vendredi 26 septembre 2014

Escroquerie à la pension militaire en 1902

Le quotidien La Lanterne du 15 mars 1902 nous signale un fait divers ayant eu lieu à Perpignan, sans doute assez courant, concernant une pension versée pour une personne jusqu'à dix ans après sa mort.


Perpignan, 13 mars. - La trésorerie générale des Pyrénées-Orientales vient d'être victime d'une nouvelle escroquerie.
En jetant les yeux sur les états de pensions, un employé, M. Escaro, constatait que parmi les pensionnés qui avaient émargé au dernier trimestre, se trouvait un nommé Phelip, né à Oreilla le 1er janvier 1811, jouissant d'une pension militaire de 2,750 francs.
Or, M. Escaro est le neveu du capitaine Phelip, lequel est mort depuis 1892.
Les pensions sont délivrées sur un certificat de vie, et M. Escaro constata que le certificat délivré pour le capitaine Phelip portait la signature de Me Cot, notaire à La Cabanasse. Il interrogea l'employé chargé du service de vérification des états permanents de pension, qui déclara qu'il y avait peut-être erreur.
Cet employé, Charles Fajal, âgé de dix-sept ans, à la sortie du bureau se rendit auprès de M. Escaro et lui avoua qu'il avait prêté la main à une escroquerie. En  l'absence du chef du service des dépenses, M. Crabie, Fajal s'emparait du cachet « Vu bon à payer » et l'apposait sur la quittance d'un certificat de vie ; un complice, nommé Giral, se présentait alors à la caisse de la trésorerie avec la quittance et percevait la pension.
Fajal a pris la fuite, ainsi qu'un autre employé, Delseaux, âgé de trente-neuf ans, qui était chargé de la vérification des états permanents des pensions.


Source : Gallica (cf. lien)
Photo : Fabricio Cardenas (CC-BY-SA)

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mardi 16 septembre 2014

Décès de François Jaubert de Passa le 16 septembre 1856

Le 16 septembre 1856 meurt à Perpignan François Jaubert de Passa, né à Céret 71 ans plus tôt et devenu entretemps un célèbre hydrologue demandé dans l'Europe entière, également élu au conseil général des Pyrénées-Orientales de 1830 à sa mort, et dont il assure la présidence de 1848 à 1852.

Voici la transcription de son acte de décès.

401
Jaubert de Passa F.ois

Le seize septembre mil huit cent cinquante six, à midi et demi, 
Devant nous adjoint à la mairie de Perpignan, officier de l'état civil délégué, ont
comparu les sieurs Philippe de Selva, propriétaire, âgé de soixante-huit ans,
et Joseph Bort-Picas, chef de service à la mairie, âgé de cinquante-six ans,
domiciliés en cette ville, lesquels nous ont déclaré que le sieur François
Pierre Fidèle Jaubert de Passa, ancien sous préfet, ancien conseiller de
préfecture, membre de l'institut, chevalier de la Légion d'honneur, âgé
de soixante onze ans, né à Céret, domicilié à Passa, demeurant à Perpignan,
veuf de Dame Françoise Morer, fils de défuns Pierre Jaubert et Catherine
Vilar, et décédé ce matin à trois heures, rue S.e Dominique n°4, comme
nous nous sommes assurés. Et avons signé avec les déclarans le présent acte,
après lecture.
[signatures]

Source : ADPO, Archives de l'état civil de Perpignan, 1852-1857
Photos : Fabricio Cardenas, d'après doc. ADPO (CC-BY-SA)

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vendredi 12 septembre 2014

Neige exceptionnelle en décembre 1906

Le train chasse-neige sur la ligne de Cerdagne
La période de Noël semble avoir été particulièrement difficile pour les habitants du Conflent en 1906, ainsi que nous l'indique La Lanterne dans son édition du 27 décembre 1906.

Les villages de Fontpédrouse et La Cabanasse sont situés respectivement à 1062 et 1511 mètres d'altitude, ce qui explique facilement le rude climat hivernal.


Le froid et la neige
 
Perpignan, 25 décembre. -  La neige est tombée en si grande abondance dans le haut arrondissement de Prades que la couche atteint deux mètres dans plusieurs villages, notamment à Fontpédrouse où habitent de nombreux ouvriers occupés sur les chantiers de la ligne de chemin de fer.
Les habitants manquent de pain, de comestibles et sont privés de nouvelles. Le bétail meurt de faim.
Deux soldats permissionnaires, qui se rendaient à la Cabanasse, surpris probablement par une tourmente de neige, auraient péri. On est sans nouvelles d'eux. On fait des recherches actives.

Les ouvriers mentionnés dans l'article travaillaient sans doute à la construction du fameux pont Séjourné, qui dura de 1906 à 1908, et situé sur la ligne de Cerdagne (celle du Train jaune) entre Villefranche-de-Conflent et Mont-Louis.

Source : Gallica (cf. lien)
Photo : Par darklenoir (libre) [Public domain], via Wikimedia Commons

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lundi 8 septembre 2014

Une météorite à Prats-de-Mollo en 1859

L'objet de toute l'attention ce matin du 07/09
Suite à la chute de plusieurs météores dans notre région ce lundi 7 septembre entre 5h et 7h, dont j'ai moi-même été le témoin visuel, nous avons pu constater par l'emballement de nos médias régionaux dans quelle mesure ce type de phénomène astronomique fascine encore les foules, bien que tout en étant impressionnant celui-ci n'ait rien d'exceptionnel ni de remarquable. Il le devient toutefois lorsque le dit météore est assez conséquent pour toucher le sol sans être totalement désintégré et produire des météorites, voire même un ou plusieurs cratères. Ce n'est sans doute pas le cas du phénomène observé ce lundi (quoique, sait-on jamais...). Mais cela s'est par contre produit en juin 1859, dans les environs de Prats-de-Mollo, ainsi que nous le signale le célèbre naturaliste cérétan Louis Companyo dans son Histoire naturelle du département des Pyrénées-Orientales (1861).

Notre-Dame-du-Coral
Le cabinet d'histoire naturelle de Perpignan possède un aérolithe, tombé, en juin 1859, à Notre-Dame-du-Coral, ermitage situé dans la banlieue de Prats-de-Molló. 
La forme de cet aérolithe est un sphéroïde aplati pesant 12 kil. 80 gram. ; sa circonférence mesure 0,71 dans le sens du renflement, et 0,62 dans le sens de l'aplatissement ; sa surface est rugueuse, luisante, sa couleur est noirâtre.
(...)
Cette pierre nous fut donnée par M. Triquéra, alors instituteur communal à Prats-de-Molló, qui fut témoin de sa chute.

12 kilos, c'est tout de même un beau caillou qui aurait pu faire des dommages conséquents s'il était tombé sur l'ermitage, mais Companyo ne fait état d'aucun dégât.

Source :
Louis Companyo, Histoire naturelle du département des Pyrénées-Orientales, Perpignan, impr. de J.-B. Alzine,‎ 1861-1864, in-8, XXXI-448, 939, 942 p.
Photo météore : Station météo de Blanes via Twitter (@meteoblanes), 7 septembre 2014
Photo ermitage :Jordiipa (licence CC-BY-SA, via Wikimedia Commons).

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dimanche 7 septembre 2014

Empoignade au Conseil général en 1931

L'ambiance était quelque peu tendue au Conseil général des Pyrénées-Orientales en ce 29 avril 1931, ainsi que nous le raconte L'Ouest-Éclair (Éd. de Nantes) dans son édition du 30 avril.


Un violent incident au Conseil général des Pyrénées-Orientales
 
Perpignan, 29 avril. - Un violent incident s'est produit au Conseil général des Pyrénées-Orientales, entre M. Victor Dalbiez, sénateur-maire de Perpignan, ancien ministre, et M. Jean Payra, député S.F.I.O.

En séance, MM. Dalbiez et Payra se prirent de querelle et, après s'être injuriés copieusement, allaient se livrer à des voies de fait, quand on les sépara.

Victor Dalbiez en 1914

Jean Payra en 1929

Source : Gallica (cf. lien)
Photos :
* Titre : Fabricio Cardenas (CC-BY-SA)
* Victor Dalbiez et Jean Payra : Agence Meurisse (Domaine public)

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lundi 1 septembre 2014

Un anarchiste espagnol arrêté à Llupia en 1904

Les polices française et espagnole collaborent


En 1904, la répression contre les anarchistes en Espagne va bon train, puisqu'alors le simple fait de ne pas faire de mariage religieux ou de ne pas faire baptiser ses enfants peut suffire à vous rendre suspect et à vous faire arrêter. Il n'est pas étonnant, en conséquence, que de nombreux anarchistes  se réfugient de l'autre côté de la frontière, à Perpignan et dans sa région. Mais les forces de police espagnole et française collaborent dans leur traque des anarchistes, ainsi qu'en témoignent les dépêches parues ci-dessous, révélant la présence d'un supposé terroriste à Llupia, près de Thuir.

Vieux papiers des Pyrénées-Orientales
Des anarchistes à Llupia ?


Arrestation d'un anarchiste

Perpignan, 23 septembre. - Dépêche particulière du Matin. - La police barcelonaise ayant eu vent d'une réunion secrète d'anarchistes, tenue à Perpignan, a envoyé des agents dans notre ville. Sur leurs indications, le commissaire spécial Decamps a fait arrêter à Thuir, par la gendarmerie, le nommé Mestruc, sujet espagnol.
Le gouvernement espagnol a demandé au gouvernement français l'extradition de cet anarchiste, qui aurait, dit-on, participé aux récents attentats à la dynamite commis à Barcelone.

Deux jours plus tard, on en sait un peu plus et notamment que cet anarchiste a été arrêté non pas à Thuir, mais à Llupia.
L'Aurore (Paris), 26 septembre 1904

Arrestation d'un anarchiste espagnol .- Perpignan .- La gendarmerie a mis en arrestation, près de Llupia, canton de Thuir, un anarchiste espagnol considéré comme dangereux. C'est le nommé Mestruc, soupçonné d'être l'auteur de l'attentat à la dynamite du palais de justice de Barcelone.
Mestruc a été interrogé par le commissaire spécial, en présence d'un agent de la police espagnole.

Vieux papiers des Pyrénées-Orientales
Le Palais de justice de Barcelone en 1911

Sans doute est-il fait référence à l'attentat à la bombe qui touche le Palais de Justice de Barcelone le 17 septembre 1904. Parmi les nombreux suspects, un jeune vitrier anarchiste nommé Joan Rull Queraltó, qui aurait posé l'engin explosif près d'un urinoir situé à proximité et un franco-belge, Maurice Bernardon, expert en explosifs. Je n'ai pas trouvé de trace d'un Mestruc, peut-être est-ce le nom ou le surnom de l'un des nombreux protagonistes de cette affaire.

Sources :
* Le Matin du 24 septembre 1904 [domaine public], via Gallica (cf. lien)
* L'Aurore (Paris) du 26 septembre 1904 [domaine public], via Gallica (cf. lien) 
Détails attentat :
Antoni Dalmau i Ribalta, « Jesús Navarro Botella (1881-?), maestro racionalista, activista anarquista
y editor » in Hispania, 2015, vol. LXXV, nº. 249


Photo Llupia : Mairie de Llupia, par Fabricio Cardenas (licence CC-BY-SA)
Photo Palais de justice de Barcelone : Anonyme (1911) [domaine public]


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