jeudi 7 mai 2015

Orties inoffensives à Collioure en 1874

Grande ortie
On peut lire dans La Science illustrée du 16 décembre 1902 une observation botanique effectuée par Charles Naudin à Collioure presque trente ans auparavant concernant l'influence du vent sur les propriétés urticantes des orties.

(...)
Chez les animaux le vent  accroît la respiration, accélère les échanges nutritifs ; chez les végétaux il active la transpiration.
Il peut priver momentanément les fleurs de leur parfum, évaporer le venin des glandes, désarmer la plus redoutable de toutes les herbes : l'ortie.
En février 1874, à Collioure, un vent violent qui dura vingt-quatre heures fit tomber par millier les oranges et, beaucoup, au milieu de vigoureuses orties grièches.
Avec une appréhension bien légitime, les travailleurs, le lendemain, commencèrent à ramasser les fruits d'or dans ces peu agréables plates-bandes. Leur surprise fut grande en constatant qu'ils pouvaient manier impunément ces plantes qui, la veille encore, produisaient d'intolérables piqûres.
Le botaniste Naudin auquel le fait fut signalé remarqua qu'il fallut une semaine aux orties pour reprendre leurs habituelles propriétés.
Sans doute, le venin de l'ortie grièche est un peu volatil. Dans un air calme, il s'évapore lentement à travers l'épiderme des poils et une nouvelle quantité de liquide le remplace à mesure.
Au grand vent, l'exhalation devient si active qu'elle amène, pour quelques jours, l'épuisement de la réserve.
(...)

Charles Naudin vécut dix ans à Collioure et y fit une étude complète du climat local (cf. le chapitre que je lui consacre dans 66 petites histoires du pays catalan), tout en développant son jardin botanique et acclimatant de nombreuses espèces végétales exotiques dans la région.
Je ne sais pas ce qu'il reste aujourd'hui de ce qui semble avoir été une production intensive d'agrumes à Collioure, ville jadis renommée pour son poncire, ni même s'il y a encore des orties car il me semble (c'est un constat personnel) qu'on en voit beaucoup moins depuis quelques années dans la nature. On a en tout cas, avec les périodes de grand vent, une méthode infaillible pour les ramasser sans danger !

Source : Ferdinand Faideau, Le vent et les plantes in La Science illustrée (Paris) n° 784 du 16 décembre 1902 (via Gallica)
Photo : Uwe H. Friese via Wikimedia Commons (CC-BY-SA)

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