dimanche 10 août 2014

Des cambrioleurs assiégés à Saleilles en 1930

Les cambrioleurs à Saleilles sont du genre téméraire, si l'on en croit l'article paru dans L'Ouest-Éclair (édition de Caen) du 16 juillet 1930. Notons qu'en 1930, Saleilles est une commune fraîchement créée, puisqu'elle a été détachée de Cabestany en 1923 seulement.
Vieux papiers des Pyrénées-Orientales
Une maison avenue de Perpignan à Saleilles

Des malfaiteurs assiégés tiennent tête à la foule

Perpignan, 16 juillet. - A Saleilles, près de Perpignan, des malfaiteurs, surpris au moment où ils cambriolaient le domicile du docteur Bargy, ont été sommés de se rendre, mais ils ont riposté par des coups de revolver. La population s'est alors massée autour de l'immeuble et a échangé des coups de feu avec les malfaiteurs. Toute la nuit, la fusillade a crépité.
La brigade de gendarmerie a tenté vainement d'assiéger les bandits, qui ont résisté.

Comment s'est terminé cet incident ? Les éditions des jours suivants ne nous le disent pas. On peut supposer que les cambrioleurs sont arrivés à court de munitions et qu'étant encerclés, ils ont été forcés de se rendre, mais nous n'en savons rien.

Ajout du 6 avril 2017

Ayant souhaité connaître le fin mot de cette histoire et ayant de surcroît accès à plus de sources qu'il y a trois ans, j'ai fini par retrouver un article paru trois jours après la fusillade, dans le journal hebdomadaire Le Roussillon du 19 juillet 1930.

Le moins que l'on puisse dire, c'est que les journaux de la presse nationale ont un peu extrapolé ! La bande de malfaiteurs se révèle être un tireur isolé et la fusillade qui aurait duré toute la nuit ne semble en fait avoir duré que quelques heures (ce qui n'en est pas moins impressionnant). Beaucoup de bruit pour peu de choses, mais au final, tout de même, un jeune mal parti dans la vie et que l'on accuse alors d'avoir été mal influencé par certains films au cinéma (de nos jours on aurait accusé les jeux vidéo).

Exploits d'un précoce bandit

Le docteur Bargy possède près du village de Saleilles, une maison de campagne. Lundi soir, des passants surpris d'apercevoir de la lumière dans une maison actuellement inoccupée, prévinrent le régisseur qui voulut se rendre compte de ce qu'il se passait.
« N'entrez pas ou je tire » cria-t-on de l'intérieur. Les habitants du village accourus furent reçus à coups de revolver et la gendarmerie de Perpignan fut accueillie de la même façon. Le commandant tenta de faire défoncer la porte. Comme réponse, nouveaux coups de feu.
Pendant ce temps, une rapide enquête permettait de soupçonner un nommé Léon Goujon, âgé de 16 ans, mauvais sujet qui travaillait depuis quelque temps dans le village. On envoya chercher le père qui habite à Perpignan. Celui ci accourut et parvint à décider son fils à se rendre. Alors parut sur le seuil de la maison, les mains dans les poches, un gamin d'une quinzaine d'années, qui s'est laissé appréhender avec un cynisme déconcertant.
L'immeuble fut fouillé par les gendarmes. Il fallait bien se rendre compte, malgré l'invraisemblable de la chose, que Goujon avait opéré seul. A ce moment-là, M. Couronnat, procureur de la République ; Puig-Ametller, substitut ; Villarem, juge d'instruction, et Ausseil, commis-greffier, arrivaient.
Ils se rendirent compte de ce qui s'était passé et constatèrent - par les douilles vides - que Goujon avait tiré vingt-cinq coups de feu, grâce à un révolver d'ordonnance trouvé sur une panoplie.
Après un interrogatoire de flagrant délit, le jeune Goujon a été conduit à Perpignan et écroué à la maison d'arrêt.
On reste stupéfait devant l'audace déployée par un gamin de 15 ans, à qui les aventures des bandits de cinéma devaient avoir plus ou moins détraqué le cerveau.

Sources :
* L'Ouest-Éclair (édition de Caen) du 16 juillet 1930 [domaine public] via Gallica (cf. lien)
* Le Roussillon du 19 juillet 1930 [domaine public] via le fonds numérisé de la Médiathèque de Perpignan
Photo : Fabricio Cardenas [CC-BY-SA]



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