lundi 1 juin 2015

Culture du cerisier dans les Pyrénées-Orientales en 1938

Un cerisier à Maureillas en 1938
Ce week-end du 30 et 31 mai a eu lieu à Céret la fête de la cerise. Nous avons pu déjà voir dans des précédents articles que, bien que sans doute ancienne, la culture de la cerise y est très longtemps restée totalement anecdotique puisqu'à la fin du XIXème siècle Céret est universellement renommée pour ses noisettes et que l'on ne commence à parler de la cerise de Céret dans la presse nationale qu'à partir de 1926, avant que ne démarre en 1932 la tradition d'envoyer une caisse de cerises au président de la République, opération publicitaire efficace et qui prouve alors la précocité de la cerise de Céret parmi les cerises françaises.

Le succès de la cerise de Céret à partir des années 20 a incité les producteurs fruitiers a planter des arbres en grande quantité, tout en provoquant l'émergence de nouvelles variétés, non plus pour la consommation locale mais plus aptes au transport et pour le commerce national. Je propose donc dans cet article de commencer à faire le point sur cette révolution de la cerise dans les Pyrénées-Orientales vingt ans après, soit en 1938, à travers le constat dressé par les ingénieurs agricoles Peyrière, Basset et Clave dans Cultures fruitières et maraîchères dans les Pyrénées-Orientales.

En 1938, la cerise est cultivée dans tout le département sauf dans le canton de Mont-Louis. Quatre communes cependant concentrent la moitié de la production : Céret, Maureillas, Reynès et Llauro. On compte 90 000 cerisiers à travers tout le département produisant en moyenne 24 000 quintaux par an. La région de Céret en particulier est passée de 20 000 à 30 000 cerisiers de 1920 à 1937 et produit alors 15 000 quintaux, soit plus de 60% de la production départementale. Voyons quels sont les cantons concentrant le plus grand nombre de cerisiers en 1938 :

Canton de Céret : 45 000
Canton de Prades : 7 200
Canton de Thuir : 6 400
Canton d'Argelès-sur-Mer : 5 250
Canton d'Arles-sur-Tech : 2 200
Canton de Saint-Paul-de-Fenouillet : 2 000
Canton de Latour-de-France : 2 000

La position dominante du canton de Céret est incontestable, mais on peut voir que d'autres régions telles que les cantons de Prades (avec la commune de Clara) ou de Thuir (avec Llauro) ont également une production honorable. Le podium de tête des communes aux plus grand nombre de cerisiers sont les suivantes, toutes dans le canton de Céret :

Céret : 25 000
Maureillas : 7 000
Reynès : 5 500

Les auteurs précisent qu'à l'époque les cerisiers n'existent sous forme de plantation quasiment que dans la région de Céret. Partout ailleurs dans le département, ils sont soit isolés, soit en petits groupes en bordure des champs, des vignes ou des prairies.
En ce qui concerne les plantations, les jeunes arbres sont tous issus des pépiniéristes locaux et plantés à 7 ou 8 mètres les uns des autres. Sitôt plantés, ils sont rabattus à une hauteur entre 1,30 et 1,50 mètre. Ensuite, quelques-uns les taillent en gobelet durant les premières années, la plupart laissent l'arbre livré à lui-même. Le seul traitement appliqué est une bouillie bordelaise à 2%, pulvérisée en hiver. Le rendement moyen est de 70 kg de cerises par arbre. En 1937, un arboriculteur de la région obtient toutefois un rendement de 150 kg sur une cinquantaine de ses cerisiers.

Note : Un quintal métrique équivaut à 100 kg. La région de Céret produit donc à l'époque 1 500 tonnes de cerises pour 30 000 arbres (dont 1 250 tonnes rien que pour Céret même), ce qui correspond plutôt à un rendement moyen de 50 kg par arbre. On est encore loin des quantités produites dans les années 70, mais c'est en fait le niveau auquel on est revenu de nos jours.

Note 2 : Un film documentaire sur l'histoire de la cerise à Céret vient de sortir ces jours-ci. Il s'agit de Céret, des cerises et des hommes, de Claire et Gérard Ebele. Plus d'infos ici.

Nous verrons dans un article suivant les variétés cultivées à l'époque.

Source et photo :
* Peyrière, Basset et Clave, Cultures fruitières et maraîchères dans les Pyrénées-Orientales, 1938 (domaine public ?)




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