Maureillas et ses environs |
C'est un drame familial ayant eu lieu à Maureillas, à l'est de Céret, qui nous est relaté dans La Presse (Paris) du 24 janvier 1860. L'origine en est une banale histoire d'enfant déshérité au profit de son ainé.
Une scène des plus tragiques vient de se produire dans une petite commune de l'arrondissement de Céret (Pyrénées-Orientales), où elle a eu pour cause l'irritation folle qu'a fait naître dans l'esprit d'un puîné la préférence trop exclusive d'un père pour l'aîné de ses enfants.
Dans une métairie dépendante de la commune de Maureillas vivait, depuis de longues années, une famille de cultivateurs honnêtes et considérés. Le père, vieillard de près de quatre-vingts ans, a eu neuf enfants, tous aujourd'hui majeurs.
Il avait eu d'abord la pensée de faire entre eux le partage anticipé de ses biens ; dans ce but, il avait chargé des experts de composer les lots ; mais bien que dans ce partage le fils aîné eut la plus grande part, c'est-à-dire le quart de tout le bien et sa portion virile, le vieillard trouva encore cette part trop réduite et songea à prendre un autre parti.
Il se rendit un de ces matins à Céret, chez un notaire, et y consentit à son fils un bail à ferme de tout son bien, bail à longue durée et pour un prix de rente inférieur évidemment à celui qu'il aurait exigé d'un étranger.
Le même jour, les autres enfants apprenaient de la bouche même de leur frère ce qui venait d'avoir lieu, et défense leur était faite en même temps de ne plus rien toucher à ce qui dépendait de la métairie.
Parmi les enfants, il s'en trouvait un qui venait tout récemment d'être libéré du service. Il n'eut pas plus tôt connaissance de l'acte consenti à son détriment, qu'il partit pour Céret afin de s'assurer de l'existence de ce bail.
Quelques heures après, il rentrait à la métairie, chargeait à balle les deux canons d'un fusil et un pistolet, et, ainsi armé, il allait au-devant de son frère, qu'il savait occupé en ce moment à labourer un champ.
Bien qu'habile tireur, le premier coup ne porta point ; mais du second, il renversa son frère sans vie : la balle traversa la poitrine.
Certain de l'avoir mortellement frappé, il rechargea son fusil, se retira dans un ravin qui était près de là, et se donna lui-même la mort.
Ce malheureux événement a causé une profonde émotion dans un pays où les pères sont malheureusement portés à faire des avantages excessifs à quelques-uns de leurs enfants, au préjudice des autres et au mépris de la loi.
Source : La Presse du 24 janvier 1860 [domaine public] (cf. lien via Gallica)
Photo : Fabricio Cardenas [CC-BY-SA]
Photo : Fabricio Cardenas [CC-BY-SA]
Ce blog vous intéresse ? Vous pouvez vous y abonner
en bas à droite de cette page dans la section Membres.
Cet article vous a intéressé ? Partagez-le !
en bas à droite de cette page dans la section Membres.
Cet article vous a intéressé ? Partagez-le !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire