Gare aux bœufs nocturnes !
Avec l'arrivée du chemin de fer à Perpignan à partir de 1858, une gare provisoire est construite dans le quartier du Vernet puis, peu de temps après à son emplacement actuel, près du quartier Saint-Assiscle. Mais l'emplacement choisi à l'époque est alors en dehors des remparts, en pleine campagne. Et même si l'espace vide ainsi créé entre la gare et la ville s'urbanise rapidement, plus d'une dizaine d'années plus tard on y subit encore les nuisances de la campagne. L'article qui suit, tiré du journal L'Espérance du 3 janvier 1882, nous signale un problème de taille : les bœufs présents en nombre sont de véritables dangers de la route, tout comme les charrettes, et ce d'autant plus qu'on ne les voit pas lorsqu'il fait nuit.
La gare de Perpignan au début du 20ème siècle |
Avis à l'administration
Le quartier de la gare qui prend chaque jour un développement plus considérable devrait être l'objet d'une active surveillance pour y faire observer un peu mieux les lois de la police du roulage, et de la circulation sur les voies publiques. On prèviendrait [sic] ainsi des accidents et des malheurs qui peuvent être l'objet de leur inexécution.
On observe que les charrettes et voitures circulant à l'entrée de la nuit sur la route de la gare et route de Prades, n'ont jamais leurs lanternes éclairées, ce qui rend un accident toujours possible. Ce quartier n'étant point le centre des lumières, il ne fait clair le soir que lorsque la lune brille ; aussi si on a besoin d'aller à la boîte aux lettres de la gare, souvent on ne voit pas où l'on marche et l'on n'aperçoit le véhicule que l'on entend, que lorsqu'on est menacé d'être écrasé. - Même observation pour les conducteurs de troupeaux de bœufs, conduits en liberté, à l'entrée de la nuit, de la gare, au marché aux bestiaux ; deux, trois hommes sont seuls à conduire un troupeau considérable ; aucun d'eux ne porte de lanterne, rien ne trahit leur présence ; il faut se trouver presque envahi, pour comprendre qu'il faut se garer ; et dans l'obscurité, comment faire !
Voyez-vous une mère avec ses enfants perdue dans un pareil milieu ? Il doit y avoir nécessairement moyen d'essayer une modification dans les habitudes de sans-gêne, prises par les marchands de bestiaux.
Les quais de la gare de Perpignan au début du 20ème siècle |
Source : L'Espérance du 3 janvier 1882 [via le fonds numérisé de la Bibliothèque de Perpignan, domaine public]
Photos :
* Façade de la gare : Carte postale des éditions PBL (Béziers) [domaine public]
* Quai de la gare : Carte postale des éditions Labouche (Toulouse) [domaine public]
Pour rappel, les autres articles concernant Perpignan sont à relire ici.
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