulte un poème étonnant, sur un mode enfantin, et qui se prêterait assez bien à la chanson (mais peut-être quelqu'un l'a-t-il déjà mis en musique ?).

Confidences d'un moutard parisien

Moi j'aime beaucoup Amélie...
C'est une Montagne jolie
Maman y refait sa santé
L'hiver, et quelquefois l'été.
On s'y promène, on s'y adonne
Et quand j'ai soif, maman mignonne
Souvent me grise de lolo
     A Montbolo.

Que de charmantes promenades !
Que de roches, que de cascades !
Sauge, lavande, serpolet
Parfument chaque ruisselet.
Papa dit : La belle nature !...
Grand'mère paye des montures
Et nous allons tous a dada
     A Palalda.

Quelquefois, légers, très ingambes
A nos cous nous prenons nos jambes
Et sans nous fatiguer jamais
Nous escaladons les sommets.
A ce jeu l'appétit s'aiguise,
Et pour le calmer à ma guise
Maman me bourre de babas
     A Montalba.


Pour gâterie conforme,
Marc Anfossi
Amélie-les-Bains, janvier 1912

Note : En 1912, Palalda et Montalba-d'Amélie sont encore des communes indépendantes. Palalda fusionne en 1942 avec Amélie et Montalba-d'Amélie est rattachée en 1962.

Source : Amélie journal du 21 janvier 1912 (via Bib. numérique de Perpignan, domaine public)
Photo : Fabricio Cardenas, CC-BY-SA


Cliquer sur les liens pour retrouver les articles de ce blog en rapport avec Amélie-les-Bains-Palalda ou avec Montbolo.


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mercredi 17 juin 2015

Royalistes de Pia en prison en 1880

Henri d'Artois
On trouve dans Le Petit Parisien du 20 juin 1880 une brève montrant comment, sous la Troisième République, on peut se trouver mis en prison (par un juge un tantinet zélé sans doute) pour avoir exprimé un peu trop bruyamment ses opinions politiques en public, quelques jeunes royalistes de Pia, en Salanque, en ayant fait les frais.

Les cris séditieux

En attendant que la magistrature soit épurée, ce qui n'aura pas lieu de sitôt au train dont vont les choses, la cour d'appel de Montpellier, peuplée de réactionnaires, vient de donner la mesure de ce qu'elle sait faire.
Quelques jeunes gens de Pia (Pyrénées-Orientales) avaient été récemment condamnés par le tribunal correctionnel de Perpignan à la prison et à l'amende pour avoir crié publiquement : Vive le Roi ! Ils ont fait appel devant cette excellente cour de Montpellier, qui s'est empressée d'enlever la prison et de réduire l'amende à une somme insignifiante.
Décidément, il n'est que temps de réorganiser la magistrature !  J. B.

En 1880 en France, le parti des royalistes est en perte de vitesse mais encore réuni autour de la personne d'Henri d'Artois, comte de Chambord et prétendant au trône. C'est donc sans doute à lui que font référence les jeunes gens de Pia dont il est question ici. Le comte de Chambord meurt peu après, en 1883, et ses partisans se divisent alors entre les différents prétendants possibles.

Source : Le Petit Parisien du 20 juin 1880 (cf. lien via Gallica) [domaine public]
Portrait : peinture d'Adeodato Malatesta (1806-1891), via Wikimedia Commons [domaine public]

Quelques autres histoires à propos de prison de ce blog à relire ici.

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jeudi 11 juin 2015

Quête insistante du curé de Rasiguères en 1887

Vue générale de Rasiguères
Parmi les nombreux journaux républicains et anti-cléricaux de la fin du XIXème ou du début du XXème siècles, le quotidien parisien de La Lanterne ne manque jamais une occasion de se moquer des curés de campagne, ainsi que nous l'avons déjà vu concernant le curé de  Théza en  1900. Cette fois-ci, l'article paru dans l'édition du 18 avril 1887 ridiculise le curé de Rasiguères, petit village du Fenouillèdes peuplé à l'époque d'un peu plus de 300 habitants (le double de la population actuelle). Le journal ne mentionne jamais par quel moyen il a vent de ces histoires de campagne : parfois les faits sont empruntés à la presse locale ou même envoyés directement par un lecteur du journal, trop heureux de faire de son curé un sujet de plaisanterie à travers le pays. Dans un cas comme dans l'autre, nous n'avons bien sûr qu'une version de l'histoire.

Perpignan, 16 avril. - Pour alimenter le denier de Saint-Pierre et aussi « pour faire des curés » (textuel), le desservant de Rasiguères se livrerait, volontiers, à une scène de pugilat.
Voici ce qui s'est passé le dimanche, 10 avril courant, dans l'église de cette dernière commune :
Pendant la messe, à un moment donné, deux ou trois paroissiens se lèvent, prennent des assiettes et vont, le curé en tête, présenter ces plats à chaque assistant. Il paraît que la recette n'était pas abondante, et c'est alors que le curé, n'y tenant plus, apostropha en ces termes chacun des assistants : « Toi, donne-moi un sou !  Toi, donne-moi deux sous pour avoir mangé de la viande pendant le carême », et ainsi de suite. Il est ainsi arrivé en présence du sieur X..., instituteur en retraite, et lui a demandé un sou. « Je n'en ai pas », a répondu X... « Vous n'avez donc pas d'argent ? » a ricané le curé. Pour toute réponse, X... lui a montré une pièce de 5 francs. Interdit, notre mendiant a continué sa ronde. Mais, il a vite été remis. « Allons, jeune homme, un sou, tu fumeras un cigare de moins ! Allons, petits, des sous ! des sous ! des sous ! »
Les assistants, d'abord abasourdis par le toupet de leur cher pasteur, sont revenus à eux, et une rumeur sourde s'élevait, prélude d'une émancipation prochaine, quand soudain notre fougueux curé, déboutonnant sa soutane, s'est écrié :
« Si quelqu'un d'entre vous a une dent de lait contre moi, qu'il vienne me trouver ; ici ou ailleurs, je saurai lui répondre. » Ce coup de théâtre lui a pleinement réussi. Aucun des assistants n'a relevé le défi, et les brebis galeuses sont rentrées au bercail ! N'aurait-il pas eu raison de dire que le curé de Rasiguères est un vrai batailleur ?
Si j'avais un conseil à donner aux habitants de cette localité, surtout à ceux qui se disent républicains, je leur dirais : « Restez chez vous, ainsi que vos femmes et vos enfants, et laissez le curé tranquille dans son église, vous ne courrez pas ainsi le risque d'être provoqués, et vous ferez acte de liberté et d'indépendance. »

Note : L'église de Rasiguères, dédiée à saint Jean-Baptiste, est récente (sans doute à l'emplacement d'une église plus ancienne dont il ne reste rien) et date des XVIII et XIXème siècles.

Suivez les liens pour retrouver les articles précédents de ce blog
concernant les Fenouillèdes ou les curés !

Source : Article paru dans La Lanterne du  18 avril 1887, via Gallica (cf. lien) [domaine public]
Photo : Babsy, via Wikimedia Commons [CC-BY 3.0]

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lundi 1 juin 2015

Culture du cerisier dans les Pyrénées-Orientales en 1938

Un cerisier à Maureillas en 1938
Ce week-end du 30 et 31 mai a eu lieu à Céret la fête de la cerise. Nous avons pu déjà voir dans des précédents articles que, bien que sans doute ancienne, la culture de la cerise y est très longtemps restée totalement anecdotique puisqu'à la fin du XIXème siècle Céret est universellement renommée pour ses noisettes et que l'on ne commence à parler de la cerise de Céret dans la presse nationale qu'à partir de 1926, avant que ne démarre en 1932 la tradition d'envoyer une caisse de cerises au président de la République, opération publicitaire efficace et qui prouve alors la précocité de la cerise de Céret parmi les cerises françaises.

Le succès de la cerise de Céret à partir des années 20 a incité les producteurs fruitiers a planter des arbres en grande quantité, tout en provoquant l'émergence de nouvelles variétés, non plus pour la consommation locale mais plus aptes au transport et pour le commerce national. Je propose donc dans cet article de commencer à faire le point sur cette révolution de la cerise dans les Pyrénées-Orientales vingt ans après, soit en 1938, à travers le constat dressé par les ingénieurs agricoles Peyrière, Basset et Clave dans Cultures fruitières et maraîchères dans les Pyrénées-Orientales.

En 1938, la cerise est cultivée dans tout le département sauf dans le canton de Mont-Louis. Quatre communes cependant concentrent la moitié de la production : Céret, Maureillas, Reynès et Llauro. On compte 90 000 cerisiers à travers tout le département produisant en moyenne 24 000 quintaux par an. La région de Céret en particulier est passée de 20 000 à 30 000 cerisiers de 1920 à 1937 et produit alors 15 000 quintaux, soit plus de 60% de la production départementale. Voyons quels sont les cantons concentrant le plus grand nombre de cerisiers en 1938 :

Canton de Céret : 45 000
Canton de Prades : 7 200
Canton de Thuir : 6 400
Canton d'Argelès-sur-Mer : 5 250
Canton d'Arles-sur-Tech : 2 200
Canton de Saint-Paul-de-Fenouillet : 2 000
Canton de Latour-de-France : 2 000

La position dominante du canton de Céret est incontestable, mais on peut voir que d'autres régions telles que les cantons de Prades (avec la commune de Clara) ou de Thuir (avec Llauro) ont également une production honorable. Le podium de tête des communes aux plus grand nombre de cerisiers sont les suivantes, toutes dans le canton de Céret :

Céret : 25 000
Maureillas : 7 000
Reynès : 5 500

Les auteurs précisent qu'à l'époque les cerisiers n'existent sous forme de plantation quasiment que dans la région de Céret. Partout ailleurs dans le département, ils sont soit isolés, soit en petits groupes en bordure des champs, des vignes ou des prairies.
En ce qui concerne les plantations, les jeunes arbres sont tous issus des pépiniéristes locaux et plantés à 7 ou 8 mètres les uns des autres. Sitôt plantés, ils sont rabattus à une hauteur entre 1,30 et 1,50 mètre. Ensuite, quelques-uns les taillent en gobelet durant les premières années, la plupart laissent l'arbre livré à lui-même. Le seul traitement appliqué est une bouillie bordelaise à 2%, pulvérisée en hiver. Le rendement moyen est de 70 kg de cerises par arbre. En 1937, un arboriculteur de la région obtient toutefois un rendement de 150 kg sur une cinquantaine de ses cerisiers.

Note : Un quintal métrique équivaut à 100 kg. La région de Céret produit donc à l'époque 1 500 tonnes de cerises pour 30 000 arbres (dont 1 250 tonnes rien que pour Céret même), ce qui correspond plutôt à un rendement moyen de 50 kg par arbre. On est encore loin des quantités produites dans les années 70, mais c'est en fait le niveau auquel on est revenu de nos jours.

Note 2 : Un film documentaire sur l'histoire de la cerise à Céret vient de sortir ces jours-ci. Il s'agit de Céret, des cerises et des hommes, de Claire et Gérard Ebele. Plus d'infos ici.

Nous verrons dans un article suivant les variétés cultivées à l'époque.

Source et photo :
* Peyrière, Basset et Clave, Cultures fruitières et maraîchères dans les Pyrénées-Orientales, 1938 (domaine public ?)




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vendredi 29 mai 2015

Ode au Tech en 1912

Le Tech en crue à Céret (2014)
On peut lire dans le n°1182 d'Amélie Journal du 11 janvier 1912, un poème de Marc Anfossi dédié au Tech, principal cours d'eau du Vallespir.

Le Tech

Tantôt c'est un serpent bleuâtre
Glissant sur les galets polis ;
Tantôt c'est un ruisseau folâtre
Dont on entend le gazouillis,

Par instants, il gronde, il moutonne,
Emportant arbres et maisons,
Pareil à l'ouragan qui tonne
Il dévaste les floraisons.

Puis, reprenant son cours tranquille
De bon Tech, placide cours d'eau,
Il laisse à découvert quelque île
Où revient becqueter l'oiseau.

Le Tech ressemble à l'âme humaine
Qui parfois, distillant la haine,
Engloutit l'Amour et l'Espoir,
Et qui, dans les larmes calmée,
Se trouve conquise et charmée
Par les douces chansons du soir.

Marc Anfossi
Amélie-les-Bains, janvier 1912.

Cet écrivain oublié aujourd'hui, et sans doute de passage en cure à Amélie-les-Bains, a beaucoup publié entre 1890 et 1910. On trouve de lui de nombreux poèmes en tous genres et des romans-feuilletons pour la presse nationale ainsi que pour la jeunesse. On peut voir ci-dessous une affiche publicitaire pour un de ses romans-feuilletons à paraître dans Le Matin en 1900, Les Chevaliers du pneu.

Affiche réalisée par Raymond Tournon


Source : Amélie Journal du 11 janvier 1912 (via Bib. numérique de Perpignan, domaine public)
Photo : Fabricio Cardenas (crue du 1er décembre 2014) (CC-BY-SA)
Illustration : Affiche de Raymond Tournon (1879-1919) (via Gallica, domaine public)



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samedi 23 mai 2015

Un terrifiant champion à la foire de Prades en 1880

Un arracheur de dents
On trouve dans Le Canigou : journal de Prades et des Pyrénées-Orientales du 21 février 1880 une description à première vue tout à fait banale de la foire de Prades ayant eu lieu en cette saison. Une brève anecdote vient cependant nous rappeler,  si besoin était, que malgré toute la nostalgie que l'on peut avoir pour la période dite de la Belle époque aucun de nos contemporains ne retournerait vivre en ce temps sans le confort médical auquel nous sommes tous habitués de nos jours.

La foire de mardi dernier a été favorisée par un beau temps : la matinée, particulièrement, a été irréprochable ; aussi vendeurs, acheteurs et promeneurs ont-ils été très nombreux, et les transactions aussi brillantes que productives. Quelques distractions égayaient la foule ; entr'autres un arracheur de dents provoquait de nombreux éclats de rire, non par la façon dont il opérait, mais par le boniment qu'il débitait avec un entrain et une prétention dignes de Mangin, de charlatanesque mémoire.
- Le Roussillon, répétait-il imperturbablement, est célèbre par la naissance de deux grands hommes : Parazols et Arago.
Inutile d'ajouter que c'était lui qu'il désignait ainsi en premier. Ce singulier et audacieux rapprochement, joint au nombre invraisemblable de dents qu'il disait avoir arrachées à Perpignan (475 dans une heure), retenait quelques instants les passants, sans leur donner toutefois l'envie d'augmenter le nombre des victimes et même des cures de l'intarissable Parazols.

Le score de 475 dents arrachées en une heure est sans doute exagéré, mais on peut faire confiance à ces apprentis-dentistes de l'époque pour avoir su être rapide et efficace, quoique certainement pas sans douleur auprès de leurs patients. Pour couvrir les cris, certains se faisaient même accompagner de quelques musiciens dont la mission était de jouer le plus fort possible pendant l'opération (tout en attirant les badauds par la même occasion). Personne ne regrette cette époque !

Source :
Le Canigou du 21 février 1880 (via le fonds numrisé de la BM de Perpignan) [domaine public]
Illustration : Tableau de 1651 par le peintre néerlandais Jan Steen (XVIIe s.) [domaine public]

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